Table ronde au Rendez-vous du développement durable
L'éducation au développement durable
suscite beaucoup de questions
Rachel Hébert
Vingt ans après le rapport Brundtland, comment accélérer l'application du
développement durable dans les organisations? Cette question était sur la
table ronde animée par André Delisle qui a suivi la conférence de Gro
Brundtland, le 18 juin au Centre culturel. Intégration, gestion de crise et
leadership personnel sont quelques-uns des aspects du développement durable
qui ont été soulevés par les quatre panélistes. Mais c'est l'éducation qui a
suscité le plus de questions de la part de l'assistance.
Pour la directrice du développement durable d'Alcoa aux États-Unis, Anita
Roper, il est clair que tout le monde reconnaît désormais la nécessité
d'agir pour accélérer l'application du développement durable. Il s'agit
maintenant de mettre cette volonté en action, et de faire un réel
investissement à long terme. «Nous devons pour cela intégrer le
développement durable dans les rouages de l'entreprise et développer des
outils adaptés», a-t-elle dit.
La présidente sortante du Sierra Club du Canada, Amelia Clarke, a
souligné les nombreux progrès accomplis depuis 20 ans, comme par exemple, le
café équitable, qu'on trouve maintenant partout. Pour elle, l'individu est
un moteur de changement important. «Chacun de nous a un rôle à jouer dans le
développement durable. Nous avons le pouvoir de passer à l'action. Nous
sommes les leaders de notre propre organisation», a dit la chargée de cours
à l'Université McGill.
Harvey Mead, commissaire au développement durable au Bureau du
vérificateur général du Québec, a fait remarquer que le rapport Brundtland
parle bien d'une situation de crise. Il soutient que le temps des
constatations est maintenant terminé : «Plutôt que de se satisfaire de
quelques mesures, il faut reconnaître qu'il y a des crises qui
s'imbriquent.» Il propose notamment des cours de gestion de crise dans les
programmes en environnement.
«Il faut cesser de compter uniquement sur la pensée magique», a pour sa
part déclaré Léopold Gaudreau, sous-ministre adjoint de la Direction
générale du développement durable au ministère du Développement durable, de
l'Environnement et des Parcs du Québec. Il soutient que pour accélérer
l'application du développement durable, le volontariat et l'émulation ne
sont plus suffisants. Il croit qu'il faut accepter une forme de structure,
fixer des objectifs et se doter de mesures pour reconnaître les progrès
réalisés.
Le paradoxe des jeunes
Pour plusieurs spectateurs, la réponse aux questions soulevées par les
panélistes pourrait bien résider dans l'éducation. Dans l'assistance,
l'éducation au développement durable était manifestement une question
primordiale. La nécessité de former des citoyens responsables dès le jeune
âge a été soulevée. Les programmes en place dans les écoles permettent-ils
d'espérer que la génération en formation sera en mesure d'apporter les
changements nécessaires dans les organisations? N'est-il pas déjà trop tard?
On a fait remarquer que si les jeunes sont sensibilisés au développement
durable, ils sont aussi les champions de la surconsommation.
La question de la formation continue a aussi été mentionnée. Le concept
de développement durable étant relativement nouveau, les solutions sont
encore à trouver. Il faut donc apprendre sur le tas pour l'intégrer dans
tous les aspects de notre vie quotidienne. Former des esprits critiques,
mettre à contribution les disciplines et les professions, voilà quelques
moyens envisagés pour former des citoyens sensibilisés.
Certains participants ont prôné la formation initiale, d'autres la
formation continue, mais tous s'accordent sur une chose : les programmes de
formation, du primaire à l'université, ne laissent pas encore suffisamment
de place au développement durable.
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