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Liaison, 14 septembre 2006

Que l'amour triomphe!

Psychologue invitée : STÉPHANIE LALANNE

Vous souvenez-vous où vous étiez le 11 septembre 2001 quand vous avez appris la catastrophe du World Trade Center? Il y a fort à parier que oui. Toutes les personnes à qui je l'ai demandé s'en souviennent avec précision. Ce moment est gravé dans leur mémoire, dans leur esprit, dans leur corps. Toutes se rappellent leur réaction viscérale, le choc devant l'incroyable, l'incompréhensible, l'inacceptable. Toutes se sont senties dépassées, démunies, écrasées par l'ampleur de la tragédie.

On veut pas le savoir, on veut le voir (Deschamps)

«C'est pas possible, il y a une erreur, c'est pour un film…», ont dit certains. Rivés à leur téléviseur pendant des heures, hypnotisés par ces images, souhaitant une autre finale à l'histoire, ils ont cherché la vérité… et l'espoir. Au premier avion qui percutait l'une des deux tours, ils pouvaient encore croire à un accident. Comme ils le souhaitaient! Quelques minutes plus tard, le deuxième avion leur enlevait toute illusion. Comment était-ce possible? Pourquoi? Qui avait fait ça? Pourquoi à nous?

Les analystes politiques ont parlé du «géant aux pieds d'argile» : la superpuissance américaine pouvait s'écrouler sans avoir vu venir l'ennemi. Un ennemi tellement résolu qu'il était prêt à mourir pour ses convictions. Abattement, sentiment d'injustice – qu'avons-nous fait pour mériter ça? – impuissance.

Certains Américains, sans doute plus conscients, se sont demandé ce qui avait pu susciter une telle haine. Leur attitude y était-elle pour quelque chose? «Aurions-nous pu éviter un tel malheur en étant moins arrogants?» Une ouverture à leur propre responsabilité dans l'enjeu d'un tel drame.

Entre l'amour et la haine

Bien sûr, sous un tel choc, il est bien humain d'être anxieux et même angoissé. La menace rôde et on ne sait comment s'en protéger. Cette anxiété, toutefois, peut se manifester de différentes façons : on peut se mettre à avoir peur de tout et de tous, se refermer, devenir plus ou moins «parano» parce qu'on craint de devenir victime sans l'avoir mérité; on peut aussi avoir envie de se rapprocher des gens qu'on aime, de leur démontrer notre affection, de goûter pleinement cette chance extraordinaire d'être aimé de ceux qu'on aime. Aimant et aimé. Pendant qu'on est vivant.

Frappée de plein fouet, la population de New York nous a offert un grand message de solidarité. Blessées dans leur cœur et dans leur âme d'avoir tant perdu, ces personnes ont su trouver en elles-mêmes d'immenses réserves de générosité, de compassion et d'amour. Croire en la vie, plus forte que tout. Survivre, d'abord au deuil. Puis, peu à peu, revivre. Autrement. Plus enraciné, plus engagé.

En fin de vie, que reste-t-il?

Ce qui m'a le plus touché, c'est la force de l'amour. D'abord, l'humanisme pour ses semblables. N'êtes-vous pas ému en songeant aux quelques hommes qui, dans le quatrième avion, ont réussi à mater les terroristes et à détourner l'avion vers une zone moins habitée? Ils savaient qu'ils allaient mourir et ils ont eu ce courage d'utiliser leurs dernières énergies à lutter pour que le moins de gens possible soit fauché. Chapeau!

Et puis, l'amour pour ses proches. Des hommes, des femmes, sachant que la mort était là, tout près, ont eu l'élan de livrer leurs dernières paroles, par téléphone, à leur femme, à leur mari, à leurs enfants, pour leur dire, dans ce moment ultime : Darling, I want to tell you how much I love you. L'héroïsme, pour moi, c'est ça : répondre à la haine, à la peur, à la mort, par l'amour. Faire triompher l'amour.

Au bout de leur vie écourtée, ces êtres ont été accompagnés, jusqu'à la fin, par la présence indélébile de visages aimés. Je me console, un tout petit peu, en pensant que ces hommes et ces femmes ne sont pas morts seuls.

En collaboration avec le Service de psychologie et d'orientation.

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Photo de Stéphanie Lalanne
Stéphanie Lalanne

 

 

 

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