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Liaison, 8 mars 2007

Entrevue avec le doyen Daniel Proulx

La force de l'innovation
propulse la Faculté de droit

Propos recueillis par ROBIN RENAUD

Le doyen Daniel Proulx est un homme visiblement ravi du succès que connaît la Faculté de droit depuis deux ans. «Ébloui» est le terme qu'il emploie pour décrire son sentiment face à la hausse du nombre d'inscriptions. Une croissance «phénoménale», ajoute-t-il, avant d'aligner des chiffres qui parlent d'eux-mêmes et qui démontrent l'effervescence qui anime la Faculté. Bref, des statistiques qui expliquent un succès qui ne laisse personne indifférent dans le réseau universitaire.

 

Photo de Daniel Proulx.
Daniel Proulx

Forte croissance

Parmi l'ensemble des facultés de l'Université, celle de droit domine au chapitre de la croissance de son effectif étudiant. Depuis 2004, les programmes de 1er cycle ont attiré 32 % plus d'étudiantes et d'étudiants. Au 2e cycle, la hausse est de 53 % et au 3e cycle, de 34 %. Tous cycles confondus, l'augmentation est de 35 %.

«Au chapitre des inscriptions aux études supérieures, nous sommes passés du 4e au 2e rang parmi les universités québécoises, derrière l'Université de Montréal. Il faut dire que la hausse particulièrement marquée au 2e cycle s'explique en grande partie par nos succès à Longueuil, où les trois programmes que nous proposons fonctionnent très bien», dit Daniel Proulx. Ces programmes concernent d'une part la nouvelle formule du diplôme de droit notarial, d'autre part, la maîtrise en droit et politiques de la santé et enfin, le diplôme et la maîtrise en prévention et règlement des différends.

En fait, le doyen souligne que la croissance constatée depuis 2004 a permis de dépasser des objectifs qui devaient être atteints au terme d'une période de quatre ans. Pour y parvenir, Daniel Proulx a cherché à mettre en place les conditions requises pour déployer les programmes aux cycles supérieurs. «Le virage vers les études supérieures était notre 1er objectif. Traditionnellement, notre faculté était perçue comme une faculté surtout axée sur la formation professionnelle et les programmes de 1er cycle. Mon prédécesseur avait préparé la mise en place de nouveaux programmes, mais le défi était d'y attirer des étudiants. C'est pourquoi on a retravaillé, raffiné et ajusté ces nouveaux programmes en éliminant certains irritants et en augmentant les éléments de valeur ajoutée. Le succès a été immédiat», dit-il.

Des programmes novateurs

Si le doyen compte développer les cycles supérieurs, il ne faut surtout pas croire que cela se fait au détriment des programmes de formation initiale. La Faculté de droit continue d'attirer une part plus qu'appréciable d'étudiantes et d'étudiants au 1er cycle. «Nous attirons des étudiants qui recherchent à la fois une qualité de formation reconnue avec une bonne dose d'apprentissage pratique. Nous offrons des cours en petits groupes de 60 à 65 places, avec des professeurs accessibles. Notre qualité d'enseignement porte ses fruits puisque nos étudiants réussissent très bien aux examens du barreau où ils figurent toujours dans le peloton tête», dit-il.

La Faculté connaît par ailleurs beaucoup de succès avec son nouveau programme de 1er cycle en droit au régime coopératif. La formule permet d'attirer des candidats de grande qualité, issus de plusieurs milieux. «Plusieurs étudiants auraient pu choisir un autre domaine d'études, mentionne le doyen. Toutefois, la possibilité d'alterner les études et le travail en cabinet en a convaincu plusieurs de choisir le droit.»

D'autres programmes ont été également améliorés, notamment en offrant un cursus conjoint de quatre ans qui combine les 1er et 2e cycles. Un tel parcours est offert dans une concentration droit et MBA dorénavant offerte en régime coopératif, et un autre en droit et biotechnologie. Ce dernier programme requiert une formation scientifique. «Auparavant, il s'agissait d'un baccalauréat uniquement. Pour le hisser au niveau de la maîtrise, certains cours ont donc été enrichis et les étudiants doivent désormais produire des essais. Ce changement a permis de doubler le nombre de demandes d'admission», dit Daniel Proulx, signalant que ce programme est unique au pays.

Le diplôme de 2e cycle en common law et droit transnational est un autre exemple de programme novateur visant à répondre aux besoins de mobilité des étudiants, dans un contexte de mondialisation des échanges. Ce programme a également été rehaussé au niveau de la maîtrise, sous la forme d'une école d'été, provoquant là aussi une hausse notable des inscriptions.

Au chapitre des études supérieures, mentionnons aussi que la Faculté offre depuis 2005 un programme de maîtrise en droit et que le doctorat est donné en extension avec l'Université Laval. La Faculté vise bien sûr à offrir bientôt son propre programme de doctorat.

Popularité du notariat

Le droit notarial connaît actuellement une grande popularité. «On voit les effets de la campagne publicitaire mettant en vedette Pierre Légaré. Cela a contribué à une hausse significative de l'intérêt pour la profession», dit Daniel Proulx. En plus de revamper l'image de ses membres, la Chambre des notaires souhaitait amener les facultés de droit de la province à mettre en place de nouvelles stratégies pédagogiques. «Il y avait là une opportunité et nous avons pris le train qui passait en lançant un programme radicalement différent à Longueuil, qui recourt beaucoup aux technologies de l'information et à l'approche par situations professionnelles. Sans publicité, notre programme a connu un succès immédiat», poursuit-il. De plus, le programme propose une alternance travail-études en simultané. Ainsi, les étudiantes et étudiants suivent leur cours en après-midi et effectuent leur stage en cabinet l'avant-midi.

Trois virages

Forte de ses succès, la Faculté de droit ne manque pas de projets pour les prochaines années. L'expansion du corps professoral est l'un des défis auxquels compte s'attaquer l'équipe de direction. La Faculté espère être en mesure d'ajouter à court terme plusieurs postes à l'équipe qui compte actuellement une trentaine de professeurs, afin de mieux répondre aux besoins générés par la croissance des programmes et d'être en mesure de se tailler une place en recherche.

Quand il parle d'avenir, le doyen Daniel Proulx évoque également trois virages qui selon lui doivent être pris dans les prochaines années. Le 1er de ces virages est de faire une plus grande place aux activités de recherche subventionnée. «À ce chapitre, notre faculté est le parent pauvre à l'UdeS. Nous sommes également en retard face aux autres facultés de droit. Cela s'explique par l'orientation professionnelle qui a traditionnellement caractérisé nos programmes depuis les débuts», dit-il.

Le 2e virage à emprunter est celui de la formation continue, en vue de conjurer la dénatalité, et d'assurer l'avenir à long terme de la Faculté. «C'est clair qu'il y aura moins d'entrées au 1er cycle éventuellement en raison de la décroissance de la population. Nous devons offrir des programmes qui permettront aux professionnels de se tenir à jour, d'ajouter une corde à leur arc, ou de se recycler», poursuit-il. Le doyen donne l'exemple de microprogrammes de formation continue touchant à la médiation pour illustrer son propos.

Enfin, le virage international est le 3e que compte prendre la Faculté de droit. Déjà, le programme en droit transnational témoigne de cette volonté, «mais il faut aller au delà de ça», insiste Daniel Proulx. Il compte favoriser les échanges internationaux, par exemple en édifiant des programmes conjoints, notamment avec des universités européennes.


Enjeux d'actualité

Les questions de droit et de justice meublent constamment l'actualité. En complément au texte ci-dessus, nous avons demandé au doyen Daniel Proulx de donner son point de vue sur des enjeux touchant le domaine juridique et la place du droit dans notre société.

Liaison : On associe souvent droit et justice; notre société a-t-elle tendance à devenir de plus en plus juste?

Daniel Proulx : Le droit est un outil indispensable de justice. C'est le rempart contre l'arbitraire que notre civilisation s'est donné pour lutter contre l'injustice du pouvoir absolu. Cela dit, est-ce qu'on réussit à atteindre la justice parfaite? Si on recule dans le temps, la société d'aujourd'hui paraît plus juste. La vie d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celle sous le régime seigneurial. Plus près de nous, il faut se souvenir que les femmes ont obtenu le statut de personne majeure seulement en 1964. Cet exemple démontre que l'évolution de la société suit l'évolution du droit. Le droit confirme les tendances sociales et en provoque de nouvelles. En ce sens, le droit fait œuvre de justice. Mais le droit n'est pas suffisant pour atteindre la justice. L'éducation joue un rôle irremplaçable à cet égard.

Liaison : Devrait-on présenter des images de procès dans les médias?

D. Proulx : Je suis personnellement très réfractaire à cela. Il est très dangereux de sombrer dans une justice-spectacle, qui est tout sauf de la justice. Si on veut que le procès soit juste aux yeux du public, il faut que ce dernier l'ait suivi dans son entier, ce qui est rarement le cas. Le risque de dérapage vers le spectacle au détriment de la justice est très grand. La justice est très bien servie avec des reportages tels qu'ils sont faits actuellement. Il faut aussi considérer que d'aller témoigner en cour est très exigeant pour une personne. Ajouter des lentilles de caméra augmenterait le stress au détriment de la recherche de la vérité qui est le but d'un procès.

Liaison : Mais la Cour suprême a ouvert la porte en diffusant certaines séances…

D. Proulx : Au niveau de la Cour suprême, c'est moins délicat, puisque les procédures qui sont télévisées n'impliquent ni témoins ni présentation de preuves. On y débat d'arguments juridiques de haut niveau qui touchent moins le côté émotif du public.

Liaison : Le processus de nomination des juges est-il suffisamment indépendant?

D. Proulx : La nomination des juges est constitutionnellement un pouvoir de l'exécutif, donc, du premier ministre. C'est un accroc au principe de base de l'indépendance du judiciaire. Le pouvoir politique peut en profiter pour nommer des juges complaisants. Cependant, un juge nommé de façon partisane ne va pas nécessairement camper systématiquement du côté des idées de ceux qui l'ont nommé puisque, une fois en place, il bénéficie d'une indépendance réelle. Présentement, le gouvernement fédéral veut accentuer cette tendance à nommer des juges plus favorables à ses politiques, en incluant des policiers, ou des représentants de victimes d'actes criminels. À l'instar de plusieurs intervenants du domaine de la justice, je trouve cela regrettable. Cela dit, il faut reconnaître qu'il y a toujours eu une certaine influence politique dans la nomination des juges au pays.

Liaison : Les politiciens ont-ils tendance à confier aux tribunaux la prise de décisions difficiles?

D. Proulx : Bien sûr! Le cas le plus célèbre est celui de Robert Bourassa qui, plutôt que de trancher la question des lois linguistiques, a laissé traîner des dossiers jusqu'en Cour suprême, pour ensuite ajuster in extremis sa législation. Avec l'arrivée des chartes de droits fondamentaux, notre conception de la démocratie a évolué en sorte que, comme majorité, nous nous sommes interdits de prendre des décisions qui bafouent la dignité humaine. C'est pourquoi, dans plusieurs cas, il nous faut une analyse de second degré pour trouver l'équilibre entre les droits individuels et les intérêts de la majorité. La société se donne des principes, mais il faut un arbitre neutre et impartial pour trancher dans les cas difficiles, et c'est ce rôle qui est confié au juge. Cela survient quand des droits s'affrontent, par exemple le droit à la liberté religieuse face aux normes du travail. Le juge demeure la personne la mieux outillée pour trancher ce genre de conflit de façon impartiale.

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