Deux chercheurs parmi les plus grands innovateurs au Canada
CAROLINE DUBOIS et GABRIELLE GRANGER
Deux chercheurs de l'Université de Sherbrooke ont reçu chacun
un prestigieux prix du Conseil de recherches en sciences naturelles et en
génie du Canada (CRSNG), lors d'une cérémonie qui s'est tenue à Winnipeg le
16 octobre. D'une part, Lucien Junior Bergeron, postdoctorant à la Faculté
de médecine et des sciences de la santé, a remporté le prix Défi Innovation.
D'autre part, le professeur Maher Boulos et la firme Tekna Systèmes Plasma
qu'il dirige ont obtenu le prix Synergie pour avoir démontré un leadership
exceptionnel.
«Ces distinctions témoignent de la
vivacité de la recherche à l'Université de Sherbrooke et des partenariats de
recherche, affirme Edwin Bourget, vice-recteur à la recherche. Non seulement
les découvertes de nos chercheurs profitent à l'ensemble de la collectivité,
mais leur commercialisation génère également des retombées économiques
importantes de même que des emplois directs et indirects.»
Une enzyme pour contrer l'hépatite C, l'Alzheimer et le VIH
Dans le cadre de sa recherche doctorale à l'Université de Sherbrooke, le
jeune chercheur Lucien Junior Bergeron a conçu un système ingénieux
d'inactivation des gènes basés sur le ribozyme delta : le concept SOFA.
Cette enzyme est une sorte de ciseau moléculaire qui permet de cibler des
séquences d'ARN spécifiques au niveau de la cellule. Ce projet de recherche
s'est classé en 2005 parmi les 12 meilleurs au Canada pour son impact majeur
et son potentiel de commercialisation. À l'UdeS, Lucien Junior Bergeron a
aussi remporté en début d'année le Prix institutionnel de la meilleure thèse
de doctorat dans le secteur des sciences de la santé.
Les travaux de recherche en cours avec le ribozyme SOFA portent notamment
sur des thérapies contre le virus de l'hépatite C et de la leucémie
lymphoblastique. La recherche de Lucien Junior Bergeron a suscité un intérêt
sans précédent au sein de la communauté scientifique, qui y voit également
des applications dans des domaines aussi divers que la fermentation du
yogourt, la maladie d'Alzheimer et le VIH. «Comme le ribozyme delta a une
action très spécifique sur l'ARN, les effets secondaires des traitements
utilisant ce procédé seront beaucoup moins prononcés pour les patients»,
spécifie le jeune chercheur.
«Ces découvertes sur le ribozyme delta pourront avoir des applications en
biotechnologie, en génomique fonctionnelle et en thérapie génique, ajoute
Lucien Junior Bergeron. Pour l'instant, il est difficile d'évaluer les
répercussions économiques qu'ont ces résultats de recherche. Plusieurs
années de développement du procédé seront encore nécessaires pour le
parfaire, mais les applications potentielles sont vastes.»
Après avoir fait sa maîtrise et son doctorat à l'Université de
Sherbrooke, le chercheur poursuit toujours ses études : «Je viens tout juste
de terminer un premier stage postdoctoral à l'Université Simon Fraser en
Colombie-Britannique. J'ai choisi d'en commencer un deuxième au laboratoire
de génomique fonctionnelle de l'Université de Sherbrooke, sous la direction
du professeur Sherif Abou Elela, une sommité dans le domaine.»
Le plasma inductif : un gaz qui offre des solutions aux industries
Si Tekna Systèmes Plasma est
aujourd'hui reconnue comme un leader mondial des plasmas inductifs, c'est
grâce au travail du professeur Maher Boulos, de l'Université de Sherbrooke.
Son concept innovateur de chalumeaux à plasma inductif permet de fondre ou
d'évaporer n'importe quel métal ou céramique à des chaleurs pouvant
atteindre 10 000° Celsius. Le professeur Boulos a ainsi développé de
nouveaux matériaux capables de résister à une chaleur des plus intenses,
utilisés dans l'industrie chimique, électronique et médicale. Les
applications sont multiples, allant des revêtements pour les capsules
spatiales jusqu'aux nouvelles générations de barrières thermiques.
Sur le plan de la commercialisation, Tekna Systèmes Plasma a
réussi un défi que peu d'entreprises parviennent à relever. Elle a
positionné cette technologie à la fois sur le marché de la R-D et sur le
marché industriel traditionnel. Aujourd'hui, le plasma inductif est utilisé
par les plus importants centres de recherche au monde ainsi que plusieurs
leaders industriels de la microélectronique, des cosmétiques, de l'énergie
et de l'aérospatiale situés en Amérique du Nord, en Europe et en Asie.
Voir aussi :
Bourses d'excellence : l'UdeS devance
le peloton
Le savoir se positionne à l'Université de
Sherbrooke
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