Collège Frontière : se dévouer pour l'alphabétisation
MARIE CLAUDE DUSSAULT
Quitter sa famille, ses amis et sa ville pour aller étudier à l'étranger
peut être une expérience éprouvante. Lorsque, en plus, la langue de notre
pays d'adoption nous est peu familière, la barrière linguistique peut
s'avérer difficile à surmonter. À l'UdeS, les étudiants étrangers ont la
chance de compter sur divers outils leur permettant de passer cette
barrière. Parmi ces outils, on retrouve le Collège Frontière.
Fondé en 1899, le Collège Frontière est un organisme pancanadien
d'alphabétisation à but non lucratif regroupant plus de 3000 bénévoles à
travers le pays. Ces bénévoles donnent de leur temps par le biais de trois
principaux services : le tutorat aux adultes, l'aide aux devoirs auprès des
adolescents et les cercles de lecture avec des élèves du primaire.
Un long cheminement…
Gaston et Mohammed, originaires d'Argentine et d'Égypte respectivement,
étudient à l'UdeS depuis à peine deux ans, le premier au baccalauréat en
études politiques appliquées et le second à la maîtrise en génie. Leur
arrivée en sol francophone ne s'est pas faite sans heurt.
Atterri à Sherbrooke avec une connaissance limitée du français, Gaston a
vite déchanté en recevant ses premiers travaux universitaires. En effet, en
vertu d'un règlement qui prévaut au Département d'histoire et de sciences
politiques, les étudiantes et étudiants peuvent perdre jusqu'à 15 % dans
tous leurs travaux en raison de fautes de français. Dur à avaler lorsqu'on
n'a que trois mois de cours de français derrière la cravate!
Mohammed a fréquenté l'école française lorsqu'il était petit, mais il
n'avait pas prononcé un seul mot de français dans les huit années qui ont
précédé son immigration. Du fait, il est arrivé au Québec en comprenant très
bien le français, mais en éprouvant beaucoup de difficulté à s'exprimer
oralement dans cette langue.
C'est en cherchant des outils concrets qui leur permettraient d'améliorer
leur langue écrite et parlée que Gaston et Mohammed ont découvert
l'existence du Collège Frontière. L'organisme a mis les deux étudiants en
contact avec des bénévoles, qui les suivent encore aujourd'hui dans leur
cheminement. Gaston rencontre l'étudiante bénévole avec laquelle il a été
jumelé sur une base ponctuelle, lorsqu'il a des travaux à remettre. La jeune
femme regarde attentivement tous ses travaux et en corrige la grammaire et
le vocabulaire. Elle continuera d'ailleurs de s'y pencher jusqu'à la fin des
études de Gaston, qui devra présenter une thèse de 60 pages pour obtenir son
baccalauréat. «C'est un long cheminement que de bien apprendre une langue!»
s'est exclamé l'étudiant à plus d'une reprise au cours de l'entretien.
Mohammed, quant à lui, voit sa tutrice une fois par semaine. Ensemble,
ils exercent diverses activités axées sur l'expression orale : discussions,
mots croisés, sorties au cinéma… «Nous sommes allés voir Maurice Richard
ensemble. Ma tutrice m'a vraiment aidé à mieux savourer la culture
québécoise!» lance l'étudiant.
Donner de son temps
Les bénévoles du Collège Frontière, qui sont au nombre de 40 cette
session, sont majoritairement des étudiantes et étudiants de l'UdeS. Ils
partagent deux qualités : un sens de l'écoute aiguisé et un désir d'aider
les autres. Sandra St-Onge, étudiante en adaptation scolaire et sociale et
coordonnatrice de l'organisme, les décrit comme étant l'essence même du
Collège Frontière : «Pour nous, il est important de s'adapter à eux et au
temps qu'ils ont à donner.» Les gens qui s'impliquent au sein de l'organisme
donnent environ deux heures de leur temps chaque semaine, et ce, pour une
durée moyenne de deux sessions. «La moitié des bénévoles qui étaient
présents à l'automne ont poursuivi l'expérience cette session-ci», précise
la coordonnatrice.
Les personnes qui sont intéressées à devenir bénévoles au sein
du Collège Frontière pour animer des tentes de lecture au cours de la saison
estivale (dès le mois de juin) ou pour offrir du tutorat aux adultes ou de
l'aide aux devoirs pour la session d'automne peuvent donner leur nom aux
responsables par courriel à sandra.st-onge@USherbrooke.ca ou par téléphone
au 821-8000 poste 3673. Les gens qui souhaiteraient devenir apprenants sont
aussi les bienvenus!
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