Les numéros
de Liaison

6 juillet 2006 (no 20)
15 juin 2006 (no 19)
25 mai 2006 (no 18)
4 mai 2006 (no 17)
13 avril 2006 (no 16)
23 mars 2006 (no 15)
9 mars 2006 (no 14)
23 février 2006 (no 13)
9 février 2006 (no 12)
26 janvier 2006 (no 11)
12 janvier 2006 (no 10)
8 décembre 2005 (no 9)
24 novembre 2005 (no 8)
10 novembre 2005 (no 7)
27 octobre 2005 (no 6)
13 octobre 2005 (no 5)
29 septembre 2005 (no 4)
15 septembre 2005 (no 3)
1erseptembre 2005 (no 2)
18 août 2005 (no 1)

1993-1994 à 2004-2005

Les photos de l'année

Les photos 2004-2005

Calendrier des parutions 2006-2007

L'équipe des publications Liaison

Liaison-région
Liaison-recherche
Liaison-Longueuil
Liaison-médecine
Liaison-médias
Information sur Liaison
Pour nous joindre


 

 


 

Liaison, 15 juin 2006

 

 
L'immunologiste Viktor Steimle a su capter l'attention des gens qui assistaient à sa conférence.

L'immunologiste Viktor Steimle a su capter l'attention des gens qui assistaient à sa conférence.

Photo : Roger Lafontaine

 


Quand la grippe ne sera plus aviaire

GABRIELLE GRANGER

À l'heure où les médias sonnent l'alarme par rapport à la menace de la grippe aviaire, le public peut se demander si les risques sont réels pour la santé publique. Pour répondre à ces questions, l'immunologiste Viktor Steimle, professeur au Département de biologie, a présenté le 30 mai une conférence intitulée Grippe aviaire, qui a peur de la pandémie? C'est avec humour et rigueur que le chercheur a traité de cette grippe causée par le virus H5N1 et de la peur qu'elle génère.

Un air de famille avec la grippe espagnole

Pour situer la grippe aviaire par rapport aux épidémies du passé, Viktor Steimle a entraîné le public dans un captivant historique, de la peste noire au XIVe siècle à la grippe espagnole de 1918. L'immunologiste a d'ailleurs fait le rapprochement entre la grippe aviaire et ce virus qui a causé la mort d'environ 30 millions de personnes au début du XXe siècle. Ces grippes, toutes deux extrêmement virulentes, partagent une souche virale semblable.

C'est d'ailleurs ce qui crée des inquiétudes chez certains scientifiques. Les virus de genre influenza, dont fait partie celui de la grippe aviaire, ont la capacité de se muter facilement et rapidement : «Les différents virus de l'influenza peuvent partager des informations génétiques pour faciliter leur mutation. Aussi, lors de leur multiplication, le taux d'erreur est élevé lors de la synthèse de leur ARN, explique le professeur Steimle. En d'autres mots, lorsque le virus se réplique, des petites variations génétiques se produisent et peu à peu, le virus change.» Voilà deux stratégies que l'influenza utilise pour échapper au système immunitaire. D'ailleurs, c'est pourquoi chaque année nous pouvons être infectés par la grippe saisonnière. «Tous les ans, le virus nous revient avec un nouveau déguisement et notre système immunitaire doit produire des anticorps pour cette nouvelle variété de grippe.»

À quelques acides aminés près

Soulignons que la transmission du H5N1 d'humain à humain n'est pas efficace pour l'instant. Mais il ne suffirait que de quelques changements pour que ce virus s'adapte véritablement à l'homme et que la transmission soit possible. L'immunologiste précise : «Mécaniquement, nous sommes à quelques acides aminés près. Comme le virus a une facilité à se transformer, la mutation critique est probable et facile.»

Viktor Steimle a aussi profité de sa conférence pour démystifier les vaccins et les antiviraux. Il a d'ailleurs mis le public en garde contre les arnaques sur le Web : «Attention au faux Tamiflu vendu sur Internet. Ne vous laissez pas avoir par ces sites qui vous offrent d'en acheter. Au mieux, c'est de la vitamine C qui se trouvera dans le flacon.»

Du côté des vaccins, comme on ne sait pas comment le virus se mutera, les scientifiques ne peuvent en produire un qui serait efficace lors d'une possible pandémie. Il leur faut un exemplaire du virus adapté à l'homme pour créer un vaccin sûr. Au chapitre de cette production, le Canada a une position avantageuse grâce à son industrie pharmaceutique développée. En effet, si la pandémie touche notre pays, les entreprises pharmaceutiques pourront produire localement et en quantité suffisante des vaccins pour la population canadienne.

L'importance de se préparer

L'immunologiste a aussi exposé les grandes lignes du Plan québécois de lutte à une pandémie d'influenza. Les prévisions réalistes mais prudentes du ministère de la Santé et des Services sociaux avancent que la première vague de la pandémie pourrait toucher environ 2,6 millions de Québécois et que 8500 d'entre eux risqueraient d'en mourir. En somme, les décès seraient trois fois plus élevés que ceux causés par l'influenza ordinaire. Les chiffres avancés peuvent paraître importants, mais Viktor Steimle tient à les relativiser : «Lorsqu'on se penche sur les 13 500 décès causés par le tabac chaque année au Québec, ces prévisions peuvent paraître moins alarmantes.»

Le professeur Steimle estime que ce plan préparé par le gouvernement québécois est satisfaisant pour un plan A. «Mais ce n'est pas dit que la pandémie empruntera cette voie, ajoute-t-il. Il faudrait qu'un plan B et un plan C soient élaborés afin d'être prêts si le virus frappe avec plus d'intensité.»

Pour l'heure, les scientifiques ne peuvent prédire quand, où et combien de personnes frappera la pandémie. Toutefois, le public est invité à s'y préparer. Viktor Steimle compare la pandémie de grippe aviaire à tout autre sinistre. C'est en prenant des précautions qu'on limite les dommages. Le chercheur suggère donc de garder chez soi le nécessaire : «Il serait préférable de s'abstenir de sortir et d'éviter les contacts pour prévenir les infections.» Par exemple, nous pouvons faire quelques provisions à la maison des médicaments d'ordonnance pour éviter de sortir les chercher à la pharmacie. «Ce n'est peut-être pas le moment encore de se préparer, mais ce n'est plus le moment quand c'est la panique», conclut le professeur.

Retour à la une

 

 

LIAISON est une
publication de
l'Université
de Sherbrooke

 

Éditeur :
Charles Vincent

Local F1-113,
Pavillon J.-S.-Bourque

(819) 821-7388

Liaison@USherbrooke.ca