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Liaison, 17 août 2006

 

 

Costumes traditionnels pour la fête du soleil.
Costumes traditionnels pour la fête du soleil.

La tienda du coin.
La tienda du coin.

Photos : Caroline Morin Savoie

 


Collique va me manquer

Étudiantes à la maîtrise en environnement, Maryève Charland-Lallier et Caroline Morin Savoie complètent un stage de quatre mois à Collique, une municipalité en banlieue de Lima, capitale du Pérou. Le projet principal auquel elles prennent part vise l'implantation de latrines afin d'améliorer la salubrité dans une zone où l'accès au réseau d'aqueduc ne va pas de soi. Voici un aperçu de leur séjour en terre d'accueil.

CAROLINE MORIN SAVOIE

Déjà trois mois passés à Collique. Pourtant, quand je regarde vers l'horizon, je m'émerveille encore devant ces montagnes brunes qui entourent cette petite ville comme une forteresse naturelle. Sous le ciel voilé en permanence par un mélange douillet de nuages et de smog provenant de la ville de Lima, on a l'impression d'être seul au monde, isolé dans cette vallée inaccessible. Cette pensée, que certains doivent trouver rassurante, me laisse plutôt un arrière-goût de claustrophobie.

N'empêche qu'il faut bien admettre qu'après tout ce temps, une petite routine s'est installée dans nos activités de coopérants internationaux. Tous les matins avant de travailler, voire tous les matins tout court, je déjeune avec des petits pains français à 0,10 sols chacun, accompagnés d'un nectar aux pêches bien fumant. Il faut se méfier de la grippe qui guette les insouciants osant déguster leurs boissons froides en pleine saison hivernale! Je descends ensuite l'avenida de la Revolución, avenue principale de Collique. Sur mon chemin, je salue le vendeur de bière de l'autre côté de la rue qui s'amuse à compter mes allées et venues. Chacun trouve ses divertissements pour traverser les journées qui commencent beaucoup trop tôt et se terminent beaucoup trop tard. Je m'arrête ensuite au dépanneur du coin, celui où une vieille dame sympathique se fait un plaisir de me vendre un quelque chose qui satisfera ma dent sucrée, tout en échangeant quelques banalités.

Je me rends au travail en répondant d'un sourire ou en évitant (cela dépend des jours) les hommes qui, au passage d'une blanche, se mettent à siffler en guise de salutation. C'est là que commence notre boulot. Bien qu'au départ, le rythme péruvien nous ait occasionné quelques longs soupirs, aujourd'hui nous le maîtrisons plutôt bien. Mi-craintifs, mi-amusés, nous imaginons difficilement notre retour au rythme incessant de productivité qui règne dans notre pays industrialisé. Nous travaillons donc en attendant l'heure du dîner, le moment où chacun retourne à sa maison pour savourer un nouveau repas que notre maman péruvienne a pris soin de préparer. Au menu : riz blanc, patate et poulet. Chaque jour reviennent ces trois ingrédients de base qui nous sont servis dans une immense assiette à laquelle mon estomac commence à peine à s'habituer. Une sauce s'ajoute au repas, élément magique qui permet à nos papilles gustatives de découvrir mille et une saveurs, toutes meilleures les unes que les autres. C'est donc le ventre plein et le cœur léger que nous retournons travailler pour un après-midi qui, de toute évidence, demeure nuageux et très humide.

Les lundis, nous nous rendons à Los Olivos pour la planification hebdomadaire de notre travail. Une quarantaine de minutes de combi sont nécessaires au déplacement. Un chauffeur expérimenté (car il se doit de l'être) réussit à se faufiler dans le brouhaha saisissant du transport en commun sans trop de difficulté. Bien sûr, il devra se glisser entre les deux voitures qui occupent les seules voies disponibles pour devancer le combi concurrent qui se trouve juste derrière. Il devra klaxonner à plusieurs reprises pour annoncer son passage à une intersection sans signalisation et essaiera de tourner à gauche alors qu'il se trouve à l'extrémité droite de trois voitures qui elles, désirent continuer leur trajet en ligne droite. Son compagnon de travail, quant à lui, s'occupera d'annoncer haut et fort (et beaucoup trop vite) leur destination par la fenêtre et de manipuler la porte coulissante pour inciter le plus de gens possible à utiliser leur service. Peu importe le nombre d'occupants à bord, l'important est que le passager à l'avant n'oublie surtout pas sa ceinture de sécurité! N'étant plus impressionnés par les helpers insistants qui veulent nous faire monter à bord de leur combi, on se permet maintenant de faire la fine bouche et de refuser un combi dans lequel aucun siège n'est disponible. Nous attendons le prochain qui arrive déjà derrière.

Ce jour-là, pour casser la routine, nous mangeons à la Mega Plaza, centre commercial de Los Olivos. Parmi les restaurants sur place se trouvent un PFK et un Pizza Hut qui nous rappellent notre fast food québécois. Nous engloutissons notre pizza suprême à 12,90 sols, montant que plusieurs Péruviens de Collique, à 40 minutes de là, gagnent en une demi-journée…

Et le travail ne fait que commencer

Le projet de latrines est pratiquement terminé. Vingt-cinq familles «chanceuses» auront désormais un endroit autre que les montagnes pour faire leurs besoins. Bien sûr, la petite famille de trois enfants devra encore se contenter de ses quatre barils d'eau par semaine pour préparer les repas, faire la vaisselle, faire le lavage, se laver, et tout simplement s'hydrater. Ces barils qui, dans leur première vie, ont servi au transport de produits chimiques, sont remplis chaque semaine grâce à la connexion du voisin au bas de la montagne. Pour quelques sols, celui-ci accepte de partager ses trois heures d'accès par jour.

La petite famille continuera à jeter ses déchets directement sur le sol. Quand ceux-ci seront en quantité suffisante, on les fera disparaître en craquant une allumette. La montagne se remplira de fumée noire et d'odeurs peu agréables, mais c'est le seul moyen qu'on connaît pour garder un minimum d'hygiène dans ce petit coin délaissé par les services municipaux.

La petite famille continuera également de sourire. Elle nous saluera de la main quand elle nous apercevra au pied de la montagne, cherchant notre souffle pour monter jusqu'à sa maison. On entendra le rire joyeux des enfants en se rapprochant et on aura droit à un éternel accueil chaleureux une fois rendus au sommet. On rira des grimaces du petit dernier et on s'émerveillera devant le jardin de fleurs qui enjolive la maison en carton de la voisine.

Collique va me manquer…


Yéni a la chance de posséder une latrine.

Le jour tombe sur Collique.
Le jour tombe sur Collique.

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