Malgré cela, pas question de s'asseoir sur ses lauriers, car
les défis ne manquent pas pour la FEPS. Le doyen espère recevoir la
confirmation du principal projet de son administration, soit de doter la
faculté de nouveaux locaux mieux adaptés aux besoins des professeurs et des
étudiants.
Priorité facultaire
La construction d'un nouveau pavillon contigu au centre
sportif est actuellement étudiée par la direction de l'Université, et
constitue selon Paul Deshaies la priorité de la FEPS. L'édifice comprendrait
toutes les commodités requises pour faire face à la croissance des besoins,
grâce à l'ajout de nouveaux plateaux sportifs, bureaux de professeurs,
laboratoires, salles de cours et amphithéâtre. L'ensemble des activités
facultaires y serait donc déménagé. «Ce projet est à mon point de vue une
nécessité. Notre espoir de voir sa concrétisation s'était estompé quelque
peu au cours des dernières années puisque le dossier s'est trouvé en
concurrence avec la construction du Pavillon des sciences de la vie et le
nouvel édifice de Longueuil. Cependant, le dossier est maintenant plus actif
que jamais et pour mon chant du cygne, je serais plus que satisfait de
pouvoir quitter avec un engagement de l'Université de réaliser ce projet»,
confie Paul Deshaies. La question du financement d'un tel projet reste
toutefois à préciser, mais plusieurs hypothèses sont envisagées, laisse-t-il
entendre.
Une référence dans le réseau universitaire
Il y a quelques années, le doyen Deshaies se donnait pour
mission de faire de la FEPS la référence au Québec dans son domaine. Il
considère aujourd'hui que l'atteinte de cet objectif est proche : «C'est
déjà bien amorcé. Nous n'avons pas fait d'enquête scientifique à ce sujet,
mais l'évolution des demandes d'admission, et la hausse du niveau de la
qualité des étudiants qui souhaitent venir chez nous a connu une progression
remarquable. De plus, dans le domaine de la kinésiologie, plusieurs
entreprises engagent exclusivement des diplômés de l'UdeS, en raison de leur
expérience et des stages qu'ils ont pu réaliser grâce au régime coopératif.»
Paul Deshaies attribue également cette bonne réputation auprès
des employeurs à la capacité de la FEPS de s'adapter aux besoins de la
société. «Nous nous démarquons par les liens qu'on entretient avec les
employeurs et à la rapidité avec laquelle on s'ajuste aux besoins du milieu.
Tout cela se sait, et en plus, cela paraît dans le profil de nos étudiantes
et étudiants. Nos diplômés sont de très bons vendeurs pour nous», dit-il.
Défis à relever
Forte de ses succès, la Faculté se prépare néanmoins à
affronter des défis importants qui font actuellement l'objet de réflexions.
Le premier de ces défis sera d'assurer une certaine continuité alors que
40 % du corps professoral est appelé à se renouveler d'ici trois ans. En
effet, il pourrait y avoir huit départs à la retraite parmi la vingtaine de
professeurs dans les prochaines années.
«Il nous faut donc préciser l'orientation du développement de
nos créneaux forts et prévoir l'embauche de nouveaux professeurs qui
permettront de continuer de les faire progresser. Nous exerçons un
leadership certain sur certains créneaux de recherche. C'est le cas
notamment en intervention éducative où une équipe de six professeurs bien
financés mène des travaux. La recherche sur les lésions
musculo-squelettiques et sur l'activité physique et le vieillissement
comptent également parmi nos domaines d'excellence», explique le doyen.
Par ailleurs, un autre défi sera d'augmenter l'attrait des
programmes de 2e et 3e cycle auprès des étudiantes et étudiants. «Il faut
essayer de faire davantage pour aiguiller nos étudiants de 1er cycle vers
les activités de recherche, explique Paul Deshaies. Évidemment, plusieurs
sont attirés par les offres d'emplois qu'ils reçoivent après le
baccalauréat, mais il faut aussi faire savoir que les possibilités de
carrière universitaire seront plus grandes au cours des prochaines années.
Il faut aussi mieux mettre en valeur nos chercheurs et les projets qu'ils
mènent.»
La Faculté a d'ailleurs mis sur pied un programme de
financement avec le fonds départemental de recherche. Chose sûre, le doyen
considère que la présence d'étudiants aux cycles supérieurs est primordiale
pour stimuler les activités de recherche et en dynamiser les processus.
Agir sur le terrain
En plus d'être bien arrimée avec les besoins du marché du
travail, la FEPS se démarque également par ses projets qui permettent aux
étudiants et chercheurs d'intervenir directement auprès de la population,
que ce soit en santé ou dans la gestion des loisirs. Le partenariat avec le
programme Québec en forme en est un exemple concret. La Faculté a le mandat
de former l'ensemble des intervenants de partout en province qui agissent
auprès de jeunes inscrits dans diverses organisations sportives locales. Par
ce projet, la formation rejoint une palette très large d'intervenants,
allant des jeunes adultes aux personnes retraitées, et qui souvent agissent
en milieu défavorisé.
Dans un tout autre
registre, la Faculté possède une clinique de kinésiologie complètement
rénovée, qui sera inaugurée d'ici quelques semaines. L'aménagement des
locaux a été complété l'été dernier. Il s'agit d'un laboratoire important en
formation et exercices thérapeutiques. La clientèle de la clinique est
nombreuse et les services sont offerts à toute la population. Plusieurs des
patients sont d'ailleurs référés par des médecins de la région. L'approche
kinésiologique vise à traiter des problèmes musculo-squelettiques
chroniques, par certains programmes d'exercices thérapeutiques. Le lancement
officiel de la clinique aura lieu dans les prochaines semaines.
Nouveau départ
À quelques mois de la retraite, Paul Deshaies espère que la
nomination de son successeur se fera dès le printemps, histoire de bien
amorcer la transition. À l'été, il passera à une autre étape de sa vie, mais
sa passion du sport ne sera jamais bien loin. «J'adore ce que je fais
présentement et j'ai eu beaucoup de plaisir durant toute ma carrière à
l'Université, dit-il. Quand ce sera terminé, j'aurai beaucoup de plaisir à
faire ce qui viendra après. J'ai des projets qui touchent au basketball tant
au niveau québécois et canadien qu'international. Je continuerai de donner
de la formation dans ce domaine. Aussi, je compte faire des travaux de
traduction dans le milieu du sport. Traduire des documents scientifiques et
techniques est une activité intellectuelle qui me permet de rester à l'affût
de ce qui se passe dans mon champ d'expertise.» Paul Deshaies prévoit aussi
rester disponible pour s'impliquer dans certaines organisations sportives
locales. «Si on veut de mes services, dit-il, je serai là, mais je n'entends
pas imposer ma présence.» Enfin, il espère aussi avoir plus de temps pour
s'adonner au vélo et au golf, et qui sait, réduire son handicap!
Enjeux d'actualité
Notre mode de vie sédentaire et le manque d'activité physique d'une
bonne part de la population est source de débats. En complément au texte
ci-dessus, nous avons demandé au doyen Paul Deshaies de donner son point
de vue sur quelques questions qui interpellent les spécialistes de la
Faculté d'éducation physique et sportive.
Liaison
: La forme physique des Québécois est-elle pire aujourd'hui qu'il y a
20 ans?
Paul
Deshaies : Au niveau des adultes, je dirais qu'elle est
meilleure qu'autrefois. C'est plus inquiétant quand on regarde la forme
chez les jeunes. Les statistiques parlent d'elles-mêmes : le taux
d'obésité augmente beaucoup et la jeune population est beaucoup plus
inactive. C'est inquiétant pour l'avenir, mais je demeure quand même
optimiste. Je pense que les circonstances vont faire que de plus en plus
d'adultes et les nouveaux parents seront sensibilisés à l'importance de
l'activité physique. Or, l'acquisition des saines habitudes passe non
seulement par l'école, mais aussi par la famille.
Liaison
: Faudrait-il taxer les jeux vidéo et retirer les taxes sur les articles
de sport?
P. Deshaies : Je pense
qu'il devrait y avoir des crédits d'impôt pour les gens qui s'inscrivent
à des activités sportives et des exemptions de taxes pour les gens qui
achètent des articles de sport. Il faut augmenter les occasions pour les
jeunes d'être initiés à l'activité physique et surtout, il faut que ces
opportunités leur procurent du plaisir.
Liaison
: Avec les cas de dopage et les millions de dollars à l'enjeu, est-ce
que le sport de haut niveau présente un bon modèle aux jeunes?
P.
Deshaies : La question est embêtante. La recherche
d'excellence est certes une valeur à véhiculer, mais les notions
éthiques doivent aller de pair. On accorde aux succès sportifs une
valeur sociale si importante qu'on oublie de coupler ça à des valeurs
éthiques. Les gestes répréhensibles devraient être punis, mais dans
certains cas, il y a un laisser-aller.
Aussi, une des problématiques, c'est que les programmes
sportifs compétitifs organisés sont trop hâtifs. Rien qui presse pour
mettre un enfant de six ou sept ans en compétition. Les ligues et
championnats ne devraient arriver qu'à l'adolescence. Ça éviterait que
certains enfants se sentent exclus et abandonnent le sport parce qu'ils
performent moins que leurs camarades.
Liaison
: Dans une ville comme Sherbrooke, est-il normal qu'on trouve des écoles
qui n'ont pas de gymnase digne de ce nom? Y a-t-il suffisamment de
plateaux sportifs?
Paul
Deshaies : Il n'y en a jamais assez. On questionne souvent la
présence des infrastructures, mais si les jeunes font peu de sport, ce
n'est pas nécessairement faute d'installations ou de proximité. Cela
dit, non, ce n'est pas normal que certaines écoles n'aient pas de salle
de sport adéquate. D'ailleurs, à l'école, il n'y a certainement pas
assez d'éducation physique. De l'exercice structuré sur une base
quotidienne est une nécessité. Il est prouvé que l'exercice physique
rend les gens plus productifs et peut avoir des effets positifs sur les
résultats scolaires. L'ajout d'une heure d'éducation physique par
semaine au primaire est un pas dans la bonne direction, mais il faudrait
faire plus. Et faire de même au secondaire et au collégial. |
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