L'ALÉNA

Un N en trop?

par Bruno Levesque

L'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), une entente tripartite qui assure la disparition d'ici 2004 des tarifs douaniers entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, a célébré son premier anniversaire il y a quelques semaines seulement. Pourtant, il est déjà question d'étendre cet accord au Chili. Le président américain Bill Clinton va encore plus loin, en parlant d'une zone de libre-échange allant de l'Alaska à l'Argentine. L'ALÉNA a-t-il un <<n>> en trop? Deviendra-t-il bientôt l'ALÉA? <<L'ALÉNA est ouvert à tous les pays d'Amérique, à condition qu'ils endossent certains principes, explique Denis Thibault. Comme beaucoup de pays sont attirés par l'énorme marché que constituent les États-Unis, nul doute qu'il se signera d'autres accords.>>

Peu de gens sont mieux placés que Denis Thibault pour tracer un bilan de cet ALÉNA et des répercussions qu'il aura sur nos vies. Diplômé en droit en 1972, il est entré au ministère des Affaires extérieures en 1974. Il a travaillé à Madrid, à Tunis, à Atlanta, à Puerto Rico, à Buenos Aires et à Caracas. Il est maintenant directeur de la Direction du commerce en Amérique latine et dans les Antilles au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada.

Denis Thibault hésite à tracer un bilan de l'ALÉNA un an après son entrée en vigueur. Son effet est progressif, les tarifs douaniers disparaissent petit à petit et, douze mois après sa signature, il n'a encore que peu d'effets concrets. Les choses se font plutôt lentement dans le domaine du commerce international. <<C'est surtout dans l'attitude des gens que le changement est visible, explique le diplomate. Il est de plus en plus fréquent que des gens d'affaires canadiens demandent des renseignements à propos du Mexique. À l'inverse, je reviens de Fredericton où une rencontre internationale a réuni 28 pays intéressés à faire des affaires dans cette région. Ce type de rencontres n'aurait pu avoir lieu il y a quelques années!>>

Quel sera l'impact de ce nouvel intérêt sur l'économie canadienne? <<À moyen terme, je vois bien des avantages à cet accord, affirme Denis Thibault. Bien sûr, l'ALÉNA va occasionner une nouvelle concurrence aux entreprises canadiennes, mais cette concurrence sera bénéfique. Elle les obligera à réagir et à être plus performantes.>>

Il signale aussi deux accords complémentaires qui ont été signés en même temps que l'ALÉNA. Ces accords obligent le gouvernement mexicain à respecter certaines normes quant au respect de l'environnement et aux relations entre les entreprises et leurs employées et employés. <<De cette façon, l'ALÉNA va également contribuer à améliorer le bien-être de la population mexicaine>>, conclut le diplomate.