Le rayonnement et l'excellence de la Faculté des sciences gagnent à être
connus. Peu de gens savent par exemple que le nombre de parutions d'articles
dans les revues prestigieuses comme Science et Nature est remarquable, et
place l'UdeS en tête de peloton parmi les universités québécoises. «C'est
peu connu, mais être publié dans Science, c'est l'équivalent d'un athlète
qui se rend aux Olympiques!» dit Don Thomas (voir le texte en page 7). La
Faculté des sciences brille parmi les leaders mondiaux dans plusieurs
secteurs de recherche : l'imagerie, la domotique, les matériaux quantiques
et supraconducteurs, la synthèse organique, la chimie computationnelle,
l'algèbre, l'expression génique, l'électrochimie et les piles à
combustibles, notamment. Les sciences de la vie dans le vent
Le doyen considère que la principale réalisation de la dernière
année a été la construction du nouveau bâtiment qui doit accueillir dans
quelques semaines le Département de biologie. «C'est un secteur en pleine
croissance qui représente notre fleuron en termes d'activité et d'attraction
pour les étudiants, dit-il. Plusieurs programmes internes à la Faculté y
sont rattachés, tandis que nous avons développé des partenariats avec
d'autres facultés. Les programmes de biochimie et de pharmacologie, menés
conjointement avec la Faculté de médecine et des sciences de la santé, sont
en pleine croissance. Le programme de génie biotechnologique a doublé son
nombre d'inscriptions depuis l'an passé et celui de droit et biotechnologie
est toujours en très grande demande. Nous avons d'ailleurs transformé ce
programme en combinant baccalauréat et maîtrise.»
Stimuler l'intérêt pour les sciences
Si le secteur des sciences de la vie a le vent en poupe, il
existe d'autres secteurs où la Faculté des sciences a plus de mal à déployer
ses programmes. Actuellement, la Faculté cherche des moyens de stimuler la
croissance de départements où le nombre d'inscriptions reste stable ou
diminue. «En informatique, on n'arrive pas à redynamiser l'attraction des
étudiants, explique le doyen. La bulle informatique a éclaté autour de
l'an 2000 et depuis, on a perdu les deux tiers des étudiants, ce qui nous
pose un problème sérieux. C'est difficile à comprendre parfois, car les
compagnies s'arrachent les cheveux. Elles n'arrivent pas à trouver assez
d'informaticiens pour leurs projets. Le diplôme en développement de jeux
vidéo, offert en partenariat avec la compagnie Ubisoft, fonctionne bien, et
nous a permis d'attirer quelques dizaines d'étudiants. Le défi est de
toujours donner à nos programmes une couleur qui va les rendre attrayants
aux yeux des jeunes.» Et cette couleur pourrait bien être le vert.
Virage vert
Don Thomas constate en effet que les questions
environnementales préoccupent beaucoup d'étudiants et que plusieurs d'entre
eux souhaitent devenir des acteurs de changement dans ce domaine : «Je
remarque que plusieurs jeunes veulent agir. Ils ont peur qu'une carrière en
science les amène à être prisonniers d'un laboratoire et ils craignent que
le chemin soit trop long pour y parvenir. Plusieurs veulent plutôt sentir
qu'ils agissent en société, en industrie ou en environnement.»
Partant de ce constat, le doyen croit qu'il y aurait lieu
d'offrir de la formation spécifique en environnement pour relancer certains
programmes. Il donne l'exemple du secteur de la chimie, qui est aux prises
avec un problème mondial de perception. Souvent, dit-il, la chimie est
pointée du doigt comme source de pollution ou de problèmes de santé : «Le
Département de chimie souhaite éventuellement créer un nouveau programme qui
pourrait s'appeler chimie de l'environnement. Ce serait une façon de
renverser la vapeur et de présenter la chimie non pas comme le problème,
mais comme la solution. Si on a des problèmes de pollution, qui va les
solutionner? Pas un biologiste, mais probablement un chimiste. J'aimerais
voir l'UdeS offrir un véritable baccalauréat de chimie appliquée à
l'environnement.»
Le doyen mise sur le leadership exercé par l'Université dans
ses programmes touchant l'environnement pour appuyer ce projet : «Avec la
maîtrise en environnement, l'université attire environ 80 % des étudiants
québécois dans ce domaine. Pourquoi ne pas devenir un leader en chimie de
l'environnement? Pour moi, l'UdeS a un logo vert et ce n'est pas pour rien.»
À plus long terme, la Faculté des sciences projette aussi de créer un
baccalauréat international en environnement, avec des partenaires étrangers.
«Mais démarrer un tel projet nécessiterait des fonds que nous n'avons pas,
pour l'instant», signale le doyen.
Ouverture au monde
La Faculté des sciences continue aussi de travailler en vue
d'attirer des étudiantes et étudiants internationaux dans ses divers
départements. Par exemple, un partenariat a été établi depuis l'an dernier
avec l'Institut supérieur des matériaux et mécaniques avancés, une des
grandes écoles de génie située au Mans, en France. «Avec eux, on a créé un
programme sur les matériaux de pointe, un domaine d'avenir, explique Don
Thomas. L'Institut supérieur des matériaux et mécaniques avancés est une
grande école qui voulait former ses étudiants dans les techniques des
matériaux. Nous avons les laboratoires qu'ils n'ont pas, alors nous
accueillons cinq de leurs étudiants pour les former en chimie et physique
des matériaux et en nanotechnologie… et ce n'est que la première année. L'an
prochain, on projette d'avoir le double. De plus, nous avons reçu des
demandes de Québécois pour ce programme», dit le doyen.
Un autre projet international a été la création, en 2005, du diplôme de
2e cycle en écologie internationale. À la demande des étudiantes et
étudiants, le programme est déjà transformé en maîtrise. D'abord axé sur des
actions nord-sud (Guatemala, Brésil, Argentine, par exemple), les étudiantes
et étudiants ont maintenant accès également à des stages au Maroc.
En plus des étudiants originaires d'autres pays, le doyen
souhaite aussi attirer des étudiantes et étudiants provenant du Canada
anglais. Une stratégie de recrutement ciblée vient d'être mise en place en
ce sens. «Ces étudiants des programmes d'immersion française viendraient
étudier en sciences, apprendre le français et découvrir le Québec de
l'intérieur. Une immersion française est beaucoup plus profitable dans une
ville comme Sherbrooke, plutôt qu'à Montréal, où on peut fonctionner en
anglais.»
Une vitrine attrayante
Plus globalement, pour recruter des étudiants, Don Thomas veut
faire de sa faculté une vitrine attrayante afin de faire connaître les
domaines d'études offerts en science. «C'est un peu comme inviter un jeune à
entrer dans un magasin. Ce jeune sera attiré d'abord par ce qui l'intéresse
– l'environnement par exemple. Cependant, en parcourant les rayons de notre
magasin, il pourra découvrir d'autres éléments intéressants. Beaucoup de
scientifiques choisissent un domaine de recherche après être entrés par une
autre porte», croit le doyen Thomas. «C'est souvent en côtoyant les
chercheurs que les étudiants découvrent leur passion pour les sciences»,
conclut-il.
Enjeux en sciences
La science fascine et intrigue. En complément au texte
ci-contre, nous avons demandé au doyen Don Thomas de donner son point de
vue sur les progrès qu'il anticipe en sciences au cours des prochaines
décennies.
Liaison
: Des scientifiques affirmaient récemment que les enfants nés à
l'an 2000 ont 50 % de chance de vivre jusqu'à 100 ans. Qu'en
pensez-vous?
Don
Thomas : On est effectivement rendu là. Les avancées en
médecine permettent de plus en plus de contrôler la maladie. Je suis
certain qu'on va réussir à augmenter la longévité, grâce à la médecine
cellulaire. De plus en plus, le nombre de découvertes et d'applications
liées aux sciences est en croissance exponentielle. L'historique de
cette courbe montre qu'il y aura des percées inimaginables, qui vont
révolutionner le monde tel qu'on le connaît.
Liaison
: De quel secteur pourrait émerger la prochaine grande percée
scientifique?
D. T.
: D'après moi, ce sera au niveau biologique. Cette discipline
peut agir comme une interface avec d'autres sciences comme la chimie ou
les mathématiques. Cela permet de mieux comprendre le fonctionnement de
l'être vivant, pas juste l'humain. La recherche est très active pour
tenter de reproduire des fonctions biologiques sur des choses inertes
comme les biopolymères, les faux tissus, et même les «réseaux de
neurones» en informatique.
Liaison
: Sans égard aux questions éthiques, va-t-on voir des clones humains?
D. T.
: De notre vivant, non. Les scientifiques sont confrontés à
trop de défis scientifiques et de questions éthiques. Par contre, pour
nos enfants, je croirais que oui, ils connaîtront cette réalité. Il ne
s'agira pas de clones adultes, mais peut-être pourrait-on cloner des
organes. Chose sûre, les 50 prochaines années seront marquées par les
discussions sur le clonage.
Liaison
: Croyez-vous à la possibilité de vie extraterrestre?
D. T.
: Je n'ai aucun doute que la vie a pu se développer et
évoluer plus d'une fois. À l'origine ce n'est pas si compliqué de créer
la vie. Les conditions initiales existent partout dans l'univers.
Cependant, ça ne veut pas dire qu'on peut retrouver une évolution de
milliards d'années comme sur la Terre.
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