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Delhi, ville de pouvoir et de diversité
Simon Larouche, étudiant à la maîtrise en histoire, s'est rendu en
Inde à la fin de l'hiver. Ce voyage a été effectué en marge d'un stage de la
Fondation Jean-Charles-Bonenfant de l'Assemblée nationale du Québec, et
visait à comparer les institutions parlementaires québécoises avec celles
d'un autre pays. Quatre
autres stagiaires prenaient part à ce voyage, dont Maude Benoit, une
diplômée de l'UdeS. Dans ce texte, Simon Larouche nous parle de son premier
contact avec le pays.
SIMON LAROUCHE
L'hiver québécois faisait toujours des siennes en février lorsque je suis
arrivé à Delhi, l'une de plus grandes métropoles de l'Inde. Contrairement à
la plupart des touristes, qui visitent le pays pour ses monuments
historiques, ses musées, l'exotisme de ses bazars et la beauté de ses
plages, j'y vais pour faire un autre type de tourisme : du tourisme
politique.
C'est dans le cadre de mon stage de 10 mois à l'Assemblée nationale du
Québec que mes quatre collègues et moi avons entrepris une mission de deux
semaines dont l'objectif premier est d'en apprendre davantage sur l'une des
plus grandes réussites de l'Inde moderne : sa démocratie. Mon séjour a
toutefois dépassé mes attentes. J'ai découvert à Delhi un monde surprenant
où le mot «diversité» prend tout son sens.
Ville de contrastes
Située dans le nord de l'Inde, sur le bord du fleuve Yamuna, Delhi se
révèle un lieu de contrastes. La capitale indienne est à la fois l'une des
villes les plus populeuses – avec ses 13 millions d'habitants – et l'une des
plus spacieuse du monde, l'une des plus polluées et pourtant l'une des plus
vertes. Grâce à ses multiples parcs et ses nombreux ronds-points, rien dans
cette ville ne dépasse plus de trois étages, repoussant ainsi ses limites
géographiques jusqu'aux campagnes éloignées.
Dans ce contexte, j'abandonne rapidement les déplacements à pied et
j'imite les Indiens : je prend un
rickshaw! Ce
véhicule tricycle, à propulsion humaine ou mécanique, fait partie du
quotidien en Inde et s'avère l'un des meilleurs moyens de visiter. Bien
qu'il n'aille pas très vite, le
rickshaw sait
toujours se faufiler dans la pagaille de la circulation automobile et vous
amène très souvent à bon port… quand le chauffeur comprend l'anglais!
Delhi est constituée de deux villes contiguës et complètement
différentes. Il y a premièrement Old Delhi, avec ses bazars, ses rues
étroites et ses merveilles architecturales comme le Fort Rouge et la Jama
Masjid, citadelle et mosquée mogholes construites au XVIIe siècle.
Deuxièmement, il y a New Delhi, création britannique de la première moitié
du XXe siècle, aux larges avenues et aux jardins surprenants et bien
entretenus. C'est évidemment dans New Delhi que se trouvent les quartiers
chics, les ambassades, le Palais présidentiel (Rashtrapati Bhawan) et,
surtout, le Parlement indien, institution que j'ai eu la chance de visiter
durant deux jours.
N'entre pas qui veut dans l'enceinte parlementaire de la plus grande
démocratie au monde. Depuis l'attentat terroriste de 2001, qui fit neuf
morts, les militaires ont investi les lieux et de grandes clôtures ont été
érigées. Heureusement, mes collègues et moi sommes attendus et des cartes de
sécurité nous sont distribuées. L'accueil est fantastique. Nous sommes reçus
non comme de simples étudiants universitaires, mais plutôt comme des
dignitaires québécois. Nous rencontrons des hauts fonctionnaires, nous en
apprenons plus sur les procédures parlementaires et nous assistons aux
travaux de la Lok Sabha et de la Rajya Sabha, les chambres basse et haute du
Parlement indien.
Cette visite nous a donc permis de mieux comprendre les rouages de la
jeune démocratie indienne, mais aussi de constater toute la diversité de la
population qui est représentée au Parlement. L'Inde est après tout un
continent en soit. Le pays se compose de plus d'un milliard d'habitants,
près de 400 langues ont un statut officiel et de nombreuses religions se
côtoient, notamment l'hindouisme, l'islam, le christianisme et le
bouddhisme. Cette diversité culturelle pousse même le globe-trotter français
Jean-Marc Carrière à dire que les plus beaux paysages de l'Inde ne sont pas
les plages de l'Océan indien ou les montagnes de l'Himalaya, mais plutôt les
Indiens eux-mêmes.
C'est sur Main Bazar, rue délabrée d'Old Delhi, que j'ai eu mon premier
vrai contact avec la foule indienne. Main Bazar, ses vendeurs de tout
acabit, ses mendiants, ses vaches sacrées qui ont priorité de passage et ses
embouteillages de
rickshaws, de motos et de charrettes tirées par des boeufs ou des
chevaux. C'est dans cette longue rue commerciale où s'engouffre chaque jour
des milliers d'Indiens de toutes les religions et de toutes les régions que
j'ai apprécié, pour la première fois, le plus ravissant paysage de l'Inde :
sa population.
Le rickshaw,
le moyen de transport par excellence à
Delhi. Les familles s'y entassent pour se rendre d'un bout
à l'autre de la ville, pour quelques roupies seulement.
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Quatre des membres de la mission en Inde : Simon, Maude, Hugo et
Jean-Philippe.
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Une jeune famille indienne se promène sur la «voie royale» à Delhi. En
arrière-plan, le Palais présidentiel
ou Rashtrapati Bhawan. |
Le cricket est l'une des nombreuses religions de l'Inde! Un jeune
musulman y joue ici au pied de la Jama Masjid. |
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