Liaison, 9 novembre 2006
La coopération comme ordre mondial
Le recteur souhaite faire du XXIe siècle
«le siècle des coopérations»
ROBIN RENAUD
Le recteur Bruno-Marie Béchard propose au vaste Réseau des universités
des Amériques en études sur les coopératives et les associations (réseau
uniRcoop) de créer un programme conjoint de 2e cycle pour
promouvoir le coopératisme dans l'ensemble de l'hémisphère. «La plus
puissante alliée de la coopération, c'est la formation de ceux qui la
pratiquent, croit le recteur. La tâche la plus fondamentale, c'est de
former et d'éduquer des coopérateurs capables de communiquer les avantages
du leadership qui s'exerce dans l'intérêt d'une collectivité, et non dans
l'intérêt personnel de ses membres pris isolément.»
Cette proposition émane d'une allocution présentée le 2 novembre à
Copán Ruinas, au Honduras, à l'occasion du 10e Séminaire
international du réseau uniRcoop, où le recteur a été invité à partager sa
vision du coopératisme avec les quelque 120 participants provenant de 11
pays des Amériques.
Par ce discours, le recteur réitère et renforce ses prises de position
précédentes visant à assurer un meilleur équilibre entre les secteurs
public, privé et coopératif. En octobre 2005, il faisait une première
allocution très remarquée au Gala du mérite coopératif de l'Estrie. En
mars, au Forum coopératif 2006, il a ensuite invité les coopératrices et
coopérateurs de tout le Québec à construire un projet de société fondé sur
la coopération. L'allocution du Honduras est donc la troisième d'une série
et, cette fois, le recteur y prédit un nouvel ordre mondial avec la
coopération au cœur des projets de société à l'intérieur des nations comme
des rapports entre elles.
Voie d'avenir
«La voie coopérative est celle que je privilégie nettement pour unir
les personnes autour de mêmes visions afin de satisfaire des besoins de
subsistance et d'épanouissement, estime Bruno-Marie Béchard. Le
coopératisme, c'est d'abord et avant tout un humanisme, prenant pour fin
la personne humaine et son plein épanouissement dans son milieu.»
Le recteur constate la marche irrésistible du coopératisme dans les
Amériques depuis la fin du XIXe siècle et cite en exemple sa
croissance remarquable au Honduras, où l'effectif des coopératives est
passé de 183 000 membres à plus de 800 000 de 1990 à 2004. Traitant
ensuite des enjeux sociaux auxquels sont confrontés les Québécois, le
recteur voit, par l'approche coopérative, des pistes de solution pour
maintenir et améliorer les services qui répondent à des besoins communs
fondamentaux.
Ordre coopératif international
«Dans chacun de nos pays, poursuit le recteur, il existe quatre niveaux
de coopératisme : le coopérateur, la coopérative, le mouvement coopératif
et la mobilisation des forces coopératives dans un projet de société
national. Or, dans les réalisations d'uniRcoop, je vois poindre une
cinquième marche : l'ordre coopératif mondial. En s'étendant aux relations
internationales, le coopératisme et les coopératives deviendraient de
puissants moyens pour relever de nouveaux défis de paix et de justice
sociale à l'intérieur des nations comme entre elles, en donnant libre
accès aux savoirs et aux pratiques qui apportent des solutions nouvelles
aux inégalités.» Pour promouvoir cet objectif ambitieux, le recteur
propose de mettre l'accent sur l'éducation aux valeurs coopératives,
notamment à travers le réseau uniRcoop.
Former des coopérateurs
Bruno-Marie Béchard est fier du leadership exercé depuis 30 ans par
l'Université de Sherbrooke et son IRECUS dont le projet des modèles d'intercoopération
pour les Amériques constitue une avancée significative. Selon lui, il faut
continuer de faire progresser l'éducation et la recherche sur les
coopératives et les mutuelles, tout en communiquant et en expliquant leurs
succès de prise en charge citoyenne réalisés au bénéfice de l'ensemble de
la société.
«En raffinant les méthodologies de travail à distance déjà
expérimentées, les partenaires uniRcoop pourraient effectivement
transférer leur expertise à l'ensemble des coopérateurs des Amériques en
élaborant conjointement un programme de formation de 2e cycle.
Ce programme serait offert à la fois en personne et à distance; il
intégrerait la différence coopérative dans la gestion organisationnelle et
financière; et il s'accompagnerait d'un plan de communication audacieux
afin d'ouvrir d'extraordinaires possibilités d'expansion continentale»,
explique-t-il.
«Forts de notre savoir-faire en matière de développement local, nous
sommes appelés à ouvrir de nouvelles voies de concertation internationale,
poursuit le recteur. J'invite donc nos mouvements coopératifs nationaux à
valoriser les expériences d'intercoopération existantes et à créer des
groupes de réflexion et d'action en vue de rendre encore plus coopérative
toute notre société.»
Le recteur Béchard voit dans le leadership et la coopération deux
moyens formidables pour réaliser de grandes œuvres. «En nous mobilisant
vers un nouvel ordre mondial, nous ferons de la coopération à la fois le
moyen et la fin de notre action. Ainsi, comme le XVIIIe siècle
fut celui des Lumières, ensemble, osons faire du XXIe, le
siècle des Coopérations. Dressons maintenant les plans de la société de
l'avenir!» conclut-il.
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