Les numéros
de Liaison

5 juillet 2007 (no 20)
14 juin 2007 (no 19)
24 mai 2007 (no 18)
3 mai 2007 (no 17)
12 avril 2007 (no 16)
22 mars 2007 (no 15)
8 mars 2007 (no 14)
>22 février 2007 (no 13)
8 février 2007 (no 12)
25 janvier 2007 (no 11)
11 janvier 2007 (no 10)
7 décembre 2006 (no 9)
23 novembre 2006 (no 8)
9 novembre 2006 (no 7)
26 octobre 2006 (no 6)
12 octobre 2006 (no 5)
28 septembre 2006 (no 4)
14 septembre 2006 (no 3)
31 août 2006 (no 2)
17 août 2006 (no 1)
1993-1994 à 2005-2006

Les photos de l'année

Les photos 2005-2006
Les photos 2004-2005

Calendrier des parutions 2006-2007

L'équipe des publications Liaison

Liaison-région
Liaison-recherche
Liaison-Longueuil
Liaison-santé
Liaison-médias
Information sur Liaison
Pour nous joindre


 


 

Liaison, 22 février 2007

 

 

Photo : archives de Liaison

 


Liaison : 40 ans d'actualité

1979 : Le projet Enerbois face au choc pétrolier

Au tournant des années 80, alors que sévit une importante crise énergétique, un projet pilote est envisagé à l'Université afin de trouver des alternatives à la consommation de mazout. Le but du projet est de brûler les stocks de bois résiduels qui peuvent être disponibles dans la région de l'Estrie, tout en cherchant des moyens de maximiser l'efficacité énergétique de ce combustible. Au chapitre de l'environnement, le projet visait également à donner un coup de pouce aux producteurs de bois. On leur permettait de mieux aménager la forêt en les débarrassant des espèces moins rentables. Voici ce que les lecteurs de Liaison pouvaient lire en 1979.

Brûler du bois pour en récupérer toute son énergie est évidemment moins dispendieux que du mazout.

Ce truisme, aillé à l'énorme quantité de bois inutilisée en Estrie, est à la base du projet Enerbois, projet qui sera réalisé au cours des prochains mois par le groupe d'énergie de l'Université dirigé par le professeur Esteban Chornet, docteur en génie chimique. Il permettra à la chaufferie de l'Université de Sherbrooke de consommer du bois, remplaçant ainsi une partie du mazout utilisé.

Subventionné par la Direction générale de l'énergie du ministère des Ressources naturelles (50 000 $), le Syndicat des producteurs de bois de l'Estrie et l'Université de Sherbrooke, Enerbois est une étude des différentes solutions de rechange que le groupe d'énergie doit analyser une à une compte tenu des facteurs économiques. Faut-il le pulvériser avant de le brûler, l'envoyer en gaz dans les chaudières existantes ou dans des chaudières modifiées... telle est, en substance, l'étude.

«Au préalable, explique le professeur Chornet, on a demandé à un groupe de chercheurs de l'Université d'examiner s'il y avait quelques applications potentielles pour le bois non commercial de la région. J'ai suggéré, à cause de la crise énergétique qui prévaut, d'analyser la possibilité de transformer ce bois en source d'énergie directe ou indirecte. Un premier projet, dans le cadre d'ENFOR (Energie Forêt), a été refusé par le gouvernement fédéral, non à cause de sa non-applicabilité, mais plutôt à cause de la qualité des projets qui lui faisaient concurrence. Ensuite, c'est à Québec, à la Direction générale de l'énergie, qu'un autre projet, Enerbois, a refait surface. C'est une étude de possibilité de production d'une partie de nos besoins énergétiques dans la chaufferie de l'Université de Sherbrooke moyennant l'utilisation du bols», ajoute le professeur Chornet.

Actuellement, la chaufferie consomme un million et demi de gallons de mazout annuellement, ce qui représente une jolie facture (sans compter que les prix sont à la hausse).

A priori, ça ne me semble pas une bêtise économique d'aller à une réalisation totale du projet. Cependant pour prouver les points technologique et économique on débutera par une première phase qui vise une analyse méthodique des possibilités, des alternatives technologiques, pour atteindre notre objectif, c'est-à-dire remplacer partiellement le mazout par le bois. (…)

Le projet se référera, par soumission, à un groupe d'ingénieurs-conseils du Québec, de façon à ce que l'expertise ne soit pas uniquement universitaire, mais rayonne sur le Québec tout entier.

Si cette étude s'avère intéressante, et les réponses a priori sont justifiables, la deuxième phase sera déclenchée. On procédera alors à un design définitif d'une installation qui sera considérée comme prototype. S'ensuivra la troisième phase, soit la construction et la mise en service pendant une année, de ce prototype. L'Université agirait alors comme centre de démonstration de ce type de technologie, de dire le professeur Chornet.

L'Université, sa chaufferie plus précisément, serait un grand laboratoire de démonstration. Le projet vise à remplacer systématiquement 20 à 25 % du mazout par du bois. Les opérations consistent à aller chercher le bois, à le préparer convenablement (comment? l'étude le dira), à le stocker et à le transformer directement ou indirectement... Enerbois analyse la possibilité d'utiliser le potentiel forestier de la région comme source énergétique pour le marché institutionnel, donc de créer une situation économique d'exploitation des forêts, de préparation du bois, de transformation qui serait tout à fait nouvelle car à l'heure actuelle rien du genre n'est utilisé.

«Une substitution totale du mazout est impensable. Mais par contre il est possible, si je transforme mon intuition en chiffres, d'aller chercher de 20 à 25 % de nos besoins énergétiques dans le bois», ajoute le professeur Chornet. Cette solution permettrait une économie annuelle de 300 000 à 400 000 gallons, soit entre 250 000 $ et 300 000 $. «Pas une économie, spécifie le professeur Chornet, mais plutôt une injection financière du même ordre dans la région.»

Il ne faut surtout pas penser, dans la vie courante, à une substitution totale du mazout par le bois. Le combustible (gaz, propane, pétrole ou mazout) est là pour demeurer. «Dans les maisons? Non. Je ne le pense pas. Les combustibles actuels sont excellents, occupent peu de place et ont un réseau de distribution bien établi. Il n'y a pas vraiment (actuellement) d'application possible dans le petit marché. On peut déjà mettre 15 % d'alcool dans les moteurs des voitures sans changer la performance. Au-delà de 15 %, les changements de performances se font sentir. Je cite le cas de l'alcool, mais on pourrait éventuellement produire des hydrocarbures sans passer directement par l'alcool.»

Dans 20 ans, 30 ans peut-être, de tels mélanges seront nécessaires, car les ressources de pétrole ne sont pas intarissables. Les nouvelles découvertes de nappes de pétrole ne font que retarder l'échéance. On sait, d'ores et déjà, qu'il faut s'orienter vers des ressources renouvelables.

Le bois ne sera jamais en fait un substitut complet. Même au Canada nous ne pourrions l'utiliser parce qu'il n'y en a pas assez. «Au Québec, nous visons que 2 % de nos énergies proviennent de ressources renouvelables d'ici les années 90, enchaîne le professeur Chornet. Ceci implique qu'environ 3 % de nos hydrocarbures seront, en fait, remplacés par le bois d'une part et la tourbe également.»

Ce projet est un élément important dans le renouvellement du bois. En extirpant des forêts les mauvaises essences, il sera désormais possible, si Enerbois se révèle concluant et rentable, de former une sylviculture intelligente.

«On peut certes faire une démonstration intéressante avec Enerbois au niveau de la chaufferie, mais le projet aurait des répercussions fort importantes au niveau de l'aménagement forestier de la région», de conclure Esteban Chornet.

Retour à la une

 

 

LIAISON est une
publication de
l'Université
de Sherbrooke

 

Éditeur :
Charles Vincent

Local F1-113,
Pavillon J.-S.-Bourque

(819) 821-7388

Liaison@USherbrooke.ca