40 ans à préparer l'avenir

par Bruno Levesque

Depuis sa création en 1954, l'Université de Sherbrooke n'a eu de cesse de préparer l'avenir. Conformément à sa mission première, elle a bien sûr participé à la préparation de l'avenir de la société par les connaissances et l'éducation qu'elle a données aux jeunes qui l'ont fréquentée, par la recherche réalisée par ses professeures et professeurs et par les services qu'elle a rendus à la communauté. Elle a aussi préparé son propre avenir, de façon à toujours répondre le plus adéquatement possible aux exigences du monde dans lequel elle évoluait. Comment allait-elle se développer? Comment allait-elle pouvoir répondre aux attentes placées en elle?

Dès 1956, deux ans à peine après les débuts, dans un document intitulé Le développement de l'Université de Sherbrooke, le secrétaire général de l'Université, Mgr Maurice O'Bready, se hasardait à prédire l'avenir de l'institution d'enseignement. De l'Université telle qu'il la connaissait, du contexte dans lequel elle évoluait, il a tenté de définir ce que serait son avenir.

Il s'était donné une lourde tâche, puisque ses prédictions le menaient jusqu'à la fin du XXe siècle. Pour l'an 2000, il prévoyait que 1520 étudiantes et étudiants fréquenteraient l'Université. Il imaginait la création d'un manège militaire pour 1959, alors que le sort du Collège militaire Saint-Jean et le rôle qu'y jouera l'Université de Sherbrooke est au coeur des débats politiques à l'automne 1994. Il prévoyait la création de la Faculté de médecine en 1963, ne se trompant que de quelques années puisque la Faculté a accueilli ses premiers étudiants en 1966.

Maurice O'Bready n'était pas un devin. Il n'a pu prévoir, en 1956, ce que serait l'Université de Sherbrooke en 1994 et après. Mais la plupart de ses prédictions ramènent à l'essence de ce qu'était à l'époque cet établissement d'enseignement et ce qu'il est devenu. Il parle d'une piste d'atterrissage pour <<ptéroseats et hélicochaises>>, construite en 1975, d'un institut de psychosomatique dont il prévoit l'ouverture pour 1980. Connaissant l'importance de l'amiante pour l'économie estrienne, il annonce l'ouverture d'un institut de minéralogie en 1995, institut qu'il lie au Département de chimie. Il prédit que l'Université prodiguera l'enseignement de plusieurs langues étrangères en l'an 2000.

Les prédictions de Maurice O'Bready ne se sont pas toutes réalisées. Mais elles reflètent tout à fait les caractéristiques actuelles de l'Université de Sherbrooke. Ouverture sur le monde, cohérence entre la recherche universitaire et les besoins de la société, importance donnée à un enseignement général permettant d'envisager les problèmes dans leur ensemble, voilà quelques-unes des caractéristiques de l'Université de 1956, qui sont encore tout à fait actuelles en 1994.

Que devra être l'enseignement de premier cycle dans les années à venir? Quelle sera l'importance de l'enseignement à temps partiel? Comment l'informatique s'intégrera-t-elle à l'éducation? Comment les chercheuses et chercheurs pourront-ils mieux s'allier avec l'industrie et quels avantages les partenaires pourront-ils tirer de cette alliance? De quelle façon l'Université tirera-t-elle son épingle du jeu sur le plan mondial? Voilà les questions que SOMMETS a posées à des professeurs et diplômés, leur demandant, quelque 40 ans après que Maurice O'Bready l'ait fait, de préparer l'avenir de l'Université.

En complément, SOMMETS présente aussi quelques témoignages de diplômées et diplômés à qui on a demandé de parler d'avenir. Et puis, question de ne pas oublier d'où nous venons, cinq diplômées et diplômés tracent le portrait d'un personnage important de l'histoire de notre université. Si le passé est, comme le dit le dicton, garant de l'avenir, si les personnages de demain sont de la même stature que ceux d'hier, l'Université fêtera sans nul doute son premier siècle d'existence en 2054. Peut-être alors se penchera-t-on sur ces articles du numéro d'automne 1994 pour s'apercevoir que l'Université de Sherbrooke ressemble beaucoup à ce que Maurice O'Bready, et après lui Guy Boudreau, Fernand Serre, Jean Shoiry, Richard Joly, Robert David et Claude Francoeur avaient imaginé.