|
Laurent Tessier jette un regard sur les récentes élections en Haïti
Un retraité missionnaire dans l'âme
Gabrielle Granger
Le 14 mai avait lieu la cérémonie d'investiture de René Préval, le
nouveau président d'Haïti. L'événement a rassemblé près de 300 dignitaires
de partout dans le monde et il laisse entrevoir un nouvel espoir pour ce
pays affaibli et divisé. Toutefois, certains ne croient pas que le
changement de garde améliorera la situation de la population. C'est le cas
de Laurent Tessier, retraité de l'UdeS et grand voyageur, qui considère que
seule l'aide concrète peut aider les Haïtiens.
Aide concrète nécessaire
Laurent Tessier, ancien employé du Centre sportif, parle en connaissance
de cause. Depuis 1984, il s'est rendu une quinzaine de fois en Haïti, le
pays le plus pauvre des Amériques. Pendant ses voyages humanitaires, il a
été bouleversé par les différents visages de la misère des Haïtiens : faim,
violence, pauvreté et manque de scolarité. La réalité dans ce pays est très
dure, mais l'homme ressent une grande valorisation quand il apporte un peu
d'aide et de réconfort aux démunis.
Bien que ses yeux pétillent quand il parle de la force et de la
résilience des Haïtiens, Laurent Tessier manifeste un certain pessimisme
quant à l'avenir de leur pays : «Haïti, c'est le pays le plus aidé au monde,
mais l'armée, les dirigeants et les chimères -les bandes armées au service
du parti de l'ex-président- volent tout. L'argent ne se rend pas où il
devrait aller et la misère continue, affirme-t-il. Les dernières élections
ne changeront rien à la situation de la population locale. Selon moi, ce
n'est que l'aide concrète qui peut soulager les habitants.» C'est pourquoi
il souhaite continuer de soutenir régulièrement les Haïtiens dans le besoin
en faisant des travaux dans leurs villages.
Le dévouement comme projet de retraite
Ainsi, il mise sur la dimension humanitaire dans ses voyages. En plus de
prêter main-forte au peuple haïtien, Laurent Tessier a œuvré dans d'autres
pays où la pauvreté fait des ravages comme au Nicaragua, en Afrique du Sud
ou au Pérou. Lors de ses séjours à l'étranger, il s'implique auprès des
démunis en leur apportant du matériel et des vêtements. «Je fais aussi des
travaux manuels dans les hôpitaux et les écoles, j'aide à construire des
maisons et j'accompagne des médecins dans leurs visites», explique-t-il. Le
retraité prépare consciencieusement chacun de ses voyages. Pour cibler ses
actions humanitaires en Haïti, il collabore avec les communautés religieuses
qui sont déjà très engagées auprès des nécessiteux.
Pour Laurent Tessier, aider se résume à plus que donner du matériel et du
temps. Il a même déjà donné de son sang à un jeune Haïtien qui devait se
faire amputer le bras à la suite d'un accident. Plus tard, quand le voyageur
est retourné visiter la famille du petit garçon, ce dernier lui a exprimé sa
gratitude : «Il m'a aussi dit qu'il était heureux de n'avoir perdu que son
bras et non une jambe, car il pouvait continuer de jouer au foot.» Cela a
profondément touché le retraité du Centre sportif de voir ce petit garçon
aussi fort, aussi résilient.
Une histoire d'amour avec Haïti
Bien que le voyageur ait visité de nombreuses contrées, il entretient une
affection toute particulière pour Haïti. C'est d'ailleurs à l'UdeS qu'il a
été en contact pour la première fois avec ce pays. «Il y a 25 ans, lorsque
je travaillais au Centre sportif, deux Haïtiens m'ont invité à visiter leur
pays. Peu de temps après, j'y suis allé pour une première fois»,
raconte-t-il. À partir de ce moment, il a développé un attachement profond
pour cette nation. En plus d'y avoir fait une quinzaine de voyages, il a
adopté, avec son épouse, deux enfants haïtiens.
Poursuivre son œuvre
Laurent Tessier compte retourner bientôt en Haïti pour
poursuivre son œuvre. Pour le voyageur, les rencontres qu'il y fait
représentent ce qu'il y a de plus précieux. Elles constituent une école
formidable où il a appris la langue et les coutumes d'un peuple. À 64 ans,
le retraité n'est donc pas près de s'arrêter. Le sourire aux lèvres, il
déclare : «C'est très valorisant d'aider et de savoir que mes actions
changent quelque chose dans la vie des Haïtiens. Haïti a aussi une valeur
sentimentale pour moi, parce que c'est le pays de mes enfants.»
Retour à la une |