Enseignement professionnel

L'avenir commence dès maintenant

Dans le domaine de la formation professionnelle, nul besoin de regarder très loin en avant pour s'apercevoir que d'importants changements sont à prévoir. Les besoins changent constamment et l'Université a commencé à s'y adapter. Professeur à la Faculté d'éducation et spécialiste de la formation continue, Fernand Serre démontre que l'adaptation est cependant loin d'être complétée.

par Fernand Serre

Pour bien exécuter leur travail, les professionnelles et professionnels doivent comprendre les situations de façon globale, en tenant compte de plusieurs sous-systèmes. Ils doivent aussi continuellement apporter des rajustements en fonction de l'évolution des événements. Le changement est leur réalité la plus constante.

La formation traditionnelle de type disciplinaire et cloisonnée ne tient pas compte de la globalité des situations de travail. Les contenus d'enseignement présentant des modèles théoriques ne tiennent pas assez compte de la complexité des pratiques. Cette approche classique de l'enseignement où tout est enseigné en matières séparant la réalité globale est de plus en plus remise en question.

Les étudiantes et étudiants diplômés regrettent que leurs apprentissages aient été trop souvent inutiles et peu pertinents. Les théories apprises s'appliquent mal aux exigences de leur travail. Leurs pratiques comportent des aléas, des éléments surprises et des aspects conflictuels qui rendent difficiles l'utilisation des enseignements reçus.

De nouveaux modèles de formation des futurs professionnels et professionnelles sont déjà en place. Le programme de doctorat en médecine en est un exemple. Il est structuré autour de problèmes présentés aux étudiantes et étudiants qui, à l'aide d'indications biographiques, cherchent individuellement et en groupes des réponses qui tiennent compte de la complexité des situations. Nous sommes loin du système traditionnel de l'enseignement magistral unidirectionnel et disciplinaire.

Le nouveau programme de formation des futurs enseignants et enseignantes au secondaire prévoit maintenant 900 heures de stage. Cette insertion en milieu de travail, tout comme celle prévue par le régime coopératif, entraînera sans aucun doute chez les étudiantes et étudiants un nouveau questionnement tenant compte de la globalité de la réalité. Il suscitera chez les stagiaires un désir d'être plus actifs dans leur formation.

Du neuf à l'horizon

Ces exemples démontrent que le mode de formation de l'Université de Sherbrooke est en train de se transformer en profondeur. Sa caractéristique de grande école professionnelle amène l'Université à ajuster l'organisation de la formation des professionnelles et professionnels aux exigences de leur travail.

D'autre part, les données statistiques révèlent que, depuis déjà plusieurs années, 50 p. 100 de tous les étudiants et étudiantes de l'Université de Sherbrooke sont inscrits à temps partiel. La majorité de ces derniers sont vraisemblablement des gens qui travaillent déjà et qui sont soucieux de se perfectionner. Ils font et feront de plus en plus état de leurs besoins et de leurs attentes en regard de leur pratique professionnelle.

Depuis quelques décennies, plusieurs professionnelles et professionnels reviennent à l'université en vue de se perfectionner. La maîtrise en ingénierie intéresse un nombre surprenant d'ingénieures et d'ingénieurs. Plus de 300 s'y sont inscrits en un peu plus d'un an. Environ 250 personnes s'inscrivent chaque année à la maîtrise en administration scolaire. Un programme de formation adaptée aux formatrices et formatrices en entreprise vient d'être lancé à Longueuil. Il porte comme titre Formation dans l'action. Tous ces programmes proposent un perfectionnement adapté aux exigences du travail. Aussi, les activités de formation doivent partir de questions concrètes et être axées sur la pratique. Les contenus ne sont plus présentés selon une structure disciplinaire, mais en guise de réponses à des questions, présentés comme autant de moyens pour mieux comprendre les problèmes et intervenir efficacement dans certaines situations.

Ces quelques nouveaux phénomènes annoncent des modifications ici déjà réalisées, là en voie d'élaboration. L'enseignement magistral de type disciplinaire en rupture avec les problématiques de la pratique professionnelle est remplacé par un nouveau modèle de formation. Cette nouvelle approche porte davantage sur les problématiques issues des pratiques professionnelles. Elle laisse une place plus grande à des expérimentations et à des stages. Elle tente d'établir le lien entre les apprentissages faits durant ces stages et ceux qui se font à l'université. Elle prévoit aussi un rôle plus actif pour les étudiantes et étudiants. Les inciter à réagir et à interagir peut engendrer une dynamique de formation intéressante.