Liaison, 7 décembre 2006
Ces
éternels insatisfaits…
Psychologue invitée : jOHANNE BERNATCHEZ
Noël approche. Les rencontres familiales s'organisent. Les partys de
bureau vont bon train. La recherche d'idées de cadeaux donne des maux de
tête.
Roger se considère comme malchanceux cette année. Il a pigé le nom de
Louise pour l'échange de cadeaux dans sa famille. Peu importe ce qu'il lui
offrira, elle trouvera quelque chose à redire. Il peut déjà s'imaginer le
genre de commentaire qu'elle dira quand elle ouvrira son paquet : «Ah,
merci… Bon, ça me fera plus de vaisselle à laver… Ben oui, la verrerie
peinte à la main perd ses couleurs au lave-vaisselle.» Pourtant c'est un si
joli ensemble! Et il y a mis le prix!
Josette s'est promis cette année qu'elle fera tout pour ne pas s'asseoir
à côté d'Yves lors du souper de Noël du bureau. L'année dernière elle a
passé le souper à entendre ses jérémiades à propos de tout et de rien :
l'hiver est trop froid, l'été trop chaud; leurs bureaux sont laids et mal
divisés; la serveuse a l'air bête; le gouvernement est pourri; la planète va
mal; etc. Elle est rentrée chez elle insatisfaite de sa soirée et un peu
maussade. Elle comprend maintenant pourquoi une place était restée vacante à
côté de lui…
Attention! Risque de contagion!
Les origines de ce pessimisme chronique chez certaines personnes sont
multiples : blessures d'enfance, tendance dépressive, accumulation de
frustrations, etc. Mais intéressons-nous plutôt à l'aspect pratique de la
chose : comment ne pas se laisser atteindre par l'humeur négative de
l'autre? Car il peut être difficile de ne pas se laisser contaminer par ce
négativisme.
Essayons d'abord la «contre-contamination». Un sourire, une plaisanterie,
un mot gentil à l'égard de la personne à la mine sombre peut avoir son effet
positif, surtout sur les mauvaises humeurs passagères. Sur les sujets plus
récalcitrants, cela peut avoir un effet neutralisant temporaire, ce qui est
déjà un plus. Face aux cas plus chroniques, il faudra se créer un mur, une
frontière intérieure : «Est-ce que j'étais d'humeur maussade ce matin? Non.
D'où cela vient-il? C'est depuis que j'ai eu affaire à untel. Cette humeur
ne m'appartient pas. C'est la sienne.» Délimitation des frontières. «Et je
n'ai pas envie de gâcher ma journée qui s'annonçait correcte.» Prise de
position et de décision qui nous fait reprendre du pouvoir sur ce qui se
passe en nous. Nous pouvons ainsi continuer à côtoyer et à interagir avec
une personne négative en maintenant à notre conscience la limite entre
l'autre et nous, et en choisissant que quoiqu'elle dise ou fasse, cela n'a
pas à nous affecter.
Vous croyez être porteur?
Vous avez parfois l'impression que les gens ne vont pas vers vous
spontanément? Même pire, que l'on vous évite? Vous remarquez que vos
commentaires ne suscitent pas ou très peu l'échange auquel vous vous
attendiez? Peut-être êtes-vous parmi ceux qui, inconsciemment, troublent le
climat autour d'eux. En cette fin de l'année, moment propice aux bilans,
demandez-vous, de bonne foi, si votre attitude n'y est pas pour quelque
chose. Une bonne prise de conscience, des «auto-observations» judicieuses et
un désir sincère de changer sont déjà des actions porteuses d'une
amélioration certaine. Vous observerez, après quelques efforts, des
changements en vous qui occasionneront des comportements différents à votre
égard. Vous provoquerez des moments agréables, d'abord pour vous-même, et
vous cesserez peut-être de vous prouver continuellement qu'il n'y a que du
mauvais et de la laideur autour de vous. Ce changement serait un beau cadeau
à offrir aux personnes qui vous côtoient, mais ce serait un plus beau cadeau
encore à vous offrir. Sur ce, Joyeux Noël!
En collaboration avec Le Service de psychologie et d'orientation.
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