Diane Goulet -

<<Former des gens plus écolos>>

Diane Goulet a d'abord étudié en rédaction française avant de bifurquer vers les sciences. À la fois mordue de sciences et éprise de communications, elle a, tout en poursuivant ses études, collaboré pendant trois ans au journal étudiant Le Collectif. Titulaire d'un baccalauréat en biochimie, Diane Goulet continue de marier les sciences et les communications en oeuvrant au sein du plus médiatisé des groupes environnementaux, la Fondation Greenpeace à Montréal. Elle croit que la société est à la croisée des chemins. <<Les gens ont longtemps pensé que la croissance amènerait un bien-être accru pour l'ensemble de la population. Mais on s'aperçoit maintenant qu'on crée d'importants problèmes en produisant toujours plus, avec des technologies toujours plus performantes : pollution, chômage, destruction rapide de ressources renouvelables. Les universités de demain devront non seulement former des gens qui savent comment faire, comment appliquer, mais aussi se montrer aptes à développer la sagesse de ceux-ci, afin qu'ils sachent bien utiliser et quelquefois même délaisser les technologies et les modèles de développement dangereux pour les écosystèmes.>>

Raynald Fréchette -

<<Un avenir moderne et humain>>

À lire les documents de l'époque où il a étudié à l'Université, Raynald Fréchette était de tous les groupes. Collaborateur au journal étudiant, membre de la direction de l'association étudiante, il semblait partout à la fois, ce qui ne l'a pas empêché d'obtenir son baccalauréat ès arts en 1957 et de terminer sa licence en droit en 1960. Maintenant juge à la Cour supérieure du Québec, Raynald Fréchette voit un brillant avenir pour l'Université. À ses yeux, l'évolution technologique et le progrès informatique devront être au centre des préoccupations d'une université moderne. <<Mais, s'empresse-t-il d'ajouter, si la machine a de grandes utilités, il faut toujours privilégier le contact humain.>> Il pense également que l'écart entre ce qu'il y a dans les livres et la réalité quotidienne est encore trop important, et que l'Université devrait se donner comme objectif de consolider et d'harmoniser les liens entre la théorie et la pratique. <<Il y a toute une différence entre ce qu'on lit dans les livres et ce qu'on vit à la cour>>, donne-t-il à titre d'exemple.

Jacques Lavallée -

<<Une compétitivité menacée>>

Jacques Lavallée est un autre de ces étudiants qui semblaient omniprésents sur le campus Ouest. Président de la Fédération des étudiants de l'Université de Sherbrooke en 1974, il a aussi collaboré à diverses publications étudiantes. Hier étudiant en gestion des ressources humaines, aujourd'hui professeur à la Faculté d'administration de l'Université, Jacques Lavallée s'inquiète pour les 40 prochaines années. <<Bientôt, dit-il, 70 p. 100 du personnel actuel aura pris sa retraite et le problème sera de trouver les ressources nécessaires afin d'assurer une bonne planification de la relève>>. Selon lui, la capacité de l'Université de Sherbrooke à affronter la compétition sera alors en jeu. Il ajoute : <<L'Université devra s'adapter aux nouvelles exigences des étudiantes et étudiants, créer de nouveaux produits avec des outils modernes et différents comme les ordinateurs multimédias, l'autoroute électronique ou même la réalité virtuelle.>> Enfin, Jacques Lavallée insiste sur le fait que l'Université devra faire appel à toute son imagination et à tout son talent si elle veut élargir son bassin de recrutement.

Claude Hamel

<<Innovation et adaptation>>

Étudiant en sciences appliquées à la fin des années 50, Claude Hamel connaît très bien l'Université de Sherbrooke. Il n'y a pas qu'étudié, il y a aussi enseigné. Plus encore, il l'a même dirigée, en étant le recteur de 1981 à 1985. Maintenant président de l'Université du Québec, il déclare : <<Au cours des 40 prochaines années, l'Université de Sherbrooke, comme les autres établissements universitaires, connaîtra des transformations profondes sous l'influence de plusieurs tendances lourdes déjà perceptibles.>>

Selon Claude Hamel, les nouvelles technologies de l'information vont favoriser de plus en plus l'enseignement à distance et le travail à domicile. La mondialisation des échanges va conduire à une grande mobilité du corps professoral et des étudiantes et étudiants, à l'échelle internationale. L'éclatement du monopole des universités pour la formation et la recherche les forcera à entrer en compétition avec de multiples concurrents en provenance surtout du secteur privé. Le soutien de l'État va se réduire progressivement, d'où la nécessité de trouver des sources alternatives de financement. <<Comme elle l'a démontré dans le passé, soutient Claude Hamel, l'Université de Sherbrooke possède la capacité d'adaptation et le sens de l'innovation requis pour relever ces défis avec succès et étendre davantage sa renommée.>>

Jean Melanson

<<Une université à l'écoute du milieu>>

Membre du premier exécutif de l'association étudiante, premier vice-président de l'histoire de l'Association des anciens de l'Université de Sherbrooke, Jean Melanson a fait partie de la première cohorte d'étudiants diplômés de la Faculté de droit en 1957. Professeur à cette même faculté depuis 1962, il est aujourd'hui bien incertain face à l'avenir de l'Université. Il pense que la survie de l'Université dépendra avant tout de sa capacité d'adaptation aux diverses et importantes mutations que lui inflige quotidiennement la société. <<Ce qui était vrai il y a 20 ans ne l'est plus désormais, dit-il. L'Université ne s'en sortira que si elle conserve son dynamisme et qu'elle se place à l'écoute du milieu dans chacun des divers domaines où elle évolue. Cela signifie bien sûr qu'il faudra décentraliser la gestion, mais aussi porter une attention toute spéciale aux impacts de la technologie sur l'enseignement, la communication et l'ensemble des activités à l'intérieur de l'Université.>>

Louise Melançon

<<Un lieu de réelle liberté académique>>

Diplômée de la Faculté des arts en 1959 et de la Faculté de théologie en 1968, Louise Melançon est actuellement vice-doyenne à cette dernière faculté. Elle a sans doute été la première femme embauchée comme professeure dans une faculté de théologie québécoise. Professeure, chercheuse et auteure habituellement fort sérieuse, Louise Melançon préfère adopter un ton plus fantaisiste quand vient le temps de prédire l'avenir de l'Université de Sherbrooke. <<Tout change tellement vite aujourd'hui qu'il peut arriver bien des choses en 40 ans, explique-t-elle. Alors, autant en profiter pour rêver. J'imagine un Pavillon central transformé en une immense bibliothèque et vidéothèque où seraient établies de nouvelles conditions pour la transmission des connaissances. Ainsi, les étudiantes et étudiants deviendraient plus actifs et autonomes. Je rêve aussi d'une organisation administrative moins hiérarchique, plus proche des facultés, là où, grâce à de nouveaux programmes ou plus simplement à des séminaires interdisciplinaires, les connaissances circuleraient entre les différentes disciplines.>> Dans 40 ans, elle imagine l'Université comme un véritable espace de liberté, de pensée et d'échanges où viendraient se former, de manière continue, des personnes de tous les âges. <<Et pourquoi l'Université ne serait-elle pas dirigée par une rectrice? Après tout, les femmes sont de plus en plus nombreuses à étudier>>, questionne-t-elle.

Diane Beaudry

<<Préparer au changement>>

Diplômée en information scolaire et professionnelle, Diane Beaudry a été l'une des premières étudiantes élues à l'exécutif de l'Association fédérative des étudiants de l'Université de Sherbrooke (AFEUS), quand elle a accepté le poste de vice-présidente aux affaires administratives. Directrice-formation au sein de l'Institut de formation professionnelle de Bell Canada, elle consacre l'essentiel de son temps à la formation en entreprise. Elle aborde ainsi la question de l'avenir de l'Université de Sherbrooke d'une façon concrète et pratique. Cest une Université de Sherbrooke rayonnante que Diane Beaudry a envie de voir en 2034. <<Pour cela, dit-elle, il faut préparer les gens à vivre des situations changeantes. Ils devront faire preuve d'une flexibilité à toute épreuve.>> De plus, il lui semble que l'apprentissage continu devrait constituer l'une des priorités de l'établissement. <<Les récoltes, explique-t-elle, se font chaque période de la vie.>> Diane Beaudry croit également que les études universitaires seront de moins en moins spécialisée. Mais avant tout, elle souhaite que certaines valeurs changent : <<Il faut réapprendre à équilibrer les valeurs personnelles et professionnelles et privilégier le savoir-être plutôt que le savoir-faire.>>

Suzanne Brazeau -

<<Garder le contact humain>>

Diplômée en arts en 1959 et en droit en 1975, Suzanne Brazeau-Lafontaine a eu la chance de connaître l'Université de Sherbrooke à deux époques bien différentes. Oeuvrant maintenant à la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre à Montréal, elle s'attend à ce que l'informatique continue son rapide essor : <<D'ici quelques années, les universités dispenseront la plus grande partie de leur formation par le biais de la télévision et de l'informatique. D'ailleurs, c'est déjà commencé la formation à distance.>> Si elle est consciente que cette évolution profitera à plusieurs, elle s'inquiète de la disparition du contact humain dans l'enseignement. <<Peut-être travaillerons-nous une façon d'utiliser ces nouveaux moyens de communication pour maintenir un contact étroit avec les étudiantes et étudiants.>> Suzanne Brazeau voit un autre grand défi pour l'avenir : l'apprentissage du français. <<Ce n'est pas un défi pour les seules universités, mais bien pour l'ensemble du monde de l'éducation et spécialement pour le niveau secondaire, précise-t-elle Il va falloir trouver un moyen d'apprendre à nos jeunes à s'exprimer, que ce soit par écrit ou oralement!>>