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Liaison, 28 septembre 2006
Madame Sourire
JOSÉE BEAUDOIN
Élaine Godbout ne veut pas que j'en parle, mais elle a déjà remporté le
prix Sourire dans un camp scout lorsqu'elle était jeune jeannette. Si je
vous le dis quand même, c'est pour établir que sa bonne humeur légendaire ne
date pas d'hier. Aussi, je suis certaine qu'elle ne m'en tiendra pas
rigueur. Ça en prend davantage pour faire fâcher une si bonne nature. En
fait, je gagerais même qu'à la lecture de ces premières lignes, elle ne
pourra réprimer un sourire.
Elle a résisté longtemps à la publication de cet article, ne comprenant
pas pourquoi sa candidature nous avait été suggérée dès la création de cette
série de portraits des leaders de la communauté universitaire. En fait, elle
semble être la seule personne à ne pas entendre le concert d'éloges à son
endroit. «Quel plaisir de travailler avec une personne aussi compétente et
aussi agréable», lance d'emblée Luce Samoisette, rectrice adjointe et
vice-rectrice à l'administration.
Depuis 12 ans maintenant, Élaine Godbout travaille au Service des
finances de l'Université. Le secret de son enthousiasme et de son efficacité
est facile à percer : elle aime ce qu'elle fait. «Je fais partie d'une belle
équipe; c'est une petite famille comme on dit ici, dit-elle. Il y a vraiment
une bonne ambiance. Tout le monde s'entraide.» Responsable des budgets de
fonctionnement et d'investissement depuis 1999, elle interagit avec
l'ensemble des unités, des services et des facultés. Son rayon d'action
déborde des colonnes débit-crédit : «Je ne prépare pas le budget toute seule
dans mon coin. J'aime travailler avec les gens et essayer de trouver une
approche gagnant-gagnant.»
Si vous croyez la créativité totalement absente de l'univers des
finances, sachez que l'Université de Sherbrooke a ouvert les frontières
entre les cerveaux gauche et droit il y a plusieurs années déjà.
«Auparavant, les ressources des facultés et services étaient octroyées selon
des critères comportant une forte base historique, explique Élaine Godbout.
La préparation du budget de l'année 1999-2000 a marqué une étape avec
l'adoption d'une nouvelle approche. Toutes les unités revoient désormais
leurs prévisions, on en discute ensemble, on apporte des solutions, on
trouve de nouvelles façons de faire.» Cette méthode fait tourner bien des
regards au Québec et procure beaucoup de fierté à Élaine Godbout, qui a
participé activement à son implantation : «C'est une grande réussite. Avec
cette façon de faire, les gens se sentent plus responsables, plus motivés.»
Et la pression qui vient avec le titre de responsable des budgets, elle
la gère comment? «Quand on travaille, on fait du mieux qu'on peut, mais le
résultat, on ne peut pas le prendre entièrement sur nos épaules,
soutient-elle. On cherche les meilleures solutions, mais il y a des
conditions extérieures qui viennent influencer, donc des limites à ce qu'on
peut faire.»
Laissez votre message avant le son du bip…
Madame Sourire, c'est aussi Madame Liste. Sur son bureau, un petit cahier
rempli de notes manuscrites où chaque élément surligné s'inscrit comme
affaire classée. «Je ne sais pas si ça vient avec les comptables, mais moi,
je suis comme ça. Je fonctionne aussi beaucoup par boîte vocale car je suis
souvent en réunion. Je reçois beaucoup de messages et j'en laisse beaucoup
aussi. J'ai la réputation d'atteindre facilement la limite de deux minutes.
Je me fais taquiner, mais je l'assume! Je préfère poser la question tout de
suite plutôt que de seulement dire de rappeler. Quand quelqu'un ne laisse
pas de message, on peut se courir pendant deux semaines.» Et que fait-elle
lorsqu'elle est à l'extérieur et qu'elle a une idée à ne pas oublier? Elle
se laisse un message sur sa propre boîte vocale!
Passionnément famille
Pour dépeindre fidèlement qui elle est, je laisse ici son travail de côté
pour parler de sa famille et de ses passions. Quoique pour respecter son
véritable équilibre, j'aurais dû faire le saut un peu plut tôt. Même que
j'aurais dû commencer d'emblée par ses deux filles de 12 ans qui ont trois
mois de différence et qui sont entrées dans sa vie à deux semaines
d'intervalle, l'une directement de la Chine, l'autre du Vietam. L'entendre
en parler, ça va droit au cœur.
Au chapitre des vocations tardives et du parfait exutoire, il y a
maintenant la musique. «Je joue du piano depuis cinq ans, mais pour
moi-même, précise-t-elle. Ça ne me tente pas de m'imposer le stress du
spectacle. On avait déjà un piano à la maison, qu'on avait acheté comme
meuble décoratif. Les enfants ont commencé à jouer et c'est comme ça que
j'ai découvert la musique. J'aime les beaux airs plus doux qui vont chercher
de l'émotion.» Parmi le répertoire de la sympathique argentière, la chanson
thème du film Séraphin, un homme et son péché. La prochaine pièce en lice
pourrait être tirée du Fantôme de l'Opéra, qu'elle a vu cet été à New York.
«J'aime beaucoup les voyages et j'ai des goûts très variés, indique Élaine
Godbout. Souvent, les gens vont aimer un style de voyage. Pour moi, ça peut
être autant le Sud que l'Europe, très nature en Gaspésie ou très urbain à
Las Vegas. J'aime autant l'un que l'autre.» À suivre, peut-être en Italie!
En terminant…
Est-ce que je vous ai dit qu'Élaine Godbout avait déjà remporté le prix
Sourire dans un camp scout? Je pousse ma chance, mais je suis certaine
qu'elle sourit encore.
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