Une chaire pour mieux faire le pont
entre les chercheurs et les employeurs
CAROLINE DUBOIS
Mieux préparer les chercheuses et chercheurs aux réalités du marché du
travail des prochaines décennies, voilà le défi auquel s'attaquera la
nouvelle chaire de recherche du professeur Jean Nicolas. Lancée le 10 mai en
présence du recteur Bruno-Marie Béchard, la Chaire pour l'innovation dans la
formation à la recherche sera financée à plus de 1,2 M$ sur cinq ans par La
Fondation de l'Université de Sherbrooke.
Première du genre au Canada, cette chaire fera le pont entre les
chercheurs et les employeurs. L'un des principaux objectifs consistera à
renouveler la formation doctorale en profondeur pour l'enrichir sur le plan
scientifique, personnel et professionnel. On déploiera des méthodes
pédagogiques innovantes pour préparer les futurs chercheurs et chercheuses
en génie, en sciences et en médecine à mieux répondre aux besoins de la
société à l'ère du savoir. La chaire visera également à accroître le taux de
réussite des doctorants.
«Leader de nombreuses innovations marquantes en formation universitaire
au Canada, l'Université de Sherbrooke veut maintenant décupler le potentiel
des futurs chercheurs et chercheuses en réinventant à la fois le contenu et
l'encadrement de leur formation, indique le recteur Bruno-Marie Béchard.
Nous voulons répondre de façon originale et concrète à la nécessité
d'accroître substantiellement la recherche-développement afin de nous
assurer un meilleur avenir collectif dans la nouvelle société du savoir.»
Accentuer l'employabilité
Il y a 20 ans, les deux tiers des diplômés au doctorat se dédiaient à une
carrière professorale dans les universités. Aujourd'hui, seulement le quart
d'entre eux occupent des postes universitaires. Selon le titulaire de la
chaire, les chercheuses et chercheurs de demain sont appelés à être des
acteurs de progrès partout dans la société. «Les postes en recherche sont de
plus en plus diversifiés, souligne le professeur Jean Nicolas. Nous voulons
donc mieux préparer les étudiants à œuvrer dans les divers secteurs
d'emplois, que ce soit à l'université, en entreprise, dans des centres de
recherche gouvernementaux ou des organisations publiques. Certains auront
même à créer leur propre emploi.»
La chaire développera un creuset multidisciplinaire réunissant trois
facultés – Génie, Sciences, Médecine et sciences de la santé – et
17 programmes. Durant les études doctorales, on multipliera les occasions de
dialoguer entre étudiants, chercheurs et formateurs de disciplines variées
pour enrichir la formation et développer l'interdisciplinarité. La chaire
élargira l'encadrement des doctorants en passant d'une approche individuelle
à un encadrement collectif avec des étapes adaptatives. S'ajoute également
la mise en place d'un plan d'assurance qualité basé sur des indicateurs de
performance et des évaluations ciblées.
«Il faut rapidement accentuer l'employabilité des diplômés au doctorat,
un virage déjà en cours aux États-Unis et en Europe, ajoute Jean Nicolas.
Au-delà des connaissances scientifiques, les chercheurs doivent notamment
accroître leurs compétences personnelles et professionnelles. Je pense entre
autres aux compétences en gestion de projet, en propriété intellectuelle, en
rédaction scientifique et en réseautage, qui seront déterminantes de leur
capacité d'action dans la nouvelle société.»
La R et D accessible
Contrairement à la croyance populaire, les PME ont les moyens financiers
de recruter une petite équipe de recherche incluant un chercheur, un
technicien et une aide administrative. «En tenant compte des crédits
d'impôts provincial et fédéral, explique Jean Nicolas, il suffit qu'une PME
investisse quelque 25 000 $ par année. C'est un investissement fort rentable
pour notre société qui doit faire face aux grands défis de la
mondialisation.»
La création de cette nouvelle chaire de recherche témoigne donc de la
volonté de l'UdeS de s'arrimer aux besoins de la société et s'inscrit dans
sa culture d'innovation bien caractéristique.
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