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Liaison, 6 juillet 2006
Découvertes livres
Critique invité : GUY COUTURE
Étudiant libre à la Faculté des lettres et sciences humaines
Les Templiers du Nouveau Monde, Sylvie Brien
Les romans historiques pullulent et force nous est d'admettre que la très
grande majorité est bien documentée et donne le goût de découvrir l'histoire
qui ne nous a pas été enseignée. Ainsi en est-il de ce nouveau roman de
Sylvie Brien dont la bibliographie exhaustive révèle le sérieux du travail.
L'auteure native de Lanaudière n'en est pas à ses premières armes. Ses
romans jeunesse et adulte sont publiés au Québec et en France. Les
Templiers du Nouveau Monde, publié chez Hurtubise HMH, comblera
les amateurs du Moyen Âge. Le roman lève le voile sur la vraie nature du
saint Graal et ceux qui ont été séduits par le Code da Vinci seront
conquis et succomberont à l'approche que fait l'auteure autour de
Marie-Madeleine. La page couverture est prometteuse et invitante. Voyons ce
que nous réserve les protagonistes de cette histoire.
Le Roi de France, Philippe IV le Bel, décrète et fomente la destruction
de l'Ordre des Templiers. Léon d'Aymeri, arrière-grand-père de Guillabert d'Aymeri,
personnage principal de cette saga, leur vient en aide. Le lecteur avide des
us et coutumes apprendra beaucoup durant la lecture de cette œuvre truffée
de détails qui nous relate des traditions qui nous feraient aujourd'hui
sourire. Guillabert épouse sa cousine Guiraude (mariage arrangé), qui exige
trois nuits chastes, et le moment venu, le jeune époux doit rendre compte de
la défloraison. Et ce n'est qu'un exemple. Le vocabulaire est recherché,
adapté à l'époque et nécessite quelques incursions dans un dictionnaire.
Feudataire sous le comte de Foix (personnage historique), Guillabert reçoit
la visite de deux mendiants alors qu'il vient tout juste d'éconduire son
épouse exécrée qui ne lui donne pas d'héritier. Ces visiteurs sont en
réalité des Templiers qui lui apprennent qu'il est dépossédé de ses terres
par un bien curieux héritage écrit 100 ans plus tôt. Ce legs spécifiait que
si la lignée pure du sang mérovingien était coupée, tous les biens
reviendraient à l'Ordre. Guillabert encaisse, mais obsédé par Mathilde, sa
vassale, il a bien de la difficulté à mesurer son destin. Cependant, on lui
propose un arrangement. Il doit partir pour le Nouveau Monde (l'Amérique)
avec 200 personnes choisies parmi son fief. Sa mission : fonder une nouvelle
colonie, la treizième des Templiers dans l'Amérique future, à Hochelaga
(Montréal). Les grands maîtres du prieuré de Sion avaient prévu leur fin et
avaient fait ériger auparavant 12 autres refuges afin de préserver le
dernier et le plus précieux des trésors des Templiers. Au désespoir,
Guillabert accepte et, au fil de l'épopée, il apprend, à cause de la croix
imprimée dans son dos, qu'il est considéré comme le réunificateur. Il
abandonne avec joie son épouse Guiraude, puis il s'embarque avec les siens,
avec une Mathilde amoureuse et réticente et l'abbé Barthélemy Filippo,
gardien d'un bien lourd trésor. La traversée, sous le commandement de Seynt
Clère (personnage réel), baron de Roslyn et archi-pirate, aura son lot de
morts dû au scorbut et aux tempêtes dévastatrices. Seynt Clère fera sienne
Mathilde, ce qui bien sûr entraînera une rivalité dont le dénouement en
laissera plus d'un sceptique.
Guillabert constatera le travail monumental effectué par les géographes
qui avaient dessiné fort précisément les fleuves et les moindres cours
d'eau. De plus, tous les gisements de métaux précieux, tels l'or, l'argent,
le cuivre et le zinc étaient méticuleusement répertoriés et numérotés. Ces
trésors finançaient les nombreuses guerres de la France et la construction
des grandes cathédrales. L'Ordre taisait donc l'existence du Nouveau Monde à
cause d'enjeux purement économiques.
Ce roman a été écrit bien avant la sortie du controversé Code da Vinci.
L'auteure va beaucoup plus loin dans son explication de la rivalité entre
l'Église et les Templiers. Même Jacques Cartier parle des Templiers dans ses
écrits. Le Christ, le Graal, Marie-Madeleine, le prieuré de Sion, la
découverte du Nouveau Monde, l'inceste, le scorbut, Caïn et Abel, les
Indiens pacifiques, les pirates, l'Église, les Templiers, Thulé et le
Serpentaire ne sont que quelques éléments sur lesquels reposent cette saga
qui, sur fond d'histoire d'amour, se déroule à un rythme soutenu. S'appuyant
sur des données historiques précises, Sylvie Brien y insère des éléments
fictifs et romanesques qui nous gardent en haleine sur 390 pages que l'on
termine avec regret.
La conclusion nous conduit à cette réflexion : et pourquoi pas? Nul doute
qu'une œuvre semblable nécessite une suite.
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