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Des médecins militaires aiguisent leurs réflexes
MARIE-PIER TREMBLAY
Le 31 octobre, sept médecins des Forces armées canadiennes ont suivi une
formation en compagnie de l'urgentologue Pierre Guérette au laboratoire
d'anatomie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Au cours
de cette journée, ils ont eu l'occasion de revoir certaines techniques
utilisées en médecine d'urgence qu'ils pratiqueront en situation critique.
Ces médecins feront partie d'un groupe de militaires partant pour
l'Afghanistan l'été prochain.
Développé et organisé par le Centre de formation continue de la Faculté,
le Programme d'acquisition et de maintien des compétences en mesure
d'urgence est habituellement offert aux praticiens cliniques travaillant
dans les urgences au Québec. Toutefois, pour le major Jocelyn Dodaro, l'un
des médecins présents, c'est une chance pour eux d'avoir la possibilité de
suivre cette formation avant de partir en mission. Il faut savoir que
lorsque les médecins militaires sont au Canada, les occasions de pratiquer
les interventions d'urgence se font rares. Il est essentiel pour eux de
revoir certaines techniques qu'ils ne pratiquent pas au quotidien, afin de
maintenir leurs habiletés et compétences. Le professeur Marcel Martin,
chirurgien et chef médical du programme de soins critiques en traumatologie
du CHUS, explique en quoi consiste cette révision : «Les 12 techniques
enseignées sont les plus pratiquées dans les salles d'urgence. On retrouve,
par exemple, l'intubation, la pose d'une voie veineuse ou d'un drain
thoracique. Les participants voient chacune de ces techniques et ils sont
invités à les mettre en pratique.»
Filmés durant la simulation, les participants peuvent par la suite
visionner la vidéo et revoir les bonnes pratiques ainsi que corriger leurs
erreurs. Pour Marcel Martin, la technologie utilisée lors de ces formations
laisse entrevoir des possibilités encore plus grandes. Former à distance des
médecins à certaines techniques de traumatologie est maintenant une réalité
puisque cette même formation a déjà été dispensée à des médecins
d'Edmundston par télémédecine. Dans un contexte où le manque de médecins en
région se fait sentir, voilà une solution qui permettrait un transfert des
connaissances extrêmement utile. En plus de former des médecins, il est même
possible, voire probable, que cette technologie puisse permettre à un groupe
de médecins de bénéficier de l'assistance en direct d'un traumatologue lors
de cas d'urgence. Par exemple, ces mêmes militaires ayant suivi aujourd'hui
la formation peuvent espérer recevoir les conseils d'un traumatologue
québécois en direct à Kandahar.
Lorsqu'on demande au major Dodaro s'il a peur de partir en Afghanistan,
il répond sans ambages que oui. Bien qu'il ait déjà fait partie d'une
mission en Bosnie, la situation actuelle est différente et particulièrement
dangereuse. Ils auront à traiter chaque semaine – voire chaque jour –
plusieurs cas d'urgence liés à la guerre, et c'est pourquoi cette formation
est si importante. En plus d'être une préparation technique, elle servira
également à diminuer le niveau de stress : «Le niveau de stress sera
toujours élevé, mais lorsque le moment arrivera, on pourra se concentrer sur
les techniques qu'on aura pratiquées et ainsi sauver des vies», affirme le
major Dodaro.
Cette collaboration entre la Faculté, le Centre de formation continue, le
CHUS et les Forces armées est une première ici, mais existe ailleurs au
Canada. Ce partenariat offre de nombreuses perspectives de collaboration
nouvelles : «Nous sommes présentement en discussion afin d'étendre le
programme de collaboration avec les Forces canadiennes», indique Alain Émond,
directeur des opérations et du développement du Centre. Encore une fois, l'UdeS
innove et peut compter sur des leaders et des partenaires de partout au pays
pour contribuer à l'amélioration des soins de santé.
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