Le sport pour mieux vivre avec la maladie
Le Groupe de recherche en intervention en éducation physique et
sportive adaptative de la Faculté d'éducation physique et sportive développe
des méthodes pour permettre aux personnes avec limitations motrices de faire
du sport. Les résultats sont spectaculaires selon l'un des fondateurs du
groupe, Jacques Vanden-Abeele, qui consacre sa retraite… à la recherche et à
l'intervention.
STÉPHANIE RAYMOND
Il y a 10 ans que Jacques Vanden-Abeele, professeur à la Faculté
d'éducation physique et sportive pendant 35 ans, a pris sa retraite
«officiellement». Pourtant, on le voit encore sillonner les corridors de
l'Université et du Centre sportif. Ce chercheur dans l'âme continue plus que
jamais à contribuer à la révolution du domaine de l'intervention en
éducation physique et sportive auprès de personnes avec des limitations
motrices. «Ce qui m'intéresse, ce n'est pas la jambe amputée de la personne;
c'est ce qu'elle peut faire avec tout son corps, explique-t-il. Notre but
premier est son développement et son identité corporelle, sa joie de vivre
même, et c'est pour cela que nous obtenons des résultats inégalés.»
La retraite plage et tequila, très peu pour cet homme qui compte plus de
200 publications, parle cinq langues et a donné des cours dans quatre
facultés de l'UdeS. «La retraite me donne le temps de m'investir dans le
Groupe de recherche en intervention en éducation physique et sportive
adaptative de la Faculté d'éducation physique et sportive (GRIEPSA),
explique le professeur d'origine belge. Et je n'ai pas envie de m'arrêter
alors que le groupe est au sommet du monde en matière d'éducation physique
et sportive adaptative!» Ce travail, il le fait sur une base entièrement
volontaire, nourri seulement par sa passion du savoir et de mettre ce savoir
au service de la communauté.
Des découvertes révolutionnaires
Le GRIEPSA a été mis sur pied en 2002, mais il y a 45 ans que Jacques
Vanden-Abeele étudie la motricité de personnes avec limitations. En 1970, il
fonde le laboratoire de motricité humaine. «Le premier projet-pilote a
commencé avec des enfants présentant des pathologies non dégénératives
en 1981, explique-t-il. Nos homologues de la Faculté de médecine ont été
très impressionnés par nos résultats, et nous avons continué avec des
adultes.»
L'épouse du professeur ayant reçu un diagnostic de sclérose en plaques,
celui-ci décide en 1992 d'étudier la motricité des personnes avec cette
maladie. Il implante ensuite des programmes d'entraînement qui permettent
d'améliorer leurs aptitudes. Les effets s'avèrent révolutionnaires : «Nous
avons été les premiers au monde à inverser la courbe des performances
motrices des personnes avec sclérose en plaques, cette maladie étant
généralement associée à une détérioration irrémédiable de la motricité»,
affirme Jacques Vanden-Abeele. Suite à ces résultats, des programmes
similaires ont été mis sur pied à travers le Québec. De plus, de nombreux
spécialistes et étudiants de pays européens viennent à l'UdeS pour prendre
connaissance de l'approche sherbrookoise, tels que Jens Olesen,
physiothérapeute au Centre national de la sclérose en plaques du Danemark à
Ry, en visite du 5 au 10 juin.
Une approche originale
Mais quelle est donc le secret? «Au lieu de faire répéter au client des
mouvements abstraits qu'il abandonnera au bout de deux semaines, nous lui
proposons des actions motrices empruntées au sport ou à la danse, ce qui
améliore le taux de persévérance et l'efficacité, explique le chercheur. Le
mot adaptative réfère au fait que nos activités suscitent des
«adaptations» fonctionnelles chez la personne, adaptations qui résultent en
une amélioration des compétences motrices, physiques, psychologiques et
sociales.»
Autre approche gagnante : «Nous ne prenons pas en charge les personnes;
nous leur donnons les outils nécessaires pour qu'elles se prennent
elles-mêmes en charge, poursuit-il. Nous traitons nos participants comme des
personnes présentant des limitations motrices, non comme des malades, même
si nous n'ignorons pas la maladie. Un de nos clients m'a dit un jour : «En
physiothérapie, je me sens malade. Avec vous, je me sens athlète.» Cela a un
effet psychologique très positif. Nous avons donc amené l'idéologie sportive
dans le monde de la santé. Et c'est cela la révolution.
«De plus, les programmes impliquent l'intégration sociale des personnes,
puisque les activités se déroulent le plus souvent dans les mêmes endroits
que monsieur et madame tout le monde. Cela rejoint les objectifs de
l'Organisation mondiale de la santé, qui sont l'autonomie et la
participation sociale de la personne.»
Ainsi, le GRIEPSA a progressivement ajouté d'autres programmes tels que
l'entraînement de base et en circuit, une école de marche, une école du
fauteuil roulant ainsi que des ateliers de danse et de sport. Le GRIEPSA
comprend également trois autres volets : les programmes d'entraînement pour
les athlètes en fauteuil roulant, le programme d'éducation physique pour de
jeunes adultes avec déficience intellectuelle sévère ou profonde, et un
quatrième programme pour les personnes âgées qui sera éventuellement mis sur
pied.
Les membres du GRIEPSA célébreront en septembre leur 25e
anniversaire de services à la collectivité. Pour plus de renseignements sur
le groupe et les services qu'il offre, communiquez avec Carole Cloutier à
Carole.Cloutier@USherbrooke.ca
ou au 819 821-7722.
Jacques Vanden-Abeele
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