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Liaison, 23 novembre 2006

 

 
Le Département des lettres et communications obtiendra bientôt le tout premier brevet de son histoire. Le concept, nommé avaglyphe, corrigera certains des problèmes que rencontrent actuellement les animations virtuelles en langage des signes. Grâce à l'avaglyphe, les personnes sourdes auront enfin accès à des messages clairs et faciles à comprendre. Cet outil, destiné à la l'interprétation en langues signées, est né de l'expertise du professeur Denis Belisle et de Joanne Deschênes, une étudiante à la maîtrise en études françaises et interprète en langue des signes québécoise.

Le Département des lettres et communications obtiendra bientôt le tout premier brevet de son histoire. Le concept, nommé avaglyphe, corrigera certains des problèmes que rencontrent actuellement les animations virtuelles en langage des signes. Grâce à l'avaglyphe, les personnes sourdes auront enfin accès à des messages clairs et faciles à comprendre. Cet outil, destiné à la l'interprétation en langues signées, est né de l'expertise du professeur Denis Belisle et de Joanne Deschênes, une étudiante à la maîtrise en études françaises et interprète en langue des signes québécoise.

 


Aider les personnes sourdes à mieux communiquer

GABRIELLE GRANGER

Selon ses créateurs, l'avaglyphe permettra d'offrir à la communauté sourde un accès inégalé à l'information. Pour créer ce signeur nouveau genre, Denis Belisle et Joanne Deschênes ont développé une méthode de tournage en fluorescence où seulement certains éléments sont visibles : les mains, les sourcils, la limite inférieure des yeux, la bouche et les avant-bras, en dégradé. En cette phase de développement, c'est Joanne Deschênes qui joue le rôle du signeur. Avant chaque séance de tournage, elle place des points phosphorescents à des endroits bien précis sur son visage. Elle enfile aussi un chandail noir et des gants fluorescents. Sur les vidéos produites de cette façon, on observe donc des points et des éléments lumineux d'une silhouette qui se meuvent sur fond noir.

Le résultat est clair et surprenant et il dépasse en qualité les animations actuellement développées en langage des signes. «En effet, bien que les concepteurs manifestent le souci de réalisme, les mouvements de leurs signeurs manquent de fluidité et d'authenticité, affirme Denis Belisle. Pour les sourds, ces signeurs provoquent une impression inconfortable lorsqu'ils les regardent, et pour comprendre le message, ils doivent faire un effort soutenu pour ignorer certains aspects de l'animation, comme le décor, le chandail et les caractéristiques physiques du signeur.»

Les deux chercheurs se sont basés sur ces commentaires pour développer leur signeur : «Nous avons mené plusieurs expérimentations pour établir les éléments superflus qui risquaient de nuire à la communication. Nous avons donc gardé le minimum nécessaire à la compréhension du message, explique le professeur Belisle. Un des avantages de notre signeur est qu'il n'est ni homme ni femme, ni jeune ni vieux. Le véhicule de message reste donc neutre.»

Accueil chaleureux de la communauté sourde

L'été dernier, Joanne Deschênes et Denis Belisle ont testé leur signeur auprès des sourds. «Pour eux, les signes étaient clairs, reposants à regarder et faciles à comprendre, révèle Denis Belisle. Les observateurs affirmaient que le signeur était tellement épuré qu'ils arrivaient facilement à se concentrer sur ce qui est important, évocateur.»

Les recherches de Denis Belisle et Joanne Deschênes tombent à point. «La majorité des sourds sont des analphabètes fonctionnels. Quand ils sont jeunes enfants, les sourds sont exposés à la langue des signes et cela façonne leurs habiletés cognitives d'une manière particulière, explique le professeur. Il s'agit d'une langue spatiale et non linéaire comme celle des entendants. Pour eux, apprendre notre syntaxe et notre grammaire s'avère ardu. C'est encore plus difficile que d'apprendre une seconde langue.» L'avaglyphe pourrait donc répondre aux besoins communicationnels des personnes sourdes. Il leur donnerait accès à des sources d'information comme des dictionnaires, des lexiques, des balados (podcasts), etc.

De grandes ambitions pour une jeune entreprise

Avec leur concept de signeur, les deux collaborateurs ont démarré l'entreprise Semetex Communications, avec laquelle l'Université est en voie de conclure une entente pour l'exploitation de cette nouvelle technologie qui permettra d'offrir des services d'interprétation en langue des signes. Une fois les preuves faites au Québec, les deux collaborateurs ont aussi l'intention de percer les marchés canadien anglophone et américain en faisant appel à des interprètes en American Sign Language. «Nous comptons engager des sourds chaque fois que cela sera possible, ajoute Denis Belisle. C'est très important qu'ils se sentent engagés dans le fonctionnement même de l'entreprise. C'est pour nous un gage de succès.»

L'avaglyphe pourrait également jouer un rôle important dans les communications entre l'État et les citoyens sourds. En effet, dès le 17 décembre, les gouvernements provinciaux et fédéraux devront déposer un plan d'action afin de rendre leur documentation disponible en langage des signes. L'avaglyphe pourrait donc trouver dans cette opportunité sa première application pratique.

Dynamiser les activités de recherche

Denis Bélisle et Joanne Deschênes proposent, par ce premier brevet, une nouvelle façon d'aborder les sciences humaines. «Breveter des idées, des concepts, c'est une nouveauté ici au Département, explique le professeur. Il faut voir cela comme une manière de dynamiser nos activités de recherche. Notre avaglyphe s'inscrit pleinement dans le mandat de recherche et d'enseignement du Département des lettres et communications : il touche à la fois aux communications, au langage et au multimédia.»

À la Faculté des lettres et sciences humaines, les deux collaborateurs ont bénéficié du soutien de plusieurs personnes qui croyaient en l'innovation. «Notre projet a pris un envol sensationnel grâce au support des gens autour de nous, comme Thérèse Audet, vice-doyenne aux études supérieures et à la recherche, souligne le professeur. Nous avons grandement apprécié son appui lors des activités de recherche qui ont constitué un jalon capital dans le trajet ayant mené au dépôt de la demande de brevet concernant l'avaglyphe.»

L'avaglyphe présente le langage signé de manière très épurée. Quelques exemples sont présentés ici avec les signes «ne pas connaître», «érable», «manger» et «bicyclette».
L'avaglyphe présente le langage signé de manière très épurée. Quelques exemples sont présentés ici avec les signes «ne pas connaître», «érable», «manger» et «bicyclette».

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