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Liaison, 26 octobre 2006
Le 31 octobre, une soirée consacrée
au sabbat des sorcières!
SANDRA BOISSÉ
Lors de cette soirée bien mystérieuse, le professeur Patrick Snyder
présentera une conférence sur le thème des rituels sataniques et de la
littérature démonologique à la Renaissance. La conférence aura lieu le 31
octobre à 19 h au Carrefour de l'information.
La sorcellerie est un terme controversé et son histoire est complexe.
Souvent condamnée et considérée comme une hérésie, la sorcellerie a pris une
grande importance pour les catholiques et les protestants à la fin du Moyen
Âge. Pourtant, contrairement à la perception populaire, ce n'est pas
l'Église, mais la justice laïque des XVIe et XVIIe
siècles qui a été la plus virulente en matière de chasse aux sorcières.
C'est dans ce contexte que le sabbat des sorcières, une notion obscure qui
intègre des discours d'origines diverses, a été poussé à son paroxysme.
Ayant progressivement été assimilée à une forme de culte du diable,
d'opposition au pouvoir des institutions religieuses et sociales,
l'assemblée du sabbat des sorcières a provoqué la condamnation de milliers
de femmes, toutes abattues sous le couvert de la chasse aux sorcières!
Le sabbat est une œuvre sacrée, que plusieurs théoriciens décrivent comme
la plus étonnante du christianisme et de l'Occident. Entre le XIIIe
et le XVIe siècle, les pouvoirs religieux et juridiques laïcs ont
mis au point et colporté les grands principes qui ont conduit au bûcher
60 000 personnes, dont une majorité de femmes. Pendant cette longue période
de l'histoire de l'Occident, tous les malheurs qui s'abattaient sur l'Europe
– catastrophes naturelles, peste, famines et guerres – étaient attribués au
diable. «Et les intermédiaires du diable sur terre, clairement identifiés
par les théologiens et les prédicateurs, c'étaient les femmes», explique
Patrick Snyder.
Mais le théologien n'hésite pas à
malmener ce mythe : «Celles qui ont été brûlées ne revendiquaient rien,
elles étaient simplement des boucs émissaires. La condamnation des sorcières
étaient fondée sur leur seule présence à cette assemblée démoniaque que l'on
nomme le sabbat des sorcières.»
C'est donc par le biais d'une conférence originale que la communauté
universitaire est invitée à venir découvrir les éléments centraux de ces
festivités sabbatiques : le moment, le lieu, le nombre de personnes
présentes, les formes de transport pour se rendre au sabbat, le festin
sabbatique, la danse endiablée, l'orgie sexuelle, les différentes formes du
diable, la messe sabbatique et les visages du diable.
Le théologien Patrick Snyder consacre depuis plusieurs années ses
recherches autour du thème des femmes et de la religion. Dès 1993, il
dédiait sa thèse de maîtrise à la chasse aux sorcières. Un volume sortira à
l'hiver 2007 qui portera le titre
Trois figures du diable
à la Renaissance : l'enfant, le femme et le prêtre (Éditions
Fides).
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