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Liaison, 31 août 2006

 

 
Le professeur Yves Bérubé-Lauzière et son prototype.

Le professeur Yves Bérubé-Lauzière et son prototype.

Photos  : Roger Lafontaine

 


TomOptUS : un tomographe ami des animaux

Créer une nouvelle fenêtre pour voir l'intérieur du corps, telle est la mission que s'est donnée le chercheur Yves Bérubé-Lauzière, professeur au Département de génie électrique et de génie informatique, en lançant TomOptUS, un projet de tomographe optique tout à fait unique et révolutionnaire. Depuis l'automne 2005, lui et son équipe travaillent à concevoir un tomographe (souvent appelé scanner) utilisant la technologie du laser qui pourrait avoir des usages inusités et épargner la vie de nombreux animaux de laboratoire. Une fois développé, ce nouveau type d'imagerie non invasive permettra aux scientifiques d'observer des processus biologiques jusqu'alors impossibles à voir avec la technologie actuelle.

Le laser pour des images 3D

Contrairement aux tomographes classiques, celui développé par l'équipe du professeur Yves Bérubé-Lauzière utilise un laser. Ainsi, pour détecter les organes et les structures internes de l'animal étudié, l'appareil projette un rayon laser sur son corps. Le tomographe mesurera d'abord la forme extérieure de l'animal par métrologie 3D à l'aide de caméras, ces données étant nécessaires pour obtenir des images 3D de l'intérieur de l'animal. La puissante lumière du laser se diffuse à l'intérieur du corps et des détecteurs du tomographe disposés autour de l'animal enregistrent la lumière qui en ressort. Enfin, à l'aide d'algorithmes basés sur un ensemble de formules mathématiques décrivant la propagation de la lumière dans les tissus biologiques, le tomographe reconstitue une image 3D de l'intérieur de l'animal.

L'une des caractéristiques particulières du tomographe optique développé par l'équipe de TomOptUS est qu'il ne requiert aucun contact avec l'animal. Le rayon laser est projeté directement, sans fibre optique collée sur le sujet étudié, et il en va de même pour les canaux de détection.

La technologie laser fonctionne d'une manière bien distincte par rapport aux autres types de tomographes utilisant les rayons X et la résonance magnétique. Du côté des tomographes traditionnels, les ondes se propagent en ligne droite dans le corps. Elles donnent des informations sur la structure des tissus.

En revanche, la lumière du laser est déviée plusieurs fois dans sa course dans le corps du sujet, par un processus appelé diffusion, avant d'en ressortir. À l'aide de marqueurs fluorescents appelés fluorophores, les images produites peuvent illustrer des processus biologiques qui se déroulent dans le corps de l'animal examiné, comme la formation de tissus cancéreux, la mort cellulaire programmée et l'action d'un médicament.

Préserver les animaux de laboratoire

L'une des utilités envisagées pour cette technologie, lorsqu'elle sera complètement développée, est de réduire le sacrifice des petits animaux de laboratoire. Grâce au tomographe, les scientifiques pourront suivre un processus sur un même animal, que ce soit les effets d'un médicament ou d'un traitement. Durant les expériences menées aujourd'hui en laboratoire, plusieurs animaux sont sacrifiés pour vérifier les effets de différents traitements et expérimentations. «Aujourd'hui, lorsqu'on mène une expérience en laboratoire, on peut prendre, par exemple, 100 souris au départ et en sacrifier 10 à chaque étape d'un traitement pour en observer les effets à l'aide de techniques histologiques utilisant le microscope», explique Yves Bérubé-Lauzière. Grâce à la nouvelle technologie, nul besoin d'enlever la vie à autant d'animaux, car les scientifiques pourront observer l'intérieur de l'animal sans utiliser le scalpel.

Cette technologie ne pourra être utilisée couramment chez l'humain, car la plupart des tissus sont trop épais. La lumière ne peut pénétrer assez profondément, c'est pourquoi les petits animaux sont pour l'instant les meilleurs candidats pour ce tomographe. «On pourra peut-être utiliser ce tomographe pour des parties du corps humain où les tissus sont moins épais, comme les doigts et les articulations de la main», précise le professeur.

Comme les photons, c'est-à-dire les particules de lumière, sont déviés plusieurs fois dans le corps de l'animal, les images produites par un tomographe optique seront plus floues que celles des tomographes traditionnels. Mais l'information qu'il peut fournir aux scientifiques est salutaire. Aussi, dans l'avenir, la technologie développée par Yves Bérubé-Lauzière pourrait être couplée aux tomographes traditionnels pour produire des scanners encore plus performants et polyvalents. «Peu de groupes de recherche travaillent à un projet semblable, affirme le professeur. Au Canada, nous sommes les seuls en milieu universitaire à faire des recherches dans cette veine.»

De plus, le projet TomOptUS s'intègre bien aux recherches en imagerie sur petits animaux qui se déroulent déjà à l'Université de Sherbrooke, et il contribue à la position de leader de l'institution dans ce domaine. L'UdeS a une renommée internationale en la matière grâce, entre autres, aux travaux pionniers menés par les professeurs Roger Lecompte (Médecine nucléaire et radiobiologie) et Réjean Fontaine (Génie électrique et génie informatique). «Ceci fait de l'UdeS un environnement hautement stimulant pour mener mes recherches, et les travaux des professeurs Lecomte et Fontaine sont une grande source de motivation pour moi», explique Yves Bérubé-Lauzière.

De la conception à la réalisation

Pour concevoir un tel appareil, une équipe multidisciplinaire est nécessaire. «Notre projet touche les mathématiques, l'électronique, l'informatique, la mécanique, la physique et la biologie», explique le chercheur. En ce moment, l'équipe est à la phase de conception et elle mène des expériences de validation de concept pour déterminer, notamment, comment placer les détecteurs au bon endroit dans le tomographe pour des résultats optimaux. «Nous devons aussi développer les algorithmes de reconstruction et procéder à la réalisation de l'appareil en tant que tel», ajoute le professeur. Le projet en est encore à ses balbutiements et le travail à venir ne manquera pas pour l'équipe d'Yves Bérubé-Lauzière, mais les bénéfices qu'apportera cette technologie ont un grand potentiel. Le développement du tomographe est le fruit d'un travail d'équipe et les étudiants y jouent un rôle important : «TomOptUS est en pleine expansion. L'équipe compte déjà sept étudiants activement engagés qui manifestent un grand intérêt pour le projet, et d'autres membres se joindront sûrement à l'équipe», conclut le chercheur avec enthousiasme.

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