Gérald LaSalle

L'énergie des bâtisseurs

par Yves Talbot

Peu d'étudiantes et d'étudiants de la Faculté de médecine ont eu la chance de côtoyer Gérald LaSalle. Il a quitté la Faculté en avril 1968, à peine un an et demi après l'arrivée des premiers étudiants en 1966. Je ne suis entré à l'Université que l'année suivante, en 1967. C'est donc en grande partie par l'histoire que j'ai découvert cet homme. Énergique et audacieux, Gérald LaSalle est arrivé à la Faculté de médecine à un moment critique de son histoire. Son prédécesseur, Gérard-Ludger Larouche, après avoir rencontré toutes sortes d'embûches, avait recommandé qu'on mette le projet de l'école de médecine en veilleuse.

Lorsque le poste de doyen lui a été offert, Gérald LaSalle a clairement indiqué ses conditions, geste qui donnait déjà un bon indice sur la façon dont il entendait mener la barque. Il tenait à cumuler les postes de doyen de la Faculté et de directeur général du Centre hospitalier, sinon pas d'entente! Le Conseil d'administration de l'Université n'a pu qu'acquiescer à sa demande. C'est à partir de ce moment que Gérald LaSalle, fort de ses expériences en administration hospitalière, a assumé, comme on a pu le lire dans La Tribune du lendemain, <<la responsabilité de coordonner les efforts pour hâter l'ouverture des cours, réunir et diriger le personnel académique, participer à la planification des locaux et assurer les relations avec les organismes médicaux privés et gouvernementaux>>.

Après avoir revu les plans du futur centre hospitalier, Gérald Lasalle a entrepris une course contre la montre pour s'assurer l'appui politique du gouvernement. Dans cette aventure, il a fait flèche de tout bois, usant de toute son astuce politique avec l'ensemble des ministères concernés : Voirie, Santé, Éducation et Travaux publics. En pleine commission Parent, alors que certains experts s'interrogeaient à propos de l'expansion de l'Université de Sherbrooke, il s'est assuré l'appui du premier ministre Jean Lesage.

Sur le plan académique, il était clair pout tout le monde que, si elle voulait recruter des étudiants et des professeurs, la Faculté de médecine devrait se distinguer des autres facultés et présenter un programme innovateur répondant aux critiques sur l'enseignement de la médecine. La nomination de Jean-Marie Beauregard au poste de vice-doyen et l'appui financier de la Fondation Kellogg ont permis à Gérald Lasalle d'élaborer cette approche différente et innovatrice visant à former des médecins ayant une perspective globale des facteurs personnels et sociaux affectant la santé et la maladie. Il a pu créer un programme de doctorat en médecine offrant un enseignement des sciences de base beaucoup mieux adapté à la pratique clinique et favorisant la cohabitation des sciences fondamentales et cliniques, le tout dans un modèle éducatif andragogique.

Cela, il l'a mis sur pied avec l'intrépidité et l'insolence du réel bâtisseur, constamment un pas en avant, guidé par son engagement et sa vision plutôt que par les circonstances. Son esprit d'entreprise lui a permis de relever les défis et de courir les risques nécessaires à la création de la Faculté.

Yves Talbot a étudié à la Faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke de 1967 à 1971, année où il a obtenu son doctorat en médecine. Pendant ses études, il a oeuvré à l'Odyssée de Sherbrooke, une clinique spécialisée en soins médicaux et en prévention en matière de toxicomanie, créée pour les jeunes par des étudiantes et étudiants en médecine, en sciences infirmières, en droit et en service social.