Deux étudiantes initient de jeunes reporters en herbe
ROBIN RENAUD
Une quinzaine de jeunes élèves de la 3e à la 6e année d'une école de
Sherbrooke ont pu s'initier à la production d'un journal grâce à deux
étudiantes au baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire
(BEPP). Fanny Laroche et Valérie Poirier ne se doutaient pas que leur
implication allait les mener si loin, lorsqu'elles ont proposé leur aide
comme bénévoles auprès de l'organisme Collège Frontière. En effet, ce projet
qui contribue à l'intégration d'élèves immigrants a retenu l'attention du
quotidien The Gazette
il y a quelques semaines.
Collège Frontière est un organisme qui a une antenne sur le Campus
principal, et dont la mission est d'aider à l'alphabétisation. «Valérie et
moi avions joint l'organisme pour offrir de l'aide aux devoirs. Nous avons
été invitées à nous rendre à l'école Desjardins de Sherbrooke. La directrice
avait toutefois un projet plus précis à nous confier, celui de coordonner la
production d'un journal», raconte Fanny Laroche.
Initiative des élèves
En fait, ce sont les élèves eux-mêmes qui ont proposé de publier un
journal. Le projet est devenu un lieu d'intégration hors du commun pour
plusieurs des écolières et des écoliers. «Parmi le groupe, on trouvait des
élèves originaires de plusieurs régions du monde : l'Afrique, l'Afghanistan
et le Mexique, entre autres, poursuit Fanny Laroche. Certains avaient
davantage besoin d'aide pour la rédaction de leurs textes. Cependant, ce
sont les élèves qui ont fait tout le travail. Nous leur avons fourni des
outils de correction, et les avons conseillés au meilleur de nos
connaissances, mais il n'était pas question d'écrire à leur place. Dans ma
ville d'origine, j'avais eu peu d'occasions d'être en contact avec des
enfants d'autres origines culturelles. Cette expérience a été très
bénéfique», ajoute-t-elle.
Échange et entraide
Pour le premier numéro, les élèves ont également décidé du contenu
éditorial du journal. Le journal présente des articles consacrés notamment
au professeur du mois, à la musique, à l'Angleterre, à la mode, au sport
ainsi qu'à une carte de Noël.
«La première rencontre a été particulièrement fébrile. Le choix des
sujets a été décidé par les jeunes, puis au fil des rencontres, les sujets
se sont précisés et resserrés. Plus le projet avançait, plus les élèves
s'aidaient entre eux. Les grands de 6e ont terminé plus rapidement leurs
textes. Ils ont donc pu donner un bon coup de pouce aux plus jeunes. Ils
étaient très beaux à voir aller», ajoute pour sa part Valérie Poirier.
Fanny Laroche souligne également que plusieurs des jeunes participants
ont développé un grand intérêt pour les métiers de la presse : «Ils
agissaient vraiment comme de mini-journalistes, munis de leurs carnets de
notes et ayant en main leurs fiches de questions.»
Les écoliers ont également procédé au choix de photos et ont participé à
la mise en page. Et le résultat a été publié juste avant les fêtes de Noël,
au grand plaisir des journalistes en herbe, de leurs professeurs et des deux
étudiantes. La 1re édition de
L'écrivain de Desjardins,
tiré à une cinquantaine d'exemplaires, était enfin disponible.
Un projet bien en vue
Ce projet original d'intégration a eu des échos et a retenu l'attention
de plusieurs. Une école montréalaise songe même à imiter cette initiative.
En 2007, deux autres numéros doivent être publiés : l'un en février et
l'autre en avril. Puisque l'école Desjardins accueille environ 20 % d'élèves
nés à l'extérieur du Québec, il est question de faire davantage de place à
la découverte des pays d'origine des jeunes collaborateurs.
Pour Fanny Laroche et Valérie Poirier, cette expérience a été riche et a
permis de bien entreprendre leur parcours universitaire. «Nous en étions à
notre première session d'études et ce projet nous a permis de développer une
belle complicité avec ces jeunes. Actuellement, nous venons d'entreprendre
nos premiers stages, mais nous avons toutes les deux ajusté nos horaires
pour avoir la chance de poursuivre ce projet», dit Valérie Poirier. Un
engagement qui confirme que les deux étudiantes de 1re année au BEPP ont
bien la piqûre de l'enseignement.
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