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Prix Recherche et création - Lauréat 2016

Éric Massé

Faculté de médecine et des sciences de la santé

L’utilisation massive d’antibiotiques, souvent à mauvais escient, a conduit au cours des dernières années à l’apparition et à la forte propagation de bactéries ultrarésistantes. Ce phénomène constitue un réel problème de santé publique avec l’accroissement du nombre d’impasses thérapeutiques. Il existe donc un besoin essentiel de développer de nouvelles classes de médicaments pour contrer la baisse d’efficacité croissante des antibiotiques, plus spécifiquement au niveau de leurs mécanismes d’action.

Face à ce défi, le professeur Éric Massé, du Département de biochimie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, ainsi que son équipe composée de David Lalaouna et Marie-Claude Carrier, considèrent désormais que l’utilisation d’ARN régulateurs peut constituer une approche prometteuse.

L’ARN est le nom commun utilisé pour désigner la molécule d’acide ribonucléique. Tout comme l’ADN, l’ARN est vital pour les êtres vivants. La tâche principale de l’ARN consiste à transférer le code génétique nécessaire pour créer des protéines dans notre corps, protéines nécessaires à notre survie. Plus spécifiquement, les ARN de transfert bactérien sont des intermédiaires clés dans la traduction du message génétique et dans la lecture du code génétique.

Les travaux de l’équipe se sont attardés sur l’activité d’un fragment dérivé d’ARN bactérien qui était jusqu’alors considéré comme un déchet cellulaire. L’équipe a ainsi pu révéler l’existence d’une molécule d’ARN régulatrice atypique.

En plus de caractériser le premier fragment d’ARN fonctionnel issu d’un ARN de transfert chez les bactéries, l’équipe du professeur Massé a développé un puissant outil d’analyse des interactions entre les molécules d’ARN qui a d’ores et déjà permis d’autres étonnantes découvertes. Cette nouvelle technique de purification d’ARN couplée au séquençage à haut débit vient combler un vide technique dans ce domaine d’études.

La communauté scientifique internationale s’est montrée extrêmement intéressée par cette technique, ce qui a amené l’équipe à exporter son savoir-faire. Par ailleurs, de nouveaux résultats ont confirmé l’importance de ce fragment d’ARN, car sa simple mutation immobilise la bactérie. D’autres travaux sont en cours afin d’insérer cette mutation dans une souche pathogène pour confirmer la réduction ou l’absence de virulence dans un organisme modèle.

Finalement, en plus de permettre d’élucider cette voie essentielle au métabolisme des bactéries et de mettre au point une technique de séquençage novatrice, les travaux du professeur Massé ont également permis la mise au point d’un outil d’analyse des interactions entre les molécules d’ARN. Les retombées ne cessent donc de prendre de l’ampleur, et ce, bien au-delà de ce que le professeur Massé imaginait au départ!