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Liaison, 22 mars 2007

 

 

Une coopérante québécoise du projet D’un fleuve à l’autre au Niger.
Une coopérante québécoise du projet D'un fleuve à l'autre au Niger.

 


Premiers regards sur le Niger

JOSÉE CHARBONNEAU
Étudiante à la maîtrise en environnement

Alors qu'il y a quelques semaines la neige crissait sous mes pas, aujourd'hui mes pieds ont peine à supporter la chaleur du sable orangé qui borde les rues du Niger. Le soleil est ici un incontournable élément du quotidien puisque le pays est actuellement en saison sèche. Pleut-il à l'occasion? Jamais en saison sèche, nous dit-on.

En compagnie de six autres Québécois, je participe au projet D'un fleuve à l'autre voué à la protection des ressources et de l'environnement dans sept villages de la région de Tillabéri. La blancheur de notre peau tente tranquillement de se faire aux conditions climatiques en arborant une couleur dorée, encore bien loin de nous rendre anonymes dans la foule nigérienne. Chacun de nos passages se trouve donc ponctué de «Fofo a nassara!», expression zarma pour nous saluer gentiment sous la forme d'un «Bonjour le Blanc, la Blanche!».

Malgré cette blancheur caractéristique, tous sont heureux de nous inclure dans leurs activités quotidiennes. Cette situation, je l'ai surtout expérimentée à Tillabéri où nous sommes hébergés dans des familles. Au nombre de deux stagiaires par famille d'accueil, nous avons rapidement été accueillis tels des membres de la famille par tous. Un accord tacite a été mis en place afin que chacun puisse profiter de la présence de l'autre : alors que notre famille d'accueil tire profit de notre connaissance de la langue française, nous en profitons nous-mêmes pour élaborer notre vocabulaire zarma, ce qui n'est pas toujours très facile. Tant les parents que les enfants peuvent donc s'amuser des balbutiements qui caractérisent notre apprentissage.

D'ailleurs, ici les enfants ne manquent pas; les femmes ont en moyenne sept enfants et ceux-ci partagent leur temps entre la maison familiale et celles des voisins. Le nid familial s'étend généralement à l'ensemble des maisons de la rue, voire du quartier. À tel point qu'il devient parfois difficile de distinguer les membres d'une famille parmi la panoplie de gens qui fréquentent une maison. Cette proximité entre les gens entraîne une énergie hors du commun et les enfants que j'ai rencontrés ont tous une étincelle de curiosité dans les yeux et le désir d'entrer en contact avec les gens qu'ils rencontrent. Il en ressort une fraîcheur enfantine et une imagination débordante qui laissent place à une spontanéité exceptionnelle. Cette curiosité nous a amenés à leur apprendre certains jeux et pas de danse de chez nous. Par exemple, le limbo a fait de nombreux adeptes parmi les enfants du quartier, dont certains excellent d'ailleurs en ce domaine.

Au niveau professionnel, on se rend rapidement compte que le temps ici est circulaire. Ceci fait en sorte que depuis notre arrivée, il y a plus d'un mois, notre emploi du temps a été presque exclusivement consacré à la visite des villages, de façon à rencontrer leurs chefs. À la suite de cette tournée, nos activités ont pu débuter malgré la restructuration quasi quotidienne de notre agenda. Une seule chose ne change toutefois pas jour après jour : l'attente… En effet, malgré tous les efforts, rien ne peut empêcher les délais entre l'horaire prévu et la réalité!

Cette situation explique sans doute pourquoi on a cru utile d'ajouter, parmi les salutations, une question significative : «Mate souro?» ou encore «Et la patience?». J'ai bien indiqué parmi les salutations puisque celles-ci semblent pouvoir se poursuivre ad vitam aeternam. Il m'est arrivé à l'occasion de croiser des femmes posant une question après l'autre jusqu'à ce que, les yeux remplis de points d'interrogation, je les regarde sans trop bien savoir que répondre. Elles s'esclaffent alors et me laissent poursuivre mon chemin. Il importe de préciser qu'ici, les salutations sont en fait des questions visant à savoir comment va la famille, la maison, la journée ou la soirée, le travail, etc.

En somme, en plus d'avoir appris la patience, nous aurons également eu l'occasion de découvrir bien d'autres choses : la chaleur et la bonne humeur continuelle de chacune des personnes rencontrées incitent à se rendre compte vraiment de tous les petits plaisirs de la vie. Parmi ceux-ci, notons un plaisir que j'ai découvert et qui, pour plusieurs, paraîtra anodin : le bonheur de se laver sous le chaud soleil nigérien de l'après-midi. La sensation simultanée de la fraîcheur de l'eau et de la chaleur du soleil sur la peau est totalement indescriptible. Pendant un bref instant, seul l'environnement immédiat importe et d'un coup, on se sent totalement revivifié. De nombreux autres moments individuels deviennent ainsi délectables, surtout lorsqu'on a accepté que rien n'arrive en temps prévu. On s'aperçoit alors que chacun des moments d'attente entre deux activités n'est qu'une occasion de plus pour se détendre ou se ressourcer. Au Niger, chacun prend bien le temps de vivre!

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