Parfaire son expérience chez les Fransaskois
ÉLODIE COUTURE
Étudiante à la Faculté d'éducation
J'écris ce texte de retour de Saskatchewan. Je suis heureuse de retrouver
ma famille, mais j'ai un pincement au cœur d'en quitter une autre. Je pars
en laissant les élèves, les enseignants et la famille qui m'ont accueillie
chez eux durant les six semaines de mon stage. Ce fut une expérience très
bénéfique, puisque pour un enseignant en univers social, il est important
d'avoir une certaine vision du monde afin de transmettre aux élèves des
connaissances concrètes et intéressantes.
Au début novembre, nous sommes arrivées à Régina. Ma première impression
de la capitale fut que le relief est très plat. Les champs de blé sont à
perte de vue. Une expression employée là-bas caractérise bien le relief :
«Quand tu perds ton chien, tu le vois courir pendant trois jours.» Moi qui
suis habituée aux nombreuses collines de Sherbrooke, ce fut très dépaysant.
De plus, le climat est sec et contrairement au Québec, nous avons eu de la
neige, beaucoup de neige! Il est arrivé que la différence de température
entre le Québec et Régina soit de 50 degrés.
Lors de mon séjour, j'ai pu assister à un rodéo à la Canadian Western
Agribition, qui est la plus importante foire agricole au Canada. C'était
vraiment impressionnant de voir tous ces cowboys se faire secouer sur leur
taureau. Cela m'a permis de voir la culture de l'Ouest de très près.
Enseigner en milieu minoritaire
À notre arrivée à l'école Monseigneur de Laval, nous avons été
accueillies très chaleureusement par le personnel et les élèves. Tous sont
très solidaires et même si nous ne sommes restées parmi eux que six
semaines, nous avons senti que nous faisions partie de cette belle famille.
Ce fut une expérience professionnelle enrichissante puisque l'enseignement
dans un milieu minoritaire francophone est différent de ce à quoi j'étais
habituée au Québec. Le nombre d'élèves par classe varie de 15 à 30 et dans
la même école, nous retrouvons des enfants fréquentant la garderie jusqu'à
la 12e année. Au Québec, il peut arriver d'enseigner jusqu'à cinq
fois le même cours. En milieu minoritaire, cette situation ne se produit pas
puisqu'il n'y a qu'un groupe par niveau. Il est assez difficile d'enseigner
seulement sa discipline de formation. Il faut prendre en charge d'autres
matières. D'ailleurs, nous voyons nos élèves pratiquement tous les jours, ce
qui permet de tisser des liens privilégiés avec les élèves.
Travailler en milieu minoritaire implique un grand engagement afin de
promouvoir l'importance de conserver la langue française. En plus d'avoir un
mandat académique, cette école est aussi le lieu de rencontre de toute la
communauté francophone de Régina. Plusieurs spectacles et activités
culturelles y sont proposés régulièrement.
Tout au long de notre stage, nous avons dû nous adapter rapidement à un
programme d'enseignement différent. Les élèves avaient une culture
différente de la nôtre et je devais faire attention aux exemples que je
proposais et aux expressions que j'utilisais. Le cours de sciences sociales
de 10e année était très intéressant à enseigner. Il portait sur les
idéologies politiques, et je crois qu'un tel cours devrait être au programme
d'enseignement du Québec. Dans ce cours, plusieurs débats ont permis aux
élèves de se forger une opinion des différents courants idéologiques. Nous
avons abordé la politique canadienne et il fut intéressant de voir leur
position sur certaines questions qui sont au cœur de l'actualité.
Une expérience inoubliable
L'expérience que j'ai retirée de mon stage en Saskatchewan est
inestimable. J'ai fait un choix judicieux en postulant pour ce stage. Au
point de vue professionnel, cela m'a permis de confirmer mon choix d'aller
enseigner à l'extérieur du Québec à la fin de mes études, et m'a prouvé que
je suis capable de m'adapter dans un contexte d'enseignement différent de
celui du Québec. D'ailleurs, j'ai maintenant une vision de la culture de
l'Ouest du Canada. J'aimerais beaucoup aller enseigner là-bas et revivre
cette expérience formidable.
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