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Liaison, 17 août 2006

 

 
Nathalie Bier croit qu'une combinaison de méthodes d'apprentissage et de médicaments peut améliorer la mémoire des gens atteints de la maladie d'Alzheimer.

Nathalie Bier croit qu'une combinaison de méthodes d'apprentissage et de médicaments peut améliorer la mémoire des gens atteints de la maladie d'Alzheimer.

Photo : Robert Dumont

 


Un fil d'Ariane pour les personnes
atteintes de la maladie d'Alzheimer

GABRIELLE GRANGER

Lorsqu'on est atteint de la maladie d'Alzheimer, retrouver dans notre mémoire un souvenir peut devenir laborieux, comme trouver son chemin dans un labyrinthe.

Certaines méthodes existent pour faciliter les nouveaux apprentissages et la récupération de certains souvenirs, mais jusqu'à aujourd'hui, peu d'études les avaient évaluées scientifiquement. Ergothérapeute de formation et étudiante au doctorat en sciences cliniques, Nathalie Bier s'est penchée sur l'évaluation de ces méthodes, qui constituent un véritable fil d'Ariane pour les personnes ayant des troubles de mémoire.

«Une fois la mémoire atteinte, guérir les ravages causés par la maladie est impossible, mais on peut travailler avec les facultés encore présentes, explique l'étudiante. Il est possible de les exploiter en faisant des exercices avec le patient pour qu'il puisse intégrer de nouveaux apprentissages.» Vivement intéressée par ces possibilités, Nathalie Bier entreprend, en 2002, une thèse sur les troubles de la mémoire. Son projet avait pour but d'évaluer les méthodes utilisant les facultés préservées des personnes atteintes d'Alzheimer et d'établir des lignes directrices concernant leur utilisation pour les intervenants. En somme, grâce à la recherche de Nathalie Bier, les personnes atteintes pourraient profiter de méthodes vérifiées qui faciliteraient la réalisation de leurs activités quotidiennes et améliorer leur qualité de vie.

Ces méthodes, peu étudiées, avaient déjà été évaluées, mais dans un contexte moins rigoureux. Le but de la recherche menée par Nathalie Bier était de tester l'efficacité de ces méthodes dans un contexte plus scientifique et les comparer entre elles. Pour la réalisation de ses expériences, Nathalie Bier a pu profiter de la collaboration de patients atteints d'Alzheimer à l'Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke.

3 méthodes d'apprentissage pour les patients

Trois méthodes existent pour faciliter la vie des personnes vivant avec les difficultés engendrées par l'Alzheimer. Ces méthodes sont appliquées afin de favoriser l'apprentissage d'activités que la personne n'est plus en mesure de faire; par exemple, une activité de loisir ou apprendre à se servir d'un calendrier pour se souvenir de ses rendez-vous et des choses à faire dans la journée. D'abord, la méthode sans erreur vise à limiter les erreurs dans la limite du possible. «Puisque les personnes atteintes présentent des troubles de mémoire importants, elles ne peuvent se rappeler qu'elles ont commis une erreur et elles auront tendance à la répéter continuellement», explique Nathalie Bier. Lors de l'étude, l'intervenant présentait au participant une photographie d'une personne associée à son nom de famille. Le participant devait alors répéter immédiatement la réponse. Cette procédure était ensuite reproduite à plusieurs reprises, afin d'empêcher le participant de deviner les noms de personne. En somme, l'intervenant s'assurait que seule la bonne réponse était répétée et que ce n'était qu'elle qui s'inscrivait dans la mémoire du participant.

Ensuite, pour ce qui est de la méthode d'estompage, l'intervenant donne des indices à la personne pour l'aider à trouver l'information. «Au départ, on donne plusieurs indices et ensuite on en diminue le nombre jusqu'à ce que la personne puisse trouver elle-même la réponse», révèle l'étudiante. Dans les expériences menées par Nathalie Bier, on présentait encore une photographie d'une personne ainsi que son nom de famille. L'intervenant lisait les informations avec le participant. Ensuite, au fil de l'exercice, des lettres étaient enlevées jusqu'à ce que le participant puisse produire la réponse lui-même.

«Enfin, pour ce qui est de la méthode de récupération espacée, elle consiste à demander à la personne atteinte de retrouver l'information dans sa mémoire après des délais de plus en plus longs», complète la chercheuse. On demande ainsi au participant de retrouver cette information après 10 secondes, 20 secondes, 30 secondes, 1 minute, et ce, jusqu'à une période de 5 minutes.

Au cours de ses recherches, Nathalie Bier a eu la confirmation que les méthodes étaient toutes équivalentes. Aussi, il n'existe pas de preuve scientifique prouvant qu'une méthode est meilleure dans un contexte que dans un autre, mais d'une manière intuitive, les intervenants ont des indices pour favoriser une méthode plutôt qu'une autre, selon leur expérience clinique. «Par exemple, la méthode d'estompage est bonne pour tout ce qui implique un apprentissage moteur, explique la chercheuse. Par exemple, elle pourrait être plus appropriée dans le cas où la personne atteinte d'Alzheimer doit apprendre comment faire fonctionner un appareil électroménager ou apprendre un trajet.»

Un bon complément aux médicaments

Beaucoup de recherches sont menées pour l'élaboration de nouveaux médicaments pour traiter l'Alzheimer. En ajoutant ces méthodes d'apprentissage à la médication, on vise sur tous les fronts et la qualité de vie des patients ne peut que s'améliorer. «Il n'existe pas qu'une façon d'approcher la maladie, explique Nathalie Bier. La médication peut bien fonctionner pour améliorer l'état d'éveil et diminuer les troubles de comportement. Tandis que l'apprentissage a pour avantage d'aider la personne atteinte à mieux fonctionner dans quelques aspects bien précis de son quotidien.»

Des méthodes à faire connaître

Comme la personne atteinte d'Alzheimer doit être encadrée lors des exercices, ces méthodes s'adressent principalement à leurs proches ainsi qu'aux professionnels des centres de jour. D'ailleurs, la prochaine grande étape pour Nathalie Bier consiste à publiciser ces méthodes auprès des intervenants, par le biais de conférences, par exemple. La jeune chercheuse souhaiterait aussi qu'éventuellement, la Société Alzheimer et les autres organismes de soutien aux proches puissent enseigner ces méthodes pour que le plus grand nombre possible de personnes atteintes d'Alzheimer puisse en profiter. «Ces méthodes sont faciles à utiliser, conclut Nathalie Bier. Tout le monde peut les appliquer auprès de leurs proches atteints et leur faire bénéficier d'une plus grande autonomie et d'une meilleure qualité de vie.»

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