Liaison, 14 septembre 2006
Boucar Diouf
Drôle de baobab
Savoureux mélange d'humour, de contes, de proverbes et de chansons, le
spectacle D'Hiver cité du Sénégalais d'origine Boucar Diouf est une
fusion entre le Québec et l'Afrique. En opposant une foule de détails
différenciant la culture nord-américaine dans laquelle il est maintenant
fort bien intégré de celle si colorée de son enfance africaine, Boucar
Diouf nous fait réfléchir sur nous-mêmes. Pour une soirée de rire et de
prises de conscience, soyez au Centre culturel de l'Université de
Sherbrooke le 29 septembre.
De cultivateur à créateur
Boucar Diouf est né et a grandi dans un petit village au centre du
Sénégal où il fut gardien d'animaux et cultivateur d'arachides. Arrivé
dans l'Est du Québec en 1991, il y complète une thèse de doctorat portant
sur les adaptations au froid chez l'éperlan et devient professeur de
biochimie et de physiologie à l'Université du Québec à Rimouski, tout ça
avant de se tourner vers le métier d'humoriste. Atypique comme parcours? À
qui le dites-vous! Mais comme l'affirme le principal intéressé : «Il est
parfois difficile pour un Africain de prétendre, au Québec, être un
spécialiste du frette.» Alors pourquoi ne pas suivre sa véritable
passion de créateur?
Boucar Diouf dit créer pour se débarrasser d'une flamme intérieure et
pour semer, parce que l'humour est un terreau fertile. Dans ce champ, il
compte bien planter des moyens de communication pour faire tomber les
masques, bousculer les représentations que les hommes s'attribuent les uns
aux autres et mettre en évidence les conflits entre les groupes ethniques.
L'humour à la Diouf propose de nouvelles façons de voir les choses et se
veut un point d'encrage à l'émergence de l'identité québécoise à laquelle
il rêve.
Par sa structure, D'Hiver cité reflète l'identité actuelle de
Boucar Diouf. En effet, 13 années passées dans le Bas-du-fleuve au Québec
ont fait de lui un baobab recomposé. Entre ses racines africaines et son
feuillage québécois se dresse son tronc sénégalais. D'Hiver cité,
c'est donc un voyage du Québec au Sénégal, de la banquise à la savane et
d'une émotion à l'autre.
Le métissage engendre des hybrides qui sont reconnus en biologie comme
étant souvent plus vigoureux que leurs parents de race pure. Voilà
pourquoi Boucar Diouf raconte des histoires africaines avec des
expressions québécoises et mélange le monologue, le conte, le proverbe et
la chanson.
M. F.
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