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Liaison, 25 janvier 2007
MÉLANIE COUTURE
Doctorante en sciences cliniques, Faculté de médecine et des sciences de
la santé
Porn
Flakes, L'album
du coeur
Quel groupe de musique a délibérément changé plus souvent de chanteur
que le groupe Yes? Les Porn Flakes. Ce groupe composé de quatre musiciens
d'expérience, soit Alain Quirion (ex-batteur du groupe Zébulon), Pat
Laverge (bassiste), Dan Georgesco et Mike Plant (guitaristes et ex-membres
du groupe Too Many Cooks), n'a pas de chanteur attitré et invite plutôt
divers artistes à collaborer à titre de chanteur ou de chanteuse. Sur leur
2e disque,
L'album du cœur,
des artistes tels Anne Dorval, Macha Grenon, Guylaine Tremblay et Daniel
Thomas ont osé s'engager dans cette aventure musicale.
Globalement, les chansons sélectionnées par les artistes invités font
sourire et parfois danser. Des chansons kitsch du répertoire francophone y
sont revisitées dont «Un éléphant sur mon balcon», chanté par Sylvain
Marcel, et «J'ai ta photo dans ma chambre», interprétée par Éric Salvail.
Ceci est un excellent album pour s'amuser à deviner qui chante.
Malheureusement, la surprise du début s'estompe rapidement et les
performances vocales peu convaincantes de certains interprètes deviennent
agaçantes à la longue. Élise Guilbault et Marc Labrèche sauvent la note,
la première par son timbre de voix riche et mielleux et le second pour ses
interprétations éclatées.
Musicalement, l'exécution et les arrangements des Porn Flakes sont
rafraîchissants, mais quelque peu effacés derrière la prestation des
artistes invités qui captent davantage notre attention. Somme toute,
l'album est amusant mais sans plus. Fait à noter, 1 $ est versé à
l'Opération Bonne Mine pour chaque album vendu.
Damien
Robitaille,
L'homme qui me ressemble
Chaque année, dans le paysage musical québécois, plusieurs nouveaux
artistes tentent de se frayer un chemin pour atteindre la notoriété. Dans
la cuvée de cette année, Damien Robitaille, ce jeune Franco-Ontarien de
24 ans ayant atterri au Québec après avoir délaissé ses études
universitaires en musique classique, essaie de nous charmer avec son
1er album, L'homme
qui me ressemble.
Chose certaine, pour cet album, l'auteur-compositeur-interprète a renié
ses racines classiques pour nous concocter 14 titres à saveur pop, rock et
folk. Il s'aventure même dans la voie du country pour les pièces
«Rouge-gorge» et «Tous les sujets sont tabous». Dès la première écoute,
ses talents de compositeur et de musicien sont indéniables tant les
mélodies sont accrocheuses, en particulier la pièce «Porc-épic», qui peut
être entendue sur les ondes radiophoniques.
S'inspirant pour ainsi dire de Linda Lemay, ses textes ont souvent pour
thème les choses simples de la vie quotidienne. Tantôt recherchés comme
«Amnésie sélective» et «Sexy séparatiste», tantôt frisant le style des
Denis Drolet comme «Mètres de mon être», «Mon atlas», «Électrique»,
«L'homme qui me ressemble», mais surtout divertissants, ses textes
s'éloignent férocement des clichés. Sur le plan vocal, cet artiste nous
rappelle subtilement Plume Latraverse pour la prédominance de l'accent
québécois et pour sa façon de parler en chantant. À titre de prédiction,
puisque les chansons de Damien Robitaille s'accrochent insidieusement à
notre esprit, il y a des chances que son album se fraye un chemin jusque
dans nos lecteurs CD.
Pascal
Tremblay-Jazz Faction,
Racolages
Par expérience, il est justifié de s'attendre à ce que la 1re pièce
d'un album soit un bref reflet de ce qui se retrouve dans l'ensemble de
l'album. Or, si vous écoutez le disque
Racolages
du quintette Jazz Faction dirigé par le saxophoniste ténor Pascal
Tremblay, vous serez induit en erreur. En effet, la 1re pièce, «Tu m'auras
pas», diffère grandement des autres titres par son côté mordant et parfois
cacophonique, les autres pièces de cet album jazz étant plutôt
traditionnelles et plus douces à l'écoute. À titre d'exemple, l'excellente
pièce «Comme un pétard théorique» dégage un brin de sensualité alors que
«Valse atomique» instaure une ambiance plus vaporeuse. Puisque toutes les
pièces sont des compositions originales, une agréable homogénéité émane du
reste du disque sans tomber dans la monotonie. Puisque cet album mérite
amplement d'appartenir à la catégorie jazz, ne cherchez pas les refrains
et les mélodies accrocheuses. Il faut plutôt se laisser bercer par la
musique et les émotions qu'elle évoque.
Pour notre plus grand plaisir, le saxophoniste québécois a su
s'entourer d'excellents musiciens (David Gauthier à la guitare, Shane
Mackenzie et Pascal Andrus à la contrebasse, Jean-François Barbeau aux
percussions) et a pris soin de laisser suffisamment de place aux autres
instruments, tout particulièrement la guitare. Il est toutefois décevant
de constater que seul huit titres figurent sur cet album. À quand les huit
autres?
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