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Liaison, 14 juin 2007

 

 

On s'active à la construction des fours en argile.
On s'active à la construction des fours en argile.

Avec mon frère Carlos et ma mère Lupita.
Avec mon frère Carlos et ma mère Lupita.

 


Le coco qui fait la différence

MARJOLAINE RODIER-SYLVESTRE
Finissante en environnement

Cela fait bientôt trois mois que je suis revenue d'un coin perdu sur la côte pacifique du Mexique et encore aujourd'hui, quand j'en parle, mes yeux brillent. J'ai eu la chance de prendre part en cinq semaines à un projet de développement durable communautaire ayant comme point d'ancrage la fabrication d'artisanat à partir de la noix de coco. Bienvenue à la Isla de la Piedra!

En route vers l'équité

Finissante de la maîtrise en environnement de l'Université de Sherbrooke, j'étais emballée à l'idée de contribuer à donner racine à ce projet visionnaire. Né d'une grande amitié entre deux Québécoises, Michèle Bruneau et Isabelle Gauthier-Nadeau, la «Chabella» de son surnom, Éco-coco aspire depuis le début à fournir des emplois équitables et durables aux insulaires dans le besoin, en particulier les femmes, tout en assurant la pérennité de la noix de coco et en générant des retombées positives pour l'ensemble de la communauté. C'était là un projet qui correspondait parfaitement à mes intérêts.

Imaginez une île presque vierge avec, d'une part, la noix de coco en abondance, un tourisme en plein essor et, d'autre part, des gens sans emploi aux prises avec d'importantes problématiques environnementales. L'équation était parfaite, d'autant plus que ce projet répondait aux besoins sur l'île.

C'est donc accompagnée de quatre coéquipiers que j'ai quitté l'aéroport Pierre-Elliot-Trudeau le 31 janvier pour fouler le sol mexicain, le sable devrais-je dire, car cela nous a pris environ 45 minutes de parcours cahoteux en camionnette pour traverser les 1700 hectares de plantations de cocotiers tapissant ce petit coin de pays!

Mon implication dans la communauté

Habitée par le désir de contribuer au bien-être de la communauté, j'ai pris grand plaisir à organiser des ateliers sur le cycle de vie des matières résiduelles dans une école primaire. Il m'a fallu aussi concevoir un dépliant promotionnel pour la boutique Éco-coco, contribuer à l'élaboration d'un processus participatif d'identification des priorités communautaires et environnementales pour la gestion d'un fonds communautaire ainsi que participer à la construction de fours artisanaux en argile et en fibre de noix de coco. Difficile d'en faire plus en si peu de temps!

Avant de partir, Michèle nous avait bien avisés que nous étions les premiers coopérants à la Isla de la Piedra. Ça m'a plu tout de suite! Habitués de côtoyer des gringos en vacances, ces Mexicains, un peu sur leurs gardes, nous ont rapidement accueillis au sein de leur famille. J'ai adoré partager leur quotidien, que ce soit en assistant un pêcheur aux techniques artisanales en pleine nuit, en prenant part au grand carnaval de Mazatlan avec des amis Mexicains, ou encore, en aidant ma mère d'accueil à la confection d'une piñata pour l'anniversaire d'un des coopérants. Ces précieux moments passés à discuter avec ma mère d'accueil, une femme qui élève ses trois fils, m'ont tant appris sur la condition féminine. J'ai été bouleversée d'apprendre que son mari, un pêcheur de thon, l'a forcée à abandonner ses études en soins infirmiers pour rester à la maison.

La Chabella, source d'inspiration

À cause du marché, les travailleurs dans les plantations de noix de coco recueillent uniquement le copra (chaire blanche à l'intérieur de la noix de coco) et brûlent ou jettent la coque de la noix de coco. Ardu et précaire, ce travail permet difficilement à une famille de survivre convenablement. Or, Isabelle, mère de trois enfants nés de son union avec un Mexicain depuis plus de 10 ans, a décidé d'allonger la vie utile de ces coquilles. Soucieuse du sort de ses consoeurs mexicaines, elle a décidé de les impliquer et de les former dans la production d'artisanat local respectant les conditions équitables et l'environnement. De fil en aiguille, Michèle a commencé à faire connaître le projet au Québec et à vendre les divers produits.

J'ai été profondément marquée par la vivacité et la détermination de cette femme au bagage culturel lui permettant de voir le potentiel économique de l'île. Comme elle vit aussi pauvrement que ses voisins, je ne suis pas surprise que les natifs de l'île l'aient adoptée et qu'elle soit devenue pour eux une source d'inspiration. Tout le monde connaît la Chabella. Alors que l'île se couvre de béton depuis cinq ans, Isabelle revient aux sources en érigeant à proximité de la plage une boutique-musée faite d'argile, de fibres de noix de coco, de branches de bois mortes et de matières ramassées ici et là, normalement destinées à la poubelle. Son audace lui a valu la visite de groupes environnementaux et de photographes.

Il était une fois un coco…

Tout part donc d'un coco qui au lieu de prendre le chemin du dépotoir ou du brasier, est en train de devenir un moteur de changement social et de développement économique. Alors que les habitants de la Isla de la Piedra se définissent eux-mêmes comme peu solidaires, je me réjouis de voir que le projet Éco-coco a entraîné la réunion de femmes et d'hommes, retraités ou jeunes, influents ou effacés, pour discuter ensemble du développement actuel de leur île.

Ce projet de solidarité internationale, pourtant de courte durée, aura été une expérience extrêmement riche tant sur le plan humain que professionnel, et contrastant avec notre quotidien de Québécois.

Marjolaine donne un atelier sur le cycle de vie des matières résiduelles dans une classe de 3e année.
Marjolaine donne un atelier sur le cycle de vie des
matières résiduelles dans une classe de 3e année.

 

Aide à la construction des fours en argile pour faire de l'huile de noix de coco et du coco fumé.
Aide à la construction des fours en argile pour faire de l'huile de noix de coco et du coco fumé.
 

L'Isla de la Piedra.
L'Isla de la Piedra.

Photos fournies par Marjolaine Rodier-Sylvestre

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