Liaison, 3 mai 2007
JOËLLE RONDEAU
Étudiante en communication, rédaction et multimédia
C'est la faute à
Bono, Pierre Gagnon
Après un premier récit,
5-FU, qui
aborde sa lutte contre le cancer, Pierre Gagnon traite de la rémission
dans sa deuxième œuvre,
C'est la faute à Bono.
Pierre Gagnon est rédacteur publicitaire depuis 25 ans et s'est lancé
comme écrivain en 2005 alors qu'il était en traitement de chimiothérapie à
l'hôpital. Il s'est depuis découvert un talent et surtout un immense
plaisir à écrire.
Pierre Gagnon aborde dans ce roman la réalité d'être en rémission d'un
cancer et d'essayer de se réintégrer dans un train de vie normal. Le
personnage principal doit apprendre à tolérer les regards de pitié sur lui
et à se voir donner beaucoup moins de travail au boulot. Il décide alors
de changer sa vie. Il vend la maison et l'auto et décide plutôt de louer
et de se promener à vélo. Il démissionne et entreprend de mettre sur pied,
avec son meilleur ami, le premier café ambulant de Montréal : Michou. Il
s'agit en fait d'une roulotte où le protagoniste prépare cappuccinos et
cafés au lait un jour dans Saint-Léonard, l'autre dans Parc extension.
Un sujet dur qui est abordé d'une façon très honnête et avec beaucoup
d'humour par Pierre Gagnon, qui est passé par ce que vivent ses
personnages. L'histoire est racontée avec un style bien particulier.
L'auteur utilise un langage très familier et s'exprime dans une langue
orale, ce qui rend le récit très réaliste. Il s'agit d'un touchant récit
qui rappelle quelles sont les choses importantes dans la vie. Une histoire
teintée d'humour et d'amour pour les femmes et les enfants,
particulièrement Lucette, une jeune cancéreuse. Lucette est d'ailleurs
l'inspiration derrière le titre
C'est la faute à Bono.
On découvre quelques personnages, des amis proches, d'anciens
«compagnons de civière», des patrons, et Monique, avec qui il redécouvre
la vie à deux. Ces personnes qui gravitent autour de lui essayent de lui
faire plaisir entre deux tests de routine et certaines réalités auxquelles
on est confronté en rémission. On apprend sans surprise qu'un corps ayant
reçu de la chimio pendant six mois ne fonctionne plus comme avant.
Pas de bonbon donc, dans ce roman qui se lit tantôt avec le sourire
tantôt avec une boule dans la gorge. Le cancer y est présenté comme une
dure réalité de plus en plus présente dans notre société. L'auteur dévoile
pourtant une nouvelle facette à cette terrible maladie : lui survivre. On
découvre que la rémission est teintée de plusieurs obstacles. Réapprendre
à s'intégrer et à vivre comme on le faisait, là est le véritable défi
après avoir «survécu».
C'est la faute à
Bono, malgré son sujet lourd, fait rire ou sourire avec ses
remarques grinçantes et son humour sarcastique. On finit notre lecture
avec une impression de contentement et non de tristesse. Pierre Gagnon est
décidément un auteur à découvrir, et ses prochaines histoires seront sans
aucun doute très attendues.
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