LECTURES

La grippe qui tue

Plusieurs se souviennent de la grippe espagnole, cette terrible épidémie qui a touché la moitié de la population du globe et tué plus de 3 p. 100 des personnes atteintes. Diplômée en histoire en 1978, Denise Rioux a par la suite poursuivi ses études à la maîtrise, études terminées en 1986 par le dépôt final d'un mémoire portant sur la grippe espagnole dans les Cantons de l'Est. C'est justement ce mémoire, quelque peu remanié, qu'elle présente aujourd'hui.

La grippe espagnole est entrée au Canada en juin 1918, profitant de la faiblesse de soldats revenant de la guerre en Europe. La maladie a alors progressé lentement puisqu'il a fallu attendre la mi-septembre pour la voir apparaître ailleurs, à Victoriaville en l'occurrence. À partir de ce moment, la propagation de l'épidémie s'est accélérée et, à la fin du mois, la maladie touchait des gens de tout le pays.

La région de Sherbrooke n'a pas été particulièrement touchée par la grippe espagnole. La ville a même été l'une des premières de la province à affirmer s'en être défait. Mais il a néanmoins paru important à l'auteure de décrire les effets réels de cette épidémie sur la vie à Sherbrooke. La première partie de l'ouvrage raconte la progression de l'épidémie, les mesures prises par les autorités municipales et les médecins pour y faire face ainsi que le climat engendré par cette menace. Dans la seconde partie de son livre, Denise Rioux se penche sur les effets de l'épidémie et tente de les mesurer à l'aide de données statistiques.

Terrible fléau qui a sévi à la fin de la Première Guerre mondiale, la grippe espagnole a laissé des souvenirs indélébiles chez celles et ceux qui ont connu cette époque. En plus de les remémorer, le livre de Denise Rioux analyse ce qu'a été cette épidémie. <<À l'heure, écrit-elle, où d'importantes maladies contagieuses menacent l'humanité, il est particulièrement important (...) d'en retirer les leçons nécessaires.>>

La grippe espagnole à Sherbrooke et dans les Cantons de l'Est. Denise Rioux, coll. <<Histoire des Cantons de l'Est>>, Études supérieures en histoire, Université de Sherbrooke, 1993, 132 pages.

Habiter le pays

D'abord, prendre une carte du Québec et l'étendre devant soi. Ensuite, se laisser guider par Jean O'Neil (Arts, 1957) sur le chemin de Jeremiah, Ozelina, Tico, Cocotte, l'oncle René. Comme il le conseille à son fils Martin, à qui est destiné ce livre : <<Il y a des parents partout, et des amis aussi. Tu promènes tes yeux le long des routes et, quand tu vois un nom familier, tu t'arrêtes (...). Partout où tu passes, tu revois les paysages. Dans ta tête, tu découpes les montagnes et tu fais courir les ruisseaux. À force de refaire le jeu, tu arrives à habiter tout le pays.>>

Rien ne nous dit si Martin a suivi ce conseil, écrit dans Je voulais te parler de Jeremiah, d'Ozélina et de tous les autres, le dernier livre publié par Jean O'Neil. Mais l'auteur, lui, le suit quotidiennement et la plupart des livres qu'il a écrits visent ce but : habiter le pays. Cap-aux-Oies, Promenades et tombeaux, L'Île aux Grues, Gabzou, Géographies d'amours et Bonjour Charles! constituent autant de tableaux d'une peinture du pays et de ses gens.

Je voulais te parler de Jeremiah, d'Ozélina et de tous les autres a été publié pour la première fois en 1967. Cette nouvelle édition permet de redécouvrir Jeremiah, le premier aïeul O'Neil venu de Tipperary en Irlande au milieu du XIXe siècle, Ozélina Beaupré, arrière-grand-mère maternelle du fils de l'auteur, ainsi que plusieurs autres gens et paysages québécois qui ont animé la vie quotidienne du narrateur.

Je voulais te parler de Jeremiah, d'Ozélina et de tous les autres. Jean O'Neil, Éditions Libre Expression, Montréal, 1994, 173 pages.