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Liaison, 23 novembre 2006
La protectrice des droits des étudiantes et étudiants
Pour aider à régler des différends…
et les prévenir
ROBIN RENAUD
La protectrice des droits des étudiantes et étudiants, Soucila
Badaroudine, lance une campagne pour mieux faire connaître les interventions
qu'elle peut mener pour aider à régler des différends ou éviter qu'ils ne
dégénèrent. D'abord destinés aux étudiants qui s'estiment lésés dans leurs
droits, les services de la protectrice sont aussi offerts aux membres du
personnel qui cherchent un avis lorsqu'ils voient poindre des situations
pouvant être source de conflit.
Le rôle premier de la protectrice est de voir au respect des droits
compris dans la Déclaration des droits des étudiantes et étudiants.
Indépendante de la hiérarchie universitaire, la protectrice a un devoir
d'impartialité et de confidentialité. «Certaines personnes me voient comme
l'avocate des étudiants face à l'institution, ce qui est une fausse
perception. Mon rôle est d'évaluer le bien-fondé des demandes, en tenant
compte des deux points de vue qui s'opposent. Selon les cas, je peux décider
des suites à donner, à savoir si une enquête approfondie est nécessaire.
Cependant, l'expérience démontre qu'environ 80 % des cas vont finir par se
régler par voie informelle. Il arrive que je puisse agir comme médiatrice ou
que je conseille tout simplement les gens dans la façon de résoudre un
conflit. Le but de nos interventions est d'éviter de laisser les situations
s'intensifier», explique Soucila Badaroudine.
Dans une minorité de cas, une enquête formelle et une intervention écrite
sont nécessaires. Si les parties ne trouvent pas de terrain d'entente, la
protectrice pourra trancher, en fonction de la déclaration des droits des
étudiants, des politiques et règlements en vigueur. Elle fera ensuite des
recommandations pour éviter que surviennent des situations similaires.
Traductrice des perspectives
En poste depuis janvier, Soucila Badaroudine a le profil de l'emploi.
Elle est présente à l'UdeS depuis 23 ans, ayant été tour à tour étudiante,
chargée de cours, employée, puis gestionnaire aux Services à la vie
étudiante. Aussi, elle est revenue sur les bancs d'école pour obtenir un
diplôme aux études supérieures! «En plus de connaître les rouages
administratifs et les facultés, j'ai une bonne connaissance du
multiculturalisme grâce à mon parcours de vie. D'origine indienne, je suis
née à Madagascar, ancienne colonie française, et je vis au Canada depuis
longtemps. Je me définis comme la «traductrice des perspectives» en me
montrant sensible aux interprétations diverses que peuvent avoir les deux
parties d'un litige», dit-elle.
Agir avant qu'il ne soit trop tard
Plusieurs des conflits rapportés par des étudiantes et étudiants de 1er
cycle relèvent de situations où il y a un manque de communication et de
respect, ou quand des directives sont appliquées de façon abusive. Aux
cycles supérieurs, les problèmes rencontrés proviennent en grande partie de
«l'ambiguïté dans la démarche d'encadrement ou dans la relation
interpersonnelle entre un étudiant et son directeur de recherche». Ces
situations sont beaucoup plus délicates. Les étudiants craignent de
brouiller davantage la relation professeur-étudiant et attendent souvent que
le conflit soit pratiquement insurmontable avant de demander une
intervention.
«Les conséquences sont très grandes car les étudiants subissent une perte
d'intérêt et vivent souvent des troubles anxieux. Ça me brise le cœur de
voir un étudiant au bout du rouleau abandonner ses études, confie Soucila
Badaroudine. Une intervention plus hâtive peut empêcher la situation de
dégénérer.»
Bon an mal an, le Bureau de la protectrice des droits des étudiantes et
étudiants reçoit environ 260 demandes d'intervention. Cela représente
environ 1 % de la population étudiante. «Les étudiants n'ont pas à hésiter à
demander conseil. J'estime que 99 % des demandes reçues trouvent réponse. La
plupart des cas se règlent à l'amiable parce que nous avons une très grande
collaboration de la part des gens sur le terrain. Les dossiers sont traités
de manière confidentielle, et cette confiden-tialité est aussi demandée aux
deux parties impliquées.» La protectrice assure donc les étudiantes et
étudiants qu'ils n'ont pas à craindre de la consulter.
Aussi pour le personnel
Au cours des prochaines semaines, Soucila Badaroudine rencontrera les
personnes oeuvrant dans diverses unités administratives pour préciser son
rôle et inciter le personnel à la consulter : «Il arrive que des employés se
questionnent à savoir si les droits des étudiants sont respectés. Ils
cherchent à savoir comment réagir lorsqu'ils reçoivent une plainte. Ils se
demandent quelles sont les questions éthiques liées à des politiques ou à
des règlements. Les gens qui mènent leurs opérations quotidiennes n'ont pas
le temps de prendre du recul et de faire les recherches appropriées. Je suis
en mesure d'offrir ce rôle conseil sur de telles questions.»
Pour Soucila Badaroudine, l'attention portée aux personnes est une valeur
importante de l'Université et elle fait de ce principe l'une des pierres
d'assise de son travail. Pour ce faire, elle souhaite «concilier
l'efficience de l'organisation et la dignité humaine».
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Soucila Badaroudine a été étudiante, employée, gestionnaire et
étudiante à nouveau, avant d'être nommée protectrice des droits des
étudiantes et étudiants.
Photo : Roger Lafontaine |