Liaison, 17 août 2006
Un grand bâtisseur en vedette
sur la chaîne
Historia
Pierre-Claude Aïtcin parlera de l'expertise
développée par l'UdeS et employée dans
la construction du pont de la
Confédération
MARTY MEUNIER
Le 31 mai 1997, un vieux rêve devenait enfin réalité. Le pont
de la Confédération était inauguré. La mégastructure de béton reliant l'Île-du-Prince-Édouard
au Nouveau-Brunswick et s'étendant sur 13 km a depuis bravé les intempéries,
les courants, l'air salin et les glaces. Grâce à l'expertise développée par
l'équipe de Pierre-Claude Aïtcin, professeur associé à la Faculté de génie,
cette merveille d'ingénierie a étourdi bien des ingénieurs des matériaux qui
ont relevé avec brio les nombreux défis qui se sont présentés sur cette mer
agitée et balayée par les vents.
Présentée sur la chaîne Historia, la série documentaire
Chantier porte sur la conception, la réalisation et les retombées de
cinq grands projets canadiens. Le réalisateur et producteur Yvon Lamontagne
s'est arrêté dans le laboratoire de structures du Département de génie civil
pour y interviewer Pierre-Claude Aïtcin. Spécialiste du béton à haute
performance, le professeur Aïtcin a fait de Sherbrooke un chef de file
mondial parmi les centres de recherche sur le béton en y attirant plus de
100 chercheurs et étudiants. Ce chercheur a aussi développé du ciment à base
de silice ainsi que des moules de béton pour l'industrie du plastique, et il
a conçu de prestigieux ouvrages de génie civil, dont le pont de la
Confédération.
Il s'agit du plus long pont à travée continue au monde
au-dessus d'eaux de mer chargées de glaces. «Je peux vous dire qu'il y a des
avions nolisés d'ingénieurs japonais et français qui sont venus spécialement
visiter le pont de la Confédération pour y admirer sa réalisation», affirme
fièrement le professeur sherbrookois.
Conditions extrêmes
L'appel d'offres du gouvernement fédéral était clair : la durée
de vie de ce pont doit être de 100 ans et le budget ne doit pas dépasser
840 M$. Non seulement le budget a-t-il été respecté, ce qui est rarissime
dans de tels chantiers, mais encore, l'équipe de l'ingénieur Aïtcin a
repoussé les limites du savoir technologique en développant du béton à haute
performance afin de lutter contre les conditions environnementales extrêmes
qui prévalent dans ces eaux déchaînées.
Le béton utilisé dans la construction de la majeure partie du
pont bénéficie d'un taux de résistance de 55 mégapascals (le mégapascal est
l'unité de mesure de la résistance du béton). Habituellement, de 30 à 35 MPa
se retrouvent dans la plupart des constructions de béton. Les boucliers
antiglace sont d'un diamètre de 20 m et sont situés au fil de l'eau alors
que leurs piliers sont en réalité une construction monolithique de béton
dont le taux de résistance est de 90 MPa. Deux techniques de piliers ont été
utilisées pour soutenir la structure : les piliers ancrés dans le roc par
des pieux de 6 à 10 m, près des rivages, et des piliers plus massifs pour
résister aux amas de glaces, grâce à leur poids, pour les travées
principales. À chacun de ces piliers a été ajouté un bouclier conique,
partiellement submergé, servant à projeter la glace vers le haut jusqu'à ce
qu'elle se rompe.
Le résultat, produit par la Strait Crossing Development Inc.,
est un pont préfabriqué postcontraint à travées multiples qui est un modèle
inédit au chapitre du respect de l'environnement, de la viabilité financière
et de la génération d'activité économique pour des insulaires, qui se
sentent un peu moins isolés du reste du monde.
Ne manquez pas cet hommage aux ingénieurs, architectes et
scientifiques qui bien souvent demeurent dans l'ombre de leurs œuvres
magistrales. L'émission sur le pont de la Confédération sera diffusée le
18 septembre à 19 h sur la chaîne Historia.
Le savoir-faire de l'UdeS en matière de béton haute performance a
contribué à la construction du pont de la Confédération. Ce grand
chantier complété en 1997 fera l'objet d'un documentaire présenté sur
la chaîne Historia le 18 septembre.
Photo offerte par Pierre-Claude Aïtcin |
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