|
Leader mondial dans la recherche sur les maladies digestives
CAROLINE DUBOIS
Cancer du côlon, maladies inflammatoires intestinales, troubles
digestifs... Les maladies du tube digestif causent 15 % du fardeau
économique direct des coûts de la santé au Canada. Avec l'attribution d'une
subvention majeure de 4,3 M$ des IRSC, la Faculté de médecine et des
sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke prend le leadership
national dans la recherche fondamentale sur les maladies digestives.
Dirigée par l'un des
spécialistes mondiaux de la biologie cellulaire de l'intestin, le professeur
Jean-François Beaulieu, l'équipe de recherche regroupe des experts en
biologie cellulaire et moléculaire, en nutrition, en biochimie, en
embryologie, en cancérologie, en inflammation et en gastroentérologie. Il
s'agit d'une des plus importantes équipes au monde dans le domaine. Les
recherches fondamentales visent à identifier de nouvelles cibles pouvant
servir d'outils diagnostiques et de base afin d'établir des approches
thérapeutiques novatrices en gastroentérologie pédiatrique et adulte.
Les chercheuses et chercheurs du domaine biomédical se sont
joints à des professeurs cliniciens impliqués en recherche qui traitent de
façon journalière des patients présentant diverses pathologies du tube
digestif. Cette association devrait permettre des retombées tangibles le
plus rapidement possible.
«Selon une étude publiée dans la revue
Médecine clinique et
expérimentale, les maladies digestives entraînent une perte de
productivité à court terme de 1,14 milliard de dollars par année au Canada,
ce qui dépasse les coûts des maladies mentales, cardiovasculaires et
respiratoires ainsi que des maladies du système nerveux central, souligne le
professeur Jean-François Beaulieu. Voilà donc un appui soutenu à la
recherche en vue d'alléger les impacts humains et économiques des maladies
liées à la digestion.»
L'équipe explorera de nouveaux concepts de régulation des
fonctions des muqueuses du tube digestif. Les travaux seront effectués dans
trois pathologies : le cancer colorectal chez les adultes matures, les
maladies inflammatoires intestinales chez les jeunes adultes et
l'entérocolite nécrosante affectant des enfants très prématurés. «Nous
explorerons comment réagit l'organisme lorsqu'on lui enlève un régulateur,
pour ensuite isoler sa fonction et déduire son rôle, explique le professeur
Beaulieu. Il deviendra alors possible d'associer le régulateur manquant à la
maladie provoquée par ce manque.»
Questionné à savoir quelle serait la réussite dont il serait le
plus fier, le professeur Beaulieu a dit souhaiter mieux cerner le cancer
colorectal. «Nous souhaitons trouver des moyens de mieux identifier la cause
et la nature de ce cancer dès qu'il est diagnostiqué. Ainsi il serait très
utile de savoir, dès l'apparition de la maladie, si un cancer est bénin, ou
s'il aura une croissance virulente. Si nous y parvenons, ce serait une très
grande réussite», a-t-il répondu à un journaliste lors d'un point de presse
la semaine dernière.
Une équipe solide
Outre le directeur de
l'équipe, six chercheuses et chercheurs de l'Université de Sherbrooke
travailleront en synergie à ce projet : les professeurs François Boudreau,
Fernand-Pierre Gendron, Daniel Ménard, Nathalie Perreault, Nathalie Rivard
et Julie Carrier. S'ajoutent au groupe deux chercheurs d'universités
partenaires, soit Émile Lévy, de l'Université de Montréal, et Ernest Seidman,
de l'Université McGill. Les recherches se feront principalement au
laboratoire central de la Faculté de médecine et des sciences de la santé,
qui comprendra quatre plateformes technologiques : phénotypage intestinal/RRTQ,
banques de tissus, génomique et protéomique ainsi que biologie moléculaire
avancée.
De plus, 19 collaborateurs actifs, dont plusieurs sont des
professeurs cliniciens des départements de médecine, pédiatrie, chirurgie et
pathologie, contribueront à l'atteinte des objectifs. Enfin, une
cinquantaine de chercheuses et chercheurs en formation et une quinzaine de
professionnels de recherche compléteront l'équipe. La subvention des IRSC
permettra ainsi l'embauche de six à huit personnes à temps plein.
Les maladies intestinales se présentent sous plusieurs formes, dont le
cancer du côlon qui affecte la population adulte mature et qui est la
2e cause de mortalité par cancer au Canada. On retrouve également les
maladies intestinales inflammatoires, comme la colite ulcéreuse et la
maladie de Crohn, ou encore les troubles digestifs, particulièrement chez
les nouveau-nés et les enfants, notamment l'entérocolite nécrosante. Ces
maladies représentent 12 % des hospitalisations et 20 % des néoplasies au
Canada.
Retour à la une |