Collaboration industrie-université

Profitable pour tout le monde

Le nombre des activités de recherche-développement où les universités et l'entreprise collaborent a tendance à augmenter depuis quelques années. Selon le président de la firme Serrenner, Jean Shoiry, non seulement cette tendance se maintiendra, mais elle devra s'accélérer au cours des prochaines années. Pour le plus grand bien des universités, des entreprises et de l'ensemble de l'économie.

par Jean Shoiry

La région de Boston est très souvent citée en exemple. Cette région du Massachusetts a connu un regain économique étonnant à partir du moment où les universités se sont alliées à l'entreprise privée pour procéder à un véritable redémarrage économique fondé sur l'industrie de la haute technologie. L'effondrement des marchés traditionnels avait porté un dur coup à l'économie de cette ville, qui était en bonne partie basée sur une infrastructure lourde.

Dans le même ordre d'idées, le cas de l'Allemagne vient rapidement à l'esprit. Dans ce pays, les relations entre les industries et les universités prévoient même des règles permettant aux industriels de siéger aux comités de programmes de premier cycle. Le contenu des cours et les modalités d'examen sont définis non seulement par le corps professoral universitaire, mais également par les industriels. En contrepartie, les entreprises s'engagent chaque année à donner un emploi à un certain nombre d'étudiantes et d'étudiants. Ces programmes sont très populaires en Allemagne, bien qu'on ait remarqué une récente baisse de popularité au premier cycle. Les partenaires se sont entendus pour favoriser les programmes à plus forte teneur en haute technologie où les employées et employés doivent être plus polyvalents. Un réajustement est donc en cours actuellement, réajustement qui s'oriente vers les programmes de deuxième et de troisième cycle.

Ces exemples - et il en existe bien d'autres - démontrent à quel point la collaboration université-entreprise constitue la base sur laquelle doit s'articuler une véritable politique de développement économique et technologique.

Au Québec, cette relation se développe petit à petit. L'époque où tout le monde se réjouissait du simple fait qu'une université et une entreprise s'échangent des services est révolue. Il faut encourager une étroite collaboration entre les divers représentants des grappes industrielles d'une région et l'industrie de cette région, de façon à favoriser des actions pratiques à court terme ayant un impact au niveau industriel et universitaire régional. L'université doit se diriger vers l'industrie, y agir comme catalyseur et servir de levier technologique. Il sera ainsi possible d'acquérir le savoir-faire nécessaire pour faire face à la globalisation des marchés.

L'arrimage des préoccupations de l'université et de l'entreprise est tout à fait réalisable, puisque la réussite de l'une passe par celle de l'autre. Le succès de l'université se mesure par la réussite de ses étudiantes et étudiants aux examens, mais aussi par le taux de placement de ses diplômées et diplômés sur le marché du travail. Sa réussite passe également par la quantité, la qualité et la pertinence de la recherche-développement qui s'y fait et des succès commerciaux susceptibles d'être remportés.

De son côté, l'entreprise a besoin d'étudiantes et d'étudiants bien formés. Ceci est particulièrement vrai dans l'industrie de la protection de l'environnement, à l'intérieur de laquelle l'entreprise que je dirige évolue, et où la main-d'oeuvre qualifiée est particulièrement difficile à trouver étant donné la jeunesse de l'industrie et sa forte croissance. La réussite de l'entreprise passe aussi par l'avancement technologique. Ce progrès repose sur des équipes de recherche bien formées. Les recherches peuvent s'effectuer à l'université, dans l'entreprise ou encore en partenariat.

L'entreprise et l'université ont donc intérêt à développer des liens. C'est ainsi qu'elles pourront continuer à croître et à rester compétitives sur les marchés local, provincial et international.

Une collaboration plus étroite

Dans un premier temps, la collaboration entre l'Université et l'entreprise s'obtient en suscitant de nouveaux partenariats à risques partagés. La mise en commun des ressources scientifiques, techniques et financières doit permettre d'optimiser les moyens limités dont on dispose. La créativité doit être encouragée dans la recherche de nouveaux modèles de collaboration. Des tables de concertation ou des groupes de travail doivent être mis sur pied. Ils auront pour tâche de déterminer les conditions et les modalités de réalisation de cette collaboration.

Un partenariat très étroit doit s'établir entre l'université et le monde de l'industrie et des affaires. Ce partenariat portera autant sur la formation et la recherche-développement que sur le démarrage d'activités commerciales issues de travaux universitaires. Pour la formation proprement dite, des comités mixtes entreprises-université devraient être créés de façon à orienter le contenu des cours en fonction des besoins actuels et prévisibles des entreprises et même à créer des cours adaptés aux besoins de l'entreprise qui pourront être offerts en entreprise. De cette façon, les possibilités d'emploi des étudiantes et étudiants augmenteront grandement.

Le partenariat de l'université et du milieu industriel en recherche-développement devra lui aussi s'intensifier et favoriser des projets de recherche sur des sujets à fort potentiel commercial, en particulier dans les entreprises technologiques et en émergence. Ces dernières embauchent déjà beaucoup d'étudiantes et d'étudiants finissants. Une maîtrise ou un doctorat en entreprise permettrait sans doute une plus grande intégration pratique aux réalités du terrain.