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Liaison, 14 juin 2007

 

 
Christiane Auray-Blais en compagnie de son directeur de thèse Regen Drouin et de sa codirectrice Johane Patenaude. Darel Hunting, absent, était aussi codirecteur de thèse.

Christiane Auray-Blais en compagnie de son directeur de thèse Regen Drouin et de sa codirectrice Johane Patenaude. Darel Hunting, absent, était aussi codirecteur de thèse.

Photo : Robert Dumont

 


Une proposition de la doctorante Christiane Auray-Blais
retient l'attention de la revue Science

Une clé pour résoudre les problèmes
éthiques liés à l'utilisation des biobanques

ROBIN RENAUD

De plus en plus, la recherche médicale utilise des informations provenant de biobanques. Or, la gestion à long terme de ces banques de matériel génétique soulève plusieurs enjeux éthiques. Comment assurer la confidentialité des sujets ayant fourni des échantillons tout en assurant un suivi auprès d'eux, des années plus tard? Christiane Auray-Blais vient de soutenir sa thèse de doctorat en radiobiologie à la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Elle prône des moyens de gérer ces biobanques pour assurer une participation informée des personnes. Sa proposition, élaborée avec la professeure Johane Patenaude, a d'ailleurs intéressé la revue Science qui a publié une lettre à l'éditeur dans son numéro du 11 mai.

La thèse de Christiane Auray-Blais, qui est aussi professeure associée au Service de génétique du Département de pédiatrie, portait également sur une nouvelle méthode de dépistage de la maladie de Fabry. Très difficile à diag-nostiquer, cette maladie héréditaire peut hypothéquer le fonctionnement de plusieurs organes.

Éthique et biobanques

Christiane Auray-Blais travaille depuis plus de 30 ans comme biochimiste responsable du programme de dépistage urinaire au Service de génétique médicale du CHUS. Comme elle a été membre du comité d'éthique de la recherche sur l'humain du CHUS et de la Faculté de médecine et des sciences de la santé pendant cinq ans, elle est très au fait des questions éthiques liées à la recherche. «En général, le recours à des échantillons humains pour une étude définie est soumis à des règles éthiques, à des protocoles et à des procédures claires, où le chercheur principal est responsable du code d'identification des échantillons de l'étude, dit Christiane Auray-Blais. De plus en plus, les compagnies
pharmaceutiques et les organismes subventionnaires demandent à conserver des banques d'échantillons à long terme pour pouvoir mener des recherches ultérieures. Or, comment faire en sorte que la personne participante soit maintenue informée tout en gardant confidentiels des informations et des renseignements personnels? Et si une découverte d'utilité clinique majeure est faite plusieurs années plus tard, comment communiquer avec le sujet participant?»

Ces questions travaillaient la chercheuse, et elle a remarqué que plusieurs de ses collègues partageaient ses préoccupations : «J'ai constaté qu'il y avait un réel malaise autour de cette question.»

Un modèle de gestion

La difficulté de gérer les biobanques vient notamment du fait que de plus en plus, les compagnies souhaitent constituer des banques d'échantillons codés, et non plus anonymes, ce qui pose souvent problème. «Plusieurs projets de recherche ont été rejetés par des comités d'éthique ces dernières années parce qu'on n'arrivait pas à résoudre la question de la gestion des biobanques», signale Christiane Auray-Blais. Elle a donc proposé un modèle de gestion pour la recherche institutionnelle où un archiviste médical joue un rôle pivot : «La confidentialité est assurée par deux séries de codes : le premier code des échantillons pour l'étude principale est géré par l'investigateur principal, tandis que le second code pour les échantillons de la biobanque est géré par l'archiviste qui en a la clé. Par son statut, cette personne est tout à fait indépendante. Elle doit se conformer à la loi sur les archives, relève de l'administration d'un hôpital et est dissociée du projet de recherche. Si par exemple une entreprise voulait savoir si un sujet a eu une récidive de cancer, l'archiviste peut fournir la réponse sans dévoiler l'identité des personnes. Ce modèle est relativement simple, n'entrave pas la recherche et permet de protéger et de respecter l'intégrité des personnes.»

De plus, Christiane Auray-Blais propose de «revenir à la base» en donnant une formation continue sur les conséquences et les implications liées aux biobanques, à la fois au chercheur principal, à son personnel de recherche et aux membres de comités d'éthique chargés d'encadrer ces questions. Ces programmes de formation continue devraient toutefois être financés par les entreprises qui souhaitent utiliser des biobanques, afin que le fardeau ne revienne pas aux institutions. «Je crois que le résumé de ces propositions a intéressé la revue Science parce que c'est une préoccupation pour plusieurs chercheurs à travers le monde actuellement», dit Christiane Auray-Blais.

Mieux dépister la maladie de Fabry

Dans le cadre de son doctorat, Christiane Auray-Blais a également mis au point une nouvelle méthode pour dépister la maladie de Fabry. «Cette maladie héréditaire est causée par la déficience d'une enzyme, ce qui provoque l'accumulation de macromolécules dans différents tissus, organes et vaisseaux sanguins, explique-t-elle. Dans certains cas, cela peut attaquer le fonctionnement du cœur ou des reins et causer un décès dans la jeune quarantaine.»

Or, il arrive souvent qu'il faille plus d'une dizaine d'années et la consultation de nombreux spécialistes avant de diagnostiquer cette maladie chez un patient. «Vers l'âge de 10 ou 12 ans, un enfant peut ressentir de forts brûlements dans les mains et les pieds, explique la chercheuse. La maladie peut aussi se manifester par une opacité cornéenne. Malgré ces indices, le dépistage est compliqué.»

Le projet de recherche a permis d'établir un moyen de dépister la maladie grâce à des échantillons d'urine conservés sur papier filtre. «Pour l'analyse, nous utilisons un appareil de haute technologie, soit un spectromètre de masse en tandem, explique la chercheuse. Il est alors possible de détecter la présence d'un biomarqueur prédominant chez les personnes atteintes, le globotriaosylcéramide ou Gb3.»

Cette méthode simple offre un outil supplémentaire aux médecins, qui peuvent diagnostiquer plus hâtivement cette maladie et prévoir les traitements en conséquence avec des enzymes de remplacement avant que la condition d'un patient ne se détériore de manière irréversible.

«Cela ne résout pas tous les problèmes, puisque la maladie de Fabry se décline en plusieurs mutations et peut évoluer d'une manière très variable d'un patient à l'autre, dit Christiane Auray-Blais. Cette recherche pourrait toutefois ouvrir la porte à une étude de faisabilité pour évaluer la pertinence de mener le dépistage de cette maladie chez les nouveaux-nés.»

Si ce projet se concrétise, il pourrait être possible de déterminer l'incidence de cette maladie au Québec, une donnée qui échappe aux médecins actuellement.

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