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Liaison, 24 mai 2007

 

 
Gérard Lachiver

Gérard Lachiver

 


Entrevue avec le doyen Gérard Lachiver

La Faculté de génie innove et montre le chemin

Propos recueillis par ROBIN RENAUD

La Faculté de génie est depuis longtemps à l'avant-garde parmi les universités du pays pour ses programmes innovateurs et ses méthodes d'apprentissage originales. C'est d'ailleurs une grande source de fierté pour le doyen Gérard Lachiver : «Nous proposons une combinaison d'innovations pédagogiques comme l'approche par problèmes et par projet, et nous insistons beaucoup sur le développement de compétences par des projets d'intégration. C'est ainsi que nous nous démarquons, et nous constatons que d'autres institutions canadiennes commencent à intégrer des dimensions qui s'inspirent de nous. C'est agréable de voir qu'on joue un rôle de leader très important.»

Bref, le doyen Lachiver parle d'une faculté qui se porte «très bien», et dont l'un des défis de l'année à venir sera de bien concilier les axes de la formation et de la recherche.

Innover en formation

Sur le thème de la formation, le doyen Lachiver rappelle que l'ensemble des programmes de 1er cycle sont proposés au régime coopératif. Cela confère aux étudiantes et étudiants un avantage marqué, puisqu'ils sont mieux outillés pour le marché du travail. De plus, un 5e stage est maintenant proposé dans le cheminement de plusieurs programmes, afin de bonifier l'expérience terrain des étudiants.

Par ailleurs, la Faculté de génie vient d'ajouter un nouvel élément fort au 1er cycle : tous les programmes comportent désormais un profil international. Les étudiantes et étudiants peuvent ainsi passer jusqu'à une année à l'étranger. «Actuellement, nous avons des partenariats surtout en Europe, mais nous souhaitons aussi pouvoir placer des étudiants dans des universités américaines, canadiennes ou mexicaines, explique Gérard Lachiver. Une expérience à l'extérieur du Québec sera certainement un plus pour nos diplômés.»

Parmi les autres nouveautés, les conditions d'admission ont été modifiées «afin d'ouvrir certains programmes à d'autres familles d'étudiants», dit le doyen. En décembre, une première cohorte d'étudiants aura terminé le nouveau programme en génie biotechnologique, une première au Québec.

Aux 2e et 3e cycles, une forte augmentation du nombre d'inscriptions a été constatée durant la dernière année. Là aussi des projets innovants ont été initiés. Notamment, l'implantation du microprogramme en enrichissement des compétences au doctorat en génie, sciences et médecine. Ce projet a été piloté par le professeur Jean Nicolas, titulaire de la nouvelle Chaire pour l'innovation dans la formation à la recherche dont la création a été annoncée le 10 mai. (voir notre autre texte en page 7).

Hausse de la recherche

L'augmentation des activités aux cycles supérieurs coïncide avec une hausse importante des activités de recherche. Ces dernières années, plusieurs chaires ont été créées et de nouvelles verront le jour dans la prochaine année. «Le dynamisme de la recherche est une manifestation de la qualité du corps professoral, dit le doyen. D'importantes subventions stratégiques ont été obtenues par des professeurs dans des concours réputés difficiles. Notre taux de succès nous assure des ressources accrues et supérieures à la moyenne. Nous mettons en place des initiatives qui vont accélérer la capacité de mener de la recherche de qualité. Avec de nouvelles infrastructures et de nouveaux professeurs, cela induit une augmentation de demandes d'étudiants intéressés à venir chez nous. Tout cela génère plus d'activité et plus de projets.» Cette croissance commande une attention particulière et des analyses seront menées pour améliorer le parcours de formation des chercheuses et chercheurs, dit Gérard Lachiver.

Un important défi de la direction de la faculté est également d'assurer le renouvellement du corps professoral. Sur un horizon de cinq à dix ans, 25 % des professeurs devront être remplacés : une vingtaine d'entre eux partiront à la retraite. «C'est à la fois un défi et une opportunité. Nous aurons à recruter des jeunes qui vont arriver dans un contexte où les orientations facultaires seront à définir correctement. Il faudra aussi les aider à s'épanouir comme professeurs», dit le doyen.

À la croisée des chemins

Quand il aborde le développement de la Faculté de génie, Gérard Lachiver parle de la nécessaire conciliation de deux tendances importantes. «La première tendance vise d'abord la réussite de nos étudiants. Pour cela, nous devons leur offrir un environnement d'études et de séjour de bonne qualité. Les jeunes passent plusieurs années chez nous. Il faut donc tout mettre en œuvre pour assurer leur succès et leur offrir une expérience de vie dont ils vont se souvenir. Ultimement, on veut de plus en plus intéresser nos étudiants à la recherche et aux études supérieures. D'un autre côté, on doit aussi composer avec l'influence du modèle américain, beaucoup plus sensible aux lois du marché, avec des programmes de formation qui sont très professionnels. Le défi est de trouver une juste place entre ces deux tendances», explique le doyen.

Il ajoute qu'il est assez facile de tomber dans les besoins immédiats du marché et de répondre à des intérêts à court terme. «Or, poursuit-il, le milieu dans lequel évoluent nos diplômés, c'est le monde entier. Ils doivent développer des qualités personnelles qui vont bien au delà du simple fait d'avoir un emploi. Bientôt, des pays émergents comme la Chine et l'Inde nous feront concurrence dans des domaines comme le génie-conseil, par exemple.»

Avec un marché du travail qui devient mondial, les diplômés devront se distinguer dans un environnement multiculturel et multilingue, c'est pourquoi la dimension internationale – tout comme la recherche – compte parmi les priorités facultaires.

Des recherches en lien avec l'industrie

Au cours des dernières années, la Faculté de génie a pu mettre sur pied plusieurs chaires de recherche industrielles. Elle en compte présentement quatre. Ce chiffre devrait pratiquement doubler d'ici deux ans. «On a collectivement proposé des solutions innovatrices pour stimuler la recherche avec des partenaires industriels, explique Gérard Lachiver. Le meilleur exemple est la création du Parc innovation et le centre de technologie avancée mis sur pied avec BRP. Nous avons convenu d'un mode d'opération et d'un partenariat de cinq ans avec eux. Ce type de projet aura un effet d'entraînement important pour la région.» Un projet semblable sera bientôt dévoilé, glisse le doyen, qui se dit convaincu que de telles innovations inciteront des étudiants à choisir l'Université de Sherbrooke.

Dynamisme étudiant

Gérard Lachiver a aussi de fort bons mots pour les étudiantes et étudiants et leur enthousiasme évident. «On compte environ 140 étudiants au baccalauréat impliqués dans des clubs comme le Mini Baja SAE, VAMUdeS ou les canoë et toboggan de béton. Ils s'engagent autant dans des projets humanitaires que techniques, par exemple en Amérique centrale et en Afrique. Comme professeur, c'est très motivant d'avoir des jeunes qui nous poussent dans le dos et qui atteignent des niveaux de réalisation remarquables. Tous ces projets ont un effet d'émulation très constructif. Ces jeunes comprennent que le métier d'ingénieur compte de nombreuses dimensions, comme le sens des affaires, les communications ou le travail d'équipe. Il y a de quoi être fier des succès tangibles de nos étudiants», conclut-il.

 

Enjeux d'actualité

En complément du texte ci-dessus, nous avons profité de l'entrevue avec le doyen Lachiver pour aborder quelques sujets d'actualité qui concernent certaines des spécialités de la Faculté de génie.

Liaison : Pourquoi le Québec ne fait-il plus de grands chantiers?

Gérard Lachiver : D'une part, la conscience environnementale a pris une place importante. Les gens craignent les impacts visuels ou les effets sur la qualité de vie de certains projets, ce qui refroidit les volontés politiques. Mais surtout, les Québécois ont été échaudés depuis quelques années par des projets qui ont été très mal pilotés, et dont les coûts ont été faramineux. On n'a qu'à penser au métro à Laval, au CHUM ou au stade olympique. La façon de rattraper ça et d'initier de grands projets sera de prôner le développement environnemental et des réalisations responsables. Bref, de baser nos développements sur des solutions propres. Ces technologies seront plus facilement acceptées par la population.

Liaison : Nos infrastructures routières sont en piètre état. Est-ce que ce problème constitue une bombe à retardement?

G. Lachiver : C'est un problème qui est déjà bien présent. Il y a eu des coupures budgétaires énormes, et la maintenance des ouvrages est clairement insuffisante. Le problème n'est pas qu'on construit plus mal au Québec : la province exporte sa technologie. Le hic, c'est que l'entretien des ouvrages est souvent reporté dans les priorités. Plus on attend pour affronter ce problème, plus la solution sera coûteuse.

Liaison : Pourquoi nos routes sont-elles si cabossées et parsemées de nids-de-poule? Est-ce uniquement la faute du climat?

G. Lachiver : Mes collègues spécialistes de la question vous diront qu'on a choisi de construire des routes en asphalte plutôt qu'en béton. Le béton coûte plus cher à l'installation, mais il est bien moins cher en entretien à long terme. Les provinces et les États voisins construisent des routes avec de meilleures fondations. Bref, le problème des nids-de-poule pourrait être solutionné, mais ce n'est pas une priorité. On a vu aux dernières élections provinciales que personne ne se préoccupait réellement de notre patrimoine d'infrastructure routière.

Liaison : Est-ce que le génie évolue à la même vitesse que les mentalités et les besoins de la société? Parfois on dirait que les inventions arrivent trop tôt pour le public; en revanche, des solutions espérées tardent à être trouvées…

G. Lachiver : Si on parle d'innovation technique, l'avancement des connaissances évolue de plus en plus vite. Il est vrai que le public n'est pas toujours prêt à adopter des technologies nouvelles, tout simplement parce qu'il n'en a pas besoin. On a beau proposer des téléphones multifonctions ou des magnétoscopes très sophistiqués, plusieurs n'utiliseront que les fonctions play et record. Aux 19e et 20e siècles, la technologie répondait à des besoins fondamentaux (en énergie, en transport ou en communications). Aujourd'hui les besoins sont plus diffus. Certaines inventions ont un impact sur la qualité de vie et d'autres pas. Une prothèse en titane peut changer la vie d'une personne; un câble de vélo en titane, c'est moins sûr.

Liaison : Sherbrooke s'est lancée dans une réflexion pour relancer son économie, et ce, à l'enseigne de l'innovation. Qu'est-ce qui peut être fait pour atteindre le statut de pôle d'innovation reconnu?

G. Lachiver : Prenons l'exemple de la ville de Québec. En 20 ans, la capitale s'est dotée d'un parc industriel imposant réunissant des industries pharmaceutique et optique, et de haute technologie. Dans les années 80, Québec cherchait à se sortir de l'étiquette de «ville de fonctionnaires». Les acteurs économiques ont développé un parc technologique. Ils ont su créer un environnement où il y a de la main-d'œuvre qualifiée et des emplois diversifiés pour que deux conjoints puissent travailler. Tout cela s'est construit à petits pas. Les investisseurs ne viendront pas chez nous uniquement parce que Sherbrooke s'annonce comme ville de l'innovation. Cependant, le succès attire le succès. Le Parc innovation qui vient d'être lancé pourrait attirer une masse critique de gens. Il y aura un premier bâtiment, puis deux, puis trois. Plus tard, on pourra dire, venez, on va vous montrer ce que veut dire «faire de l'innovation»; ce que veut dire «travailler en partenariat avec l'Université». Souvent, les PME ne savent pas comment y parvenir. C'est une culture qui doit être implantée dans le sillage du Parc innovation. Ultimement, cela peut nous conduire vers une niche de bons emplois bien rémunérés qui contribuera à une meilleure qualité de vie dans la région.

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