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Liaison, 8 février 2007
À l'avant-garde et à l'avant-scène
Josée Beaudoin
Pour se rendre à son bureau de vice-doyen aux études médicales
prédoctorales, Paul Grand'Maison passe chaque matin devant la mosaïque
de 1973 où il figure comme fier diplômé en médecine. Même statique, en noir
et blanc, on le devine dynamique et coloré. Dès qu'on le rencontre, on se
rend compte qu'on ne s'est pas trompé. L'enthousiasme et la fierté d'alors
sont toujours là, tant dans l'œil que dans le discours.
En poste à l'Université de Sherbrooke depuis 1976, il dit qu'il fait
partie des meubles. En regardant son parcours, disons plutôt qu'il fait
partie de l'histoire. En effet, ce docteur pédagogue a non seulement été
témoin de l'évolution de la Faculté de médecine, il a été – et continue
d'être – un acteur de changement très important.
Professeur ou médecin?
Au collège, Paul Grand'Maison hésitait entre devenir professeur ou
médecin. À l'université, il est devenu les deux. Fort d'une maîtrise en
éducation médicale obtenue en 1981 qui a influencé tout son cheminement, il
fait figure d'expert dans les domaines de la formation professorale, de la
gestion de programmes d'études, de l'évaluation des compétences étudiantes
et de la formation médicale orientée vers les besoins des communautés. Outre
la pédagogie, il a beaucoup travaillé au développement et à la
reconnaissance de la médecine de famille, une discipline qui n'existait
presque pas dans les universités il y a 30 ans et qu'il a lui-même pratiquée
durant toute sa carrière, jusqu'à l'année dernière.
L'homme de toutes les situations
Difficile d'isoler des faits marquants dans sa feuille de route,
puisqu'il relate chaque période de sa vie professionnelle avec le même
débordement d'enthousiasme. Globalement, disons que Paul Grand'Maison a un
don pour l'avant-garde et pour l'avant-scène. Ainsi, au cours des trois
dernières décennies, les postes clés se sont succédé : directeur du Bureau
de développement pédagogique, directeur du Département universitaire et
hospitalier de médecine de famille, directeur du Centre de pédagogie en
sciences de la santé, vice-doyen à la communauté, secrétaire de la Faculté,
vice-doyen aux études médicales prédoctorales.
Aujourd'hui, outre ses fonctions de vice-doyen, il agit comme trait
d'union entre la Faculté de médecine et l'Organisation mondiale de la santé
(OMS). C'est d'ailleurs lui qui est à la base de la collaboration née
en 2001 entre les deux entités. Habituellement, l'OMS reconnaît seulement
une section ou un programme comme centre collaborateur, mais grâce à la
détermination de Paul Grand'Maison, c'est toute la Faculté de médecine de
l'Université de Sherbrooke qui s'est vu reconnaître cet honneur. Il existe
quatre centres similaires sur le développement des ressources humaines dans
le domaine de la santé en Amérique du Nord, et les trois autres sont aux
États-Unis.
Et comment définit-il ce travail de vice-doyen aux études médicales
prédoctorales qu'il occupe depuis près de cinq ans?
«Je suis responsable d'un programme de 700 étudiants qui font
200 crédits en quatre ans avec environ 200 professeurs universitaires à
temps plein et 350 professeurs chargés de cours et d'enseignement clinique.»
En réponse à mon ouf!, il ajoute en souriant : «J'ai une excellente équipe,
très efficace, sur tous les sites de formation.»
Parmi ses défis des dernières années trône l'important
dossier de la délocalisation de la formation médicale. Comme vous le savez
peut-être, la Faculté de médecine et des sciences de la santé forme
désormais des étudiants à l'extérieur de son campus principal. On compte
présentement 24 étudiantes et étudiants de première
année à Saguenay et 24 autres à Moncton, au
Nouveau-Brunswick. (On les salue d'ailleurs puisqu'ils reçoivent aussi
Liaison.) En septembre dernier, notre
leader a vu dans le lancement officiel de ces deux campus conjoints la
continuité de trois ans de travail intensif. L'aboutissement, il le verra
véritablement en juin 2010, avec la première cohorte de diplômés.
Mobiliser au lieu de pousser
Il voudrait dire le contraire qu'il ne le pourrait pas : Paul
Grand'Maison est un leader, et un très bon de surcroît. «Pour moi, un
leader, c'est quelqu'un
avec qui et
pour qui
j'ai le goût de travailler. Je suis probablement un meilleur leader
aujourd'hui qu'il y a 20 ans. Le jeune leader a tendance à pousser et à
tirer les autres. En vieillissant, tu travailles davantage à mobiliser les
gens», explique-t-il en riant. Dans tout le dossier de la délocalisation de
la formation médicale, Paul Grand'Maison trouve en Sylvie Lamarche son bras
droit. Interrogée sur les qualités de leader du vice-doyen, la
coordonnatrice confirme bien ce qui se devine dès la première poignée de
main : «Il est très stimulant, Dr Grand'Maison, de par son dynamisme et son
intelligence. De plus, il écoute beaucoup. Il est très réceptif, il va au
bout des choses et il sait faire confiance.» Et elle conclut en me disant :
«Écris un bon papier. Il le mérite tellement!»
La famille c'est la santé
Bien qu'il travaille encore beaucoup, Paul Grand'Maison maîtrise mieux
qu'avant le «c'est assez, j'arrête et je me repose.» Au nom du plaisir et de
la santé, ses week-ends sont faits désormais de camping caravaning, de pêche
et de temps en famille. Dès qu'il parle de son épouse Nicole Bolduc et de
leurs deux grands enfants, ses yeux s'éclairent et les photos sortent de
partout. Et tous les membres du quatuor ont un parcours vert et or. En
effet, sa conjointe est aussi professeure et fidèle à son alma mater, à
l'École des sciences infirmières, et leurs deux enfants sont diplômés de
l'Université : Hugues en génie et en administration (MBA), Geneviève en
médecine.
En terminant…
Il a à cœur la formation, mais également le rayonnement de son
institution. Aussi, parle-t-il de «l'importance du savoir-faire et de celle
de faire savoir». Par cet article, Docteur Grand'Maison, j'espère avoir eu
le savoir-faire de faire savoir quel leader inspirant vous êtes.
Paul Grand'Maison, son fils Hugues et sa fille Geneviève.
À la pêche avec son épouse Nicole Bolduc.
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