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Liaison, 14 septembre 2006

Découvertes livres

DOMINIC TARDIF
Étudiant en études littéraires et culturelles

Moi, Charlotte Simmons, Tom Wolfe

Tom Wolfe, monsieur nouveau journalisme, fondateur de ce style d'écriture qu l'a rendu populaire dans les années 60 et 70, était de retour au roman en 2004 avec I am Charlotte Simmons, paru cette année en français sous le titre Moi, Charlotte Simmons. Né en 1931 à Richmond dans l'État de Virginie, Wolfe galère entre différents journaux dans sa jeunesse. Il a fait paraître plusieurs titres oscillant entre nouveau journalisme et fiction pure, dont les marquants Bûcher des vanités en 1987 et Un homme, un vrai en 1998. On se souvient aussi de Wolfe pour son rapport de tournée à travers les États-Unis intitulé Acid Test. Wolfe y racontait comment les Pranksters avaient décidé de se promener à travers le pays pour faire vivre la totale expérience à toute l'Amérique, le LSD. À bord d'un mini-van coloré, la bande rencontre toutes sortes de gens, hippies ou Hell's Angels. Et ne serait-ce que pour ajouter à la folie, le conducteur de van n'était nul autre que Neal Cassady, celui que Jack Kerouac nous avait présenté dans Sur la route sous le nom de Dean Moriarty. Ce n'était pas qu'un personnage.

Dans son récent roman, Tom Wolfe présente un monde s'apparentant à ce qu'on peut voir parfois sur le campus de l'Université de Sherbrooke. Charlotte Simmons, c'est une fille de la campagne. Une vraie. Péquenaude jusqu'au bout des doigts. Elle a grandi dans la ville de Sparta en Caroline du Nord dans une pauvreté et une exiguïté décrite avec truculence par Wolfe. Charlotte, c'est la bolée de son high school. Elle est rejetée bien sûr par toute l'école, mais elle a quand même une amie qui la comprend. Quand arrive la fin de ses études, une enseignante qui l'a beaucoup soutenue l'encourage et finalement, Charlotte obtient une bourse d'études lui permettant d'aller à Dupont University, l'une des plus prestigieuses, l'université où toute l'élite économique américaine se retrouve. Charlotte quitte ainsi sa bourgade natale pour un grand campus, pleine d'espoir, non contente de quitter les rustres habitants de Sparta. Sa mère l'avertit bien, religieuse au possible, de ne pas faire de folies, on comprend de rester vierge et de ne pas boire d'alcool. On ne parle même pas de drogue. Charlotte entend bien obéir, elle qui croit en Dieu et en sa mère. Quand elle arrive à Dupont, elle découvre un monde où les sportifs sont rois, où le sexe est omniprésent et où l'alcool coule à flot, jour et nuit, toute la semaine durant. Et l'argent! L'argent déborde des poches des étudiants. Charlotte, elle, avec sa petite bourse, doit compter chaque sou. Charlotte est évidemment effrayée et scandalisée dès sa rencontre avec sa compagne de chambre, véritable fille de riche, cellulaire à l'oreille et tout le tralala. Mais la nature humaine étant ce qu'elle est, Charlotte voudra à tout le moins tisser quelques liens avec des filles qui pourraient agir en tant que pseudo-amies, et cela l'entraînera dans certaines dérives.

Réactionnaire à souhait, Wolfe signe un livre qui n'est pas sans nous rappeler l'atmosphère de promiscuité sexuelle, d'alcool à en vomir et de stupidité à en avoir honte de la race humaine qui frappe les universités chaque année quand revient le temps des initiations. Bien que Wolfe ne donne pas dans la subtilité et nous enfonce dans la gorge son message puritain et pudibond comme une bonne sœur – il avoue avoir voté Bush aux dernières présidentielles – les situations qu'il nous présente nous permettent de lire, noir sur blanc, le délestage moral d'une génération qui n'a pas de tabous, mais qui on s'en doute, et c'est presque cliché de le dire, camoufle quelques plaies mal guéries derrière ces étourderies. En fait, Moi, Charlotte Simmons, c'est un peu comme emmener un vieil homme un mercredi soir au Kudsak et lui demander de mettre ses réflexions sur papier. On n'est pas surpris du résultat, mais on veut quand même savoir.

Conseil, si vous pouvez lire l'anglais, lisez plutôt la version anglaise, la traduction étant boiteuse à bien des égards.

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