Selon certains économistes et gens d'affaires, l'avenir appartiendra non pas à ceux qui se lèvent tôt, mais bien à celles et ceux qui seront attentifs à ce qui se passe à l'échelle internationale et qui auront compris l'importance des marchés extérieurs. À l'heure où tout le monde parle de marché mondial, d'interdépendance et de libre échange, comment les universités pourront-elles former adéquatement les jeunes pour qu'ils puissent tirer leur épingle du jeu dans une société ouverte sur le monde? SOMMETS a demandé à Claude Francoeur d'éclairer notre lanterne.

Développement international

Le monde à portée de la main

par Claude Francoeur

Essayer d'imaginer de quoi demain sera fait est un exercice périlleux. Les chances de se tromper sont infiniment plus grandes que celles de prévoir exactement ce qui adviendra. Dans le domaine des affaires étrangères et des échanges commerciaux entre pays, il est cependant une chose d'assurée : les relations entre les pays du monde ne peuvent que s'intensifier. Comment cela se fera-t-il exactement? Personne ne le sait, mais les moyens de transport se perfectionnent, les moyens de communication s'améliorent à grande vitesse, les ordinateurs sont partout et la Terre ressemblera de plus en plus à ce village dont parlait Marshall MacLuhan.

La première responsabilité des universités est de former les jeunes, de mieux les préparer à faire face au monde qui les attend. Les universitaires doivent être conscients que ces jeunes-là ne vont pas nécessairement travailler dans leur milieu immédiat. Il est de moins en moins fréquent qu'une personne naisse, étudie, travaille et fonde un foyer en demeurant dans son coin de pays. Il est de moins en moins fréquent qu'une entreprise se développe avec des gens de sa région pour seuls clients et pour seuls concurrents. La mondialisation des marchés et l'interdépendance des pays sont des réalités d'aujourd'hui. Les occasions d'affaires qui seront créées à l'extérieur du pays nécessitent une attention particulière.

Pour les universités, cela signifie qu'il est essentiel de bien comprendre les enjeux de la mondialisation de façon à mieux équiper les étudiantes et étudiants pour y faire face. Si des entreprises veulent saisir les chances qui s'offrent à elles aux quatre coins de la planète, si elles veulent demeurer compétitives dans ce monde de concurrence féroce, si elles veulent être au fait des nouveaux moyens que la technologie met à leur disposition, il leur faudra compter sur une main-d'oeuvre consciente de la dimension internationale. Et les universités, au-delà de leur responsabilité en matière de recherche, ont un rôle de premier plan à jouer dans la formation d'une partie importante de cette main-d'oeuvre.

Plusieurs professeures et professeurs d'université séjournent à l'étranger ou accueillent des missions étrangères au Canada. Ces actions spécifiques doivent dépasser le plan des échanges personnels pour favoriser plutôt la création de réseaux entre institutions et rapporter ainsi des résultats concrets et durables tant à l'université qu'au pays partenaire. À ce stade-ci, avec les minces ressources dont disposent les universités et les organismes de développement international, il est cependant devenu important de concentrer les efforts. Dans ce sens, les universités devraient tirer profit de ce qu'elles font de mieux et de ce qu'elles croient être un avantage concurrentiel. Les universités devraient faire des choix stratégiques et se donner des priorités institutionnelles en matière de développement international. Cela signifie que chaque institution devrait évaluer ses forces et orienter ses ressources dans les secteurs où elle croit pouvoir le mieux réussir. Toutes les parties engagées dans le développement international ne peuvent qu'en tirer avantage.

Il est aujourd'hui possible à un étudiant ou à une étudiante de faire une partie de ses études à l'étranger et même quelques stages dans des entreprises asiatiques ou africaines. Mais il se passera encore plusieurs années avant que des jeunes puissent faire leurs études universitaires sur trois ou quatre continents. C'est un objectif réalisable, mais il reste encore beaucoup de chemin à faire. Les équivalences de diplôme, par exemple, constituent un domaine extrêmement délicat.

Je travaille dans le domaine du développement international depuis 25 ans et, depuis quelque temps, je rencontre de plus en plus de gens ouverts, sensibilisés à ce qui se passe partout sur la planète. Il faut poursuivre dans cette voie et les universités auront un grand rôle à jouer. Le monde change et il faut s'adapter. Pour cela, il faut aussi adapter les programmes de formation, de manière à ouvrir l'esprit des jeunes, à les sensibiliser à cette dimension internationale et à en faire des citoyens ouverts sur le monde.

Claude Francoeur est directeur du Programme des institutions d'éducation (PIE) à l'Agence canadienne de développement international (ACDI). Titulaire d'un M.B.A. depuis 1969, il oeuvre dans le domaine du développement international depuis ce temps. Il a été tour à tour agent de planification, directeur du programme bilatéral et représentant de l'ACDI en Tunisie, en Algérie, en Côte d'Ivoire et à Haïti.