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Liaison, 9 novembre 2006
Conseils et rigueur à l'honneur
JOSÉE BEAUDOIN
D'emblée, Silvie Bernier m'a dit que les séances photos, ce n'était
vraiment pas sa tasse de thé. J'ai donc promis de me montrer empathique,
encourageante et rassurante pour l'accompagner dans cette épreuve, mais
c'était avant que je saisisse l'ampleur du supplice qu'on lui imposait.
Devant sa vive réaction aux mots «gros plan» et devant ses soupirs
tragicomiques, j'ai failli à ma promesse et j'ai rigolé durant toute la
séance. Toutefois, lorsque j'ai juré que les photos étaient très belles, je
ne riais pas. Et je ne ris toujours pas.
Accompagner les chercheuses et chercheurs
Depuis 2001, Silvie Bernier agit comme conseillère au Service de la
recherche et de la création. Son poste, elle l'a pour ainsi dire créé
puisqu'elle est la première à l'occuper. Son rayon d'action couvre le grand
secteur des arts et lettres, et des sciences humaines et sociales, englobant
les facultés de Droit, d'Administration, des Lettres et sciences humaines,
d'Éducation, de Théologie, d'éthique et de philosophie ainsi que d'Éducation
physique et sportive. Son rôle consiste notamment à accompagner les
chercheuses et chercheurs dans la préparation, la rédaction et la révision
de leurs demandes de subvention. Les facultés qui lui sont attitrées
comprennent au total 300 professeures et professeurs, mais tous ne font pas
de la recherche et tous ne vont pas la consulter. Les lumières de la
conseillère sont surtout sollicitées par les nouveaux chercheurs et
chercheuses et par ceux qui concourent à de nouveaux programmes ou qui font
des demandes de grande envergure.
La professeure Marie-France Morin est de ces nouveaux chercheurs qui ont
bénéficié des conseils et des rétroactions constructives de notre leader
dans l'ombre. «Silvie m'a soutenue dans mes demandes de subventions et elle
est partie prenante de mon succès. En plus d'être très dynamique, elle sait
adapter ses conseils et prendre en compte qui nous sommes comme chercheur.»
Et sa principale qualité? «La rigueur», répond la sympathique chercheuse en
éducation.
Pour plusieurs chercheuses et chercheurs, le processus de demande de
subvention peut être considéré comme… «pénible, vraiment pénible!» complète
Silvie Bernier en riant. «Il y a vraiment un art de la demande de
subvention, et il faut l'apprendre. C'est un milieu très compétitif et les
demandes exigent énormément de travail. Cela peut représenter des semaines,
voire des mois pour les chercheurs. C'est très long dans certains cas, et
sans aucune garantie de réussite», explique-t-elle.
Même s'il est ici question de fonds
et de subventions, ne vous méprenez pas : notre conseillère et docteure en
études françaises jongle beaucoup plus avec les mots qu'avec les chiffres :
«Je ne m'occupe pas du financement en tant que tel. C'est par le contenu
qu'on arrive au financement.» Ce contenu, Silvie Bernier le bonifie de son
expertise et de son oeil extérieur, comme en témoigne Colette Deaudelin,
vice-doyenne à la Faculté d'éducation : «L'an dernier, dans le cadre d'un
projet d'une grande ampleur, Silvie nous a beaucoup aidés au plan de
l'écriture et des rétroactions notamment. Avec son regard extérieur, elle
nous a apporté un niveau de synthèse que nous n'aurions jamais pu atteindre
seuls.»
Animer la recherche
Outre le volet de l'accompagnement des chercheuses et chercheurs, Silvie
Bernier anime la recherche et avive l'intérêt en initiant des ateliers sur
divers sujets. L'an dernier, elle a notamment organisé un colloque de deux
jours où juristes et éthiciens se succédaient pour traiter de l'éthique de
la recherche et de l'utilisation des données de recherche numérisées en
sciences humaines. Pour tenir cet événement, elle a elle-même dû faire une
demande de subvention auprès du Conseil de recherches en sciences humaines
du Canada. Elle avoue s'être dit : «Il faut que je l'obtienne, sinon ça aura
l'air fou!»
À la voir parler de ses ateliers et de ses projets en développement, on
devine que le temps va manquer bien avant les idées. Parmi les projets qui
mijotent, il y a celui d'organiser une Semaine de la recherche en sciences
humaines avec des activités ouvertes à la communauté universitaire et au
grand public. À suivre….
Les règles de l'art
Les rouages de son métier actuel, Silvie Bernier les a en partie
découverts au sein du Conseil des arts du Canada où elle a travaillé comme
gestionnaire de programme durant onze ans. Elle traitait alors avec des
artistes de toutes les disciplines. Ses artistes sont maintenant chercheurs,
mais sa passion des arts demeure. Tout chez elle respire la culture, le bon
goût et l'esthétisme, dont cette toile du peintre Serge Lemoyne dans son
bureau et puis ce chat qu'elle a baptisé Matisse.
Et parlant de Matisse…
Il semblerait que certains des collègues de Silvie Bernier s'amusent à
médire sur son chat en le qualifiant de psychopathe. Aussi, pour m'excuser
d'avoir ri durant sa séance de photos, j'ai fait une autre promesse à Silvie
Bernier, celle d'utiliser la présente tribune pour réhabiliter la réputation
de son matou. Le fait qu'il ramène ses trésors de chasse en lambeaux à la
maison ne fait pas nécessairement de lui un psychopathe. Le fait qu'il ait
perdu un bout d'oreille récemment dans une bagarre de rue ne prouve rien non
plus. Le fait qu'on n'ait pas pu aller le photographier parce qu'il est trop
farouche n'a rien de vraiment incriminant. Et puis… Je promets de ne plus
jamais faire de promesse.
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Également auteure, Silvie Bernier a publié en 2003 l'essai Les
héritiers d'Ulysse consacré aux écrivains migrants.
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