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Liaison, 22 février 2007

 

 

Le lieu où aller chercher l'eau
Le lieu où aller chercher l'eau

Enfants de Cruz Quemada
Enfants de Cruz Quemada

 


Sweet home Cruz Quemada

Gaëlle Chavignot-Geoffroy, Catherine Gardner-Fortier, Myriam Paquette et Annie Ouellet sont quatre étudiantes de 3e année du baccalauréat en écologie de l'Université de Sherbrooke. Elles ont récemment séjourné au pays des Mayas pour y mener un projet dans le cadre d'un voyage dans une région éloignée et montagneuse à forte population autochtone, Huehuetenango. L'une d'entre elles relate son expérience.

ANNIE OUELLET

Je suis arrivée au Guatemala remplie d'enthousiasme, de joie, de craintes, mais surtout avec la volonté d'améliorer un peu les choses. Cette expérience de quatre mois, où je serai confrontée à une tout autre réalité que la mienne, a pour but de m'initier au travail d'écologiste communautaire. C'est à Huehuetenango, ville reculée des hautes terres du Guatemala, que débuta mon expérience en compagnie de trois autres étudiantes du baccalauréat en écologie de l'Université de Sherbrooke. Cette région fut récemment le principal champ de bataille de l'armée et de la guérilla durant les 36 ans qu'a duré la guerre civile.

Je côtoie depuis déjà deux mois le mode de vie traditionnel d'une communauté parmi les plus pauvres du pays. C'est ici, à Cruz Quemada, un village perché à 2200 m d'altitude, que je découvre la vraie culture maya moderne. Les femmes portent toutes leur costume typique : el corte, une pièce de tissu de laine tissée à la main au prix de nombreuses heures de travail, s'enroule autour de la taille et s'attache au moyen d'une ceinture de toile. Elles portent également une chemise assez ample, colorée, brodée de fleurs au collet, qui permet d'y dissimuler portefeuille, monnaie, pièce d'identité et… téléphone cellulaire. Le rebozo, long morceau de tissu qui sert à transporter les enfants en bas âge directement sur le dos, est également employé par toutes les femmes. Les hommes, quant à eux, sont plus occidentaux, mais portent tous leur chapeau de cow-boy et leur sacoche tissée. Ils ne manquent pas de se saluer en mam, un dialecte indigène guttural et incompréhensible, dès qu'ils croisent quelqu'un sur leur chemin. Parfois, j'en aperçois même, machette à la main, aller travailler au champ. Ici, c'est l'agriculture de subsistance qui domine. Chaque maison possède son petit champ de maïs, ses quelques arbres fruitiers (avocats, pamplemousses, limes, huiskils); son potager, ses poules, cochons, dindons, qui se promènent en liberté. Parfois, un âne, une vache, des moutons…

Ce sont les femmes qui sont responsables des repas. Trois fois par jour, elles vont moudre le maïs récolté pour en faire une farine et façonner des tortillas, qu'elles feront cuire sur le feu de bois. Ceci est la base de l'alimentation, parfois agrémentée de poulet, d'œufs, mais plus souvent de frijoles (fèves rouges).

Une fois par semaine, je quitte la quiétude de la vie au village pour aller faire le plein de provisions au marché de la ville, puisqu'à Cruz Quemada, il n'y a qu'une petite tienda où se vendent consommé de poulet, bougies, savon et sucreries.

Tout comme il y a de cela bien longtemps au Québec, les Guatémaltèques fréquentent les grands marchés publics pour faire leurs emplettes. Dans une ambiance plutôt bourdonnante, nous y retrouvons des pâtisseries, des vêtements et chapeaux, des produits nettoyants, des vendeurs de légumes, des bouchers dépeçant leur bête devant nos yeux et bien d'autres choses encore. C'est une occasion unique de s'imprégner de la culture du Guatemala, avec toutes ses coutumes, ses odeurs, ses couleurs. Pour 17 quetzales par exemple, environ 2,50 $, il est possible de s'offrir 10 livres de tomates ou un repas complet au restaurant, boisson incluse, ou un foulard tissé à la main, ou encore deux gros melons d'eau ou 34 oranges; à condition de les marchander, bien entendu.

Dans la rue, nous assistons à la même agitation ou presque. Des voitures à la tonne, circulant pêle-mêle dans les rues, sans code particulier. Des cyclistes publicistes, des cireurs de chaussures à tous les coins de rues, des vendeurs ambulants de crème glacée, de fruits, de bonbons; des autobus publics colorés dégageant tous une épaisse fumée noire. On s'y croirait en plein festival. Tout semble si actif à la ville, et pourtant le rythme général du pays est si lent.

Après l'épopée du marché, c'est chargée de gallons d'eau pure, du cylindre de gaz et de toute la nourriture pour la semaine que je rentre à Cruz Quemada. Cette balade pour le moins saisissante se déroule dans la boîte arrière d'un pick-up chambranlant, le long d'une route de terre battue qui sillonne la crête des montagnes. Nombreux sont les enfants qui rêveraient d'un tel manège au Québec! Ici, ce n'est rien de plus qu'un transport en commun extrême qui fait partie de la vie quotidienne des habitants.

Malgré la vie simple des gens de la communauté, les fêtes sont toujours d'une grande importance. C'est le moment, pour les femmes, de préparer un grand repas commun, pour les hommes, de discuter entre eux, et pour certains autres, peu nombreux, de danser au son exotique du marimba, joué sans interruption durant 24 heures, comme la coutume l'exige. Ma curiosité m'a poussée à apprendre les rudiments de la danse maya lors de la fête de l'Indépendance, le 15 septembre. Je n'ai pas eu droit à une simple démonstration, mais plutôt à un cours interminable de 45 minutes. À noter que je maîtrise maintenant parfaitement LE pas de danse maya.

Ce qui touche le plus ici, surtout dans un village aussi pauvre et reculé que celui de Cruz Quemada, c'est la générosité des gens, qui malgré leur pauvreté extrême, sont toujours souriants, accueillants et prêts à partager leur quotidien. C'est ce qui m'aide à traverser les moments les plus difficiles, où je me sens complètement impuissante, et ce dont je me souviendrai, de retour chez moi.

¡Que le vaya bien!

Ville de Huehuetenango
Ville de Huehuetenango

Des musiciens dont un joueur de marimba
Des musiciens dont un joueur de marimba

 

Deux femmes préparent des feuilles pour les tamales
Deux femmes préparent des feuilles pour les tamales

Nous quatre et une vendeuse de fleurs
Nous quatre et une vendeuse de fleurs

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