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Le parcours singulier de l'abbé Jean Desclos
MARYSE LABBÉ
Homme de toutes les causes, Jean Desclos est partout. Troquant
son complet-veston-cravate, le vice-recteur à la communauté universitaire
revêt sa soutane depuis quatre décennies pour guider nos âmes et nos
réflexions tout en aidant des gens dans le besoin. Le 29 mai, Jean Desclos
croyait commémorer en toute simplicité ses 40 années de sacerdoce à l'église
Saint-Charles-Garnier où, comme remplaçant, il célèbre encore la messe à
l'occasion. À sa grande surprise, une salle bondée l'attendait. Paroissiens,
membres de sa famille, amis et collègues étaient réunis pour souligner
l'événement.
Si l'engagement spirituel de Jean Desclos est bien connu de
plusieurs, d'autres s'étonnent qu'en 2006 un «curé» soit responsable des
relations avec les associations étudiantes. C'est le cas de quelques
étudiants, raconte Jean Desclos : «Dernièrement, Jean Philippe Vachon, un
étudiant en génie, m'a demandé si j'allais être présent à Québec lors de la
cérémonie du 4 juin où il recevrait le Prix du Lieutenant-gouverneur. Je lui
ai expliqué que je ne le pourrais malheureusement pas puisque je m'étais
engagé à célébrer un baptême ce jour-là. Sur le coup, il n'a pas compris que
j'allais présider le baptême, car pendant toutes les années où nous nous
sommes côtoyés, il n'a jamais réalisé que j'étais prêtre.»
Pas un saint, mais un esprit sain…
Enfant, Jean Desclos aspirait à devenir un saint. Adolescent,
il souhaitait devenir un spécialiste des Saintes Écritures. Finalement,
selon ses propres termes, il deviendra plutôt «un maniaque du souci de la
personne», de même qu'un «Matthias-bouche-trou-dépanneur». On peut
comprendre facilement la première appellation puisqu'il est du genre à
mettre en attente les dossiers et non pas les gens qui se pointent à
l'improviste dans son bureau. La deuxième appellation, qui froisse un peu
l'oreille, s'explique par le fait que Matthias est celui qui a comblé la
place vacante de l'apôtre déserteur. Au cours de sa carrière, Jean Desclos a
en effet souvent agi comme remplaçant. Aujourd'hui, pour rendre service, ce
Matthias préside encore volontiers des mariages, des funérailles et des
baptêmes.
Repêché pour prêcher
Issu d'une famille riche de 14 enfants mais démunie de
ressources financières et matérielles, cet Alexismontois a très vite saisi
l'importance de l'entraide. Après des études au Séminaire
Saint-Charles-Borromée et à l'Université de Sherbrooke, Jean Desclos est
ordonné prêtre en 1966. Il enseigne la philosophie au Séminaire de Québec,
puis revient en Estrie à la base de plein air Jouvence comme animateur de
pastorale auprès des jeunes. Dans le souci de sauver cet organisme en grande
difficulté – et dont personne ne veut les commandes – il prend le beau
risque de la direction pendant quelques années. De 1974 à 1977, «pour se
ressourcer», il signe des éditoriaux dans La Tribune, dont une
audacieuse série pour l'époque sur la concentration des médias et la liberté
de presse. Pour revenir à ses vraies sources, il œuvre comme vicaire à
Sherbrooke, puis à Magog.
De chargé de cours à «aumônier du sport»
Après avoir poursuivi ses études à l'Université du Latran, en
Italie, «parce que j'ai manqué un avion et que je suis resté coincé à Rome
lors d'un pèlerinage», explique-t-il en riant, Jean Desclos obtient une
licence et un doctorat en théologie morale. Sa carrière à l'Université de
Sherbrooke débute en 1988. À la Faculté de théologie, d'éthique et de
philosophie, il est successivement chargé de cours, secrétaire de faculté,
professeur en éthique théologique et en bioéthique, vice-doyen et doyen.
Depuis 2001, il agit comme vice-recteur à la communauté universitaire où,
compte tenu de ses responsabilités, on le surnomme «l'aumônier du sport».
En quoi son «versant pastoral» vient-il influencer ses façons
de faire? «Mon rapport aux gens est très certainement différent,
explique-t-il. Aussi, j'attache une très grande importance à la
compréhension et au sens des choses. En négociation avec les syndicats par
exemple, je pense qu'il est essentiel de se situer en relation avec ses
semblables pour mieux comprendre les réalités autour de nous et, ainsi,
respecter l'ensemble d'un contexte.»
Le père Desclos papi?
Mais pourquoi donc le père Desclos conduit-il une
minifourgonnette avec un siège d'enfant? «C'est parce que j'ai une grosse
famille et des responsabilités familiales», soutient-il tout bonnement. Des
éclaircissements s'imposent : en 2002, par l'entremise de sa sœur
missionnaire à Madagascar, le vice-recteur a pris sous son aile deux
premiers Malgaches venus étudier ici pour créer dans leur pays un
département de psychologie. Au bout de deux ans, comme les conditions
financières liées aux études de 3e cycle ne leur permettaient
plus de rester, il leur a offert de s'établir chez lui. «Depuis ce temps,
raconte-t-il fièrement, ma maison s'est transformée en auberge malgache,
surtout avec la venue de trois autres Malgaches, dont la petite Anjara, âgée
de quatre ans. Je suis donc devenu papi.»
En quête de contributions
Est-ce que Jean Desclos a des temps libres? Difficile à
imaginer puisqu'il est engagé activement dans de nombreux projets et
organismes, qu'il suffise de penser à Évangélisation 2000, au Service
d'entraide et de soutien pour le clergé du diocèse, à la Corporation des
amis de la Belle Chapelle de la rue Murray et à l'émission À cœur ouvert.
À titre de coprésident de la campagne 2006 de Centraide
Estrie, gageons un 20 $ chacun que notre vice-recteur à la communauté
universitaire saura passer la quête efficacement et nous convaincre de poser
le bon geste pour venir en aide à une soixantaine d'organismes.
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