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André Cyr : un œil neuf sur les oiseaux
GABRIELLE GRANGER
La vocation, c'est avoir pour métier sa passion», disait l'auteur
français Stendhal. Lorsque l'on rencontre l'ornithologue André Cyr, on
s'aperçoit rapidement qu'il est de ceux qui incarnent l'essence de cette
citation. Depuis 50 ans, il s'épanche sur la splendeur des oiseaux et il se
fait un devoir de partager ses connaissances et d'ouvrir les yeux des gens à
la beauté de ces animaux. Figure de proue dans le domaine, le professeur
André Cyr est reconnu pour ses publications personnelles, sa participation à
plusieurs émissions et sa traduction de la bible de l'ornithologie du
célèbre Roger Tory Peterson.
Au Québec, on peut observer environ 300 espèces typiques du Québec et
selon l'ornithologue, tout le monde peut les apprécier et observer certains
de leurs comportements. «Il est difficile de rester indifférent à la beauté
des oiseaux, affirme André Cyr. On a tendance à oublier l'importance de la
contemplation. Quand on s'y adonne, cela nous ouvre un monde de
découvertes.» Selon le professeur, une fois familiarisé aux charmes des
oiseaux, les protéger devient primordial.
Des oiseaux s'adaptent, d'autres sont menacés
Depuis quelques années, on observe des changements dans les populations
aviaires, surtout à cause des transformations des milieux causées par
l'homme. Selon l'ornithologue, la plupart du temps, les oiseaux s'adaptent à
ces changements sans causer de dommages. Mais il y a des exceptions. Le
Carouge à épaulettes, espèce la plus abondante en Amérique du Nord et vivant
généralement dans les marais, se nourrit aujourd'hui copieusement dans les
monocultures de maïs, au grand dam des agriculteurs. «On a tendance à
vouloir régler le problème en contraignant les oiseaux, explique
l'ornithologue. Ce n'est pas la meilleure manière de procéder. Au fond,
c'est plutôt à l'homme de changer ses agissements, de devenir responsable et
de s'inclure soi-même dans l'environnement.»
Certaines espèces sont toutefois en déclin. Dans le monde, sur un peu
plus de 9000 espèces d'oiseaux, 2000 sont menacées. «Beaucoup d'efforts sont
faits pour rétablir les espèces en danger. Mais il faudrait cesser d'avoir
une mentalité axée sur l'économie et davantage sur l'écologie», affirme
André Cyr. L'ornithologue dénonce entre autres les industries et
développements résidentiels et commerciaux qui s'installent dans des
écosystèmes sans se soucier de la faune locale. «Il ne faut pas faire des
lois du marché un dogme. Nous avons des leçons à tirer, des choix à faire
pour préserver l'environnement. Et pour espérer changer les mentalités, nous
devons mettre l'accent sur l'éducation des gens», ajoute le professeur.
André Cyr enjoint donc les gens à se soucier davantage de la conservation
des milieux. Le professeur prêche par l'exemple et accomplit chaque jour des
petites actions concrètes : «Par exemple, chez moi, j'utilise des panneaux
solaires pour mes besoins énergétiques. Je réduis le plus possible ma
consommation d'énergie pour réduire les impacts sur l'environnement.»
Des pistes inusitées à explorer en ornithologie
Pour André Cyr, l'ornithologie offre un grand nombre de possibilités
d'études et de recherches. L'ornithologue accorde une grande importance au
fait de sortir des sentiers battus et d'essayer de nouvelles expériences. Il
y a plusieurs années, André Cyr s'est lancé dans une expérimentation
inédite : «J'ai amené avec moi, dans les bois, des personnes non voyantes et
qui ne connaissaient pas les oiseaux. Je me suis rendu compte que ces
non-voyants pouvaient percevoir la couleur des oiseaux à partir du chant et
l'impression qu'ils avaient en leur présence.» Il s'est avéré que la plupart
du temps, les impressions de ces gens étaient justes. André Cyr a tenté
cette même expérience, mais avec des voyants néophytes en ornithologie, et
les résultats étaient comparables. Par cet exemple, le chercheur démontre
l'importance de faire des expériences originales qui sortent des cadres
habituels. «Tout au long de l'histoire, les paradigmes de la science ont
changé, explique-t-il. C'est en s'y prenant différemment, en sortant de la
masse, qu'on peut espérer trouver de nouvelles pistes et faire des
découvertes étonnantes.»
L'ornithologue continue d'ailleurs d'accumuler de l'information et du
matériel photographique et visuel qui feront peut-être l'objet de
conférences ou d'un nouveau volume sur les oiseaux dans l'avenir.
Le professeur André Cyr participe en ce moment au tournage de la 7e saison
de 1-888-Oiseaux qui sera diffusée l'an prochain sur les ondes de
Radio-Canada. On peut voir les émissions de la présente saison en
rediffusion au canal RDI, et ce, jusqu'au 29 juillet.
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